Chez
Julot, pas de Mounier, mais nous avons la surprise de découvrir une
Claire radieuse entourée de Lucien et Paulo, non moins radieux.
- Elle
est belle « ta Claire » me souffle Michel, l'effet de
l'amour, n'en doutons pas.
Ignorant
sa moquerie je me dirige vers le petit groupe. Aussitôt les deux
garçons nous entreprennent de leurs recherches :
- On
a retrouvé des traces du passage en ville de Jonas, mais personne
ne se souvient de Pierre.
- Vous
avez interrogé des commerçants ?
Immédiatement
Lucien se rengorge :
- Évidemment,
tu nous prends pour qui ?
- Pour
deux tocards qui ne vont pas tarder à prendre ma main sur la
gueule.
Parti
comme cela, on ne va pas aller loin, aussi j'interviens sans retard
pour calmer tout ce beau monde. Et comment mieux calmer ces fous
furieux, sinon qu'avec une tournée générale ? Claire rit de bon
cœur et je suis ravi de la trouver en de si bonnes dispositions. Il
n'y a pas que le sexe dans la vie, nous allons devoir avoir une bonne
discussion tous les deux. Mais, pour l'instant, nos deux
« redoutables limiers » racontent leurs investigations
dans Nyons et ses environs. Lorsqu'ils nous répètent que personne
ne se souvient de Pierre, Claire intervient :
- C'est
tout à fait normal, mon frère n'avait pas à traîner à droite à
gauche, il savait où il allait.
- Ce
qu'il ignorait, c'est qu'il allait directement à la mort.
- Grâce
à Rigaux.
Cette
petite remarque de Michel fait tressaillir imperceptiblement Claire.
J'aurais aimé être en tête à tête avec elle, pourtant je décide
de profiter de l'instant :
Elle
semble surprise, alors j'insiste :
- C'est
Rigaux qui a envoyé Pierre vers Guerin, tout en prenant bien soin
d'avertir ce dernier. Un crime parfait en somme.
Claire
s'est décomposée et je suis persuadé, à l'instant, qu'elle
n'était au courant de rien. De rien de ces crimes en tout cas. Je la
serre dans mes bras pour apaiser ses sanglots. L'instant est si
dramatique que même Michel se dispense de réflexion. Je passe ma
main dans les cheveux de la jeune femme qui se calme doucement.
- Il
faudra tout nous raconter, Claire, c'est important. Pour l'enquête
et pour toi. Je réalise que je passe allègrement du tutoiement au
vouvoiement.
Elle
renifle plusieurs fois de manière peu élégante jusqu'à ce que
Julot lui tende un mouchoir de tissu blanc. Malgré sa grande
détresse, Claire prend le temps d'examiner avec soin l'état du
mouchoir. Précaution plus que prudente, mais qui déplaît à mon
pote. Pour un gars venant de la Mulatière, l'affront est de taille.
Michel, lui aussi de la Mule qui a remarqué le petit manège de
Claire et la tête de Julot, essaye de mettre du baume au corps de
l'offensé :
- N'y
fait pas attention mon gars. C'est une bourge maintenant, elle nous
a trahit.
Parfois,
Michel a tendance à en faire trop. Claire, surprise de l'attaque,
nous regarde sans comprendre. Bien décidé à surmonter tous ces
concours d'ego, je décide d’entraîner Claire dans un lieu plus
approprié à des confidences. Un petit resto sympa fera l'affaire.
Là, pour le coup, je ne puis éviter lazzis et quolibets. Mais je
m'en moque bien, tout à mon idée.
- Il
sont bizarres tes amis !
Ce
sera le seul commentaire de Claire, sur le chemin du restaurant, au
sujet de ce qu'il vient de se passer. Elle aura demain beaucoup de
démarches désagréables à accomplir, aussi ne traînons nous pas à
table. J'ai faim d'elle et elle ricane devant mon empressement :
- Tu
n'es pas sensé être amoureux ?
- Que
veux-tu dire ?
- Allez,
ne fais pas ta chochotte, tout le monde est au courant de tes
déboires sentimentaux.
« Tout
le monde », ben merde ! Je vacille face à cette cruelle
réalité, pourtant j'aurai dû me douter de cette situation après
toutes mes jérémiades. Mais Gianni est mort et j'ai, pour
l'instant, Claire dans mon lit. Douce revanche.
Lorsque
Claire s'endort à mes cotés, j'éteins les lumières et tente de
faire se lier, sous mon crane, tous les tenants et les aboutissants
de cette affaire. Claire m'a, entre le restaurant et l'oreiller,
confié quelques éléments importants.
- Tu
sais, je crois que mon père était une crapule.
Je
me garde bien de lui révéler tout ce que je sais de lui et tout ce
que les témoins nous ont relaté concernant son père. Elle se
reprend :
- Un
minable et une crapule.
- C'est
Rigaux qui t'a raconté cela ?
Elle
a un petit sourire triste. « Je t'ai déjà expliqué comment
les vies de ces garçons de 20ans ont été entremêlées à jamais
sur le sol Algérien.
- Oui,
je sais tout cela, les petites combines avec Ali, Malboso et Guerin
entre autres.
- Elles
n'étaient pas petites ces affaires. Détrompe-toi. Dés le début,
ils ont brassé des sommes considérables. C'est des domaines
entiers qu'ils négociaient morceau par morceaux. Guérin était le
visionnaire. Il avait toujours un coup d'avance. C'est d'ailleurs
pour cela qu'il a tué Olier et qu'il est mort riche, dans son lit.
- Oui,
mais aujourd'hui ? Qu'est-ce qui a bien pu affoler Rigaux ?
- Vous
!
Comme
je la regarde sans comprendre elle m'explique, ce que Michel avait
déjà pressentit :
- Rigaux
a toujours été très sur de lui. C'est un homme qui, toute sa vie
a sût louvoyer pour gagner de l'argent et survivre dans des milieux
pour le moins troubles. Je n'entends rien à ses affaires, mais
grâce à moi, il suivait les avancées de votre enquêtes. Sais-tu
que le jour où vous êtes passé en coup de vent à la maison pour
me mettre au courant de vos découvertes, il était là ? Il a
tout entendu et il a vite compris qu'en allant fouiller à Nyons,
vous alliez soulever de sales affaires.
- Et
?
Oh,
je ne m'occupais pas de tout cela, pourtant, un soir j'ai surpris
une conversation entre Jonas et lui. Il était question d'un
entrepôt et une phrase m'a frappé : "Il faut qu'ils soient
mouillé jusqu'au cou."
10 commentaires:
D’où l’avantage des confidences sur l’oreiller, ça fait avancer le schmilblick.
Peut-être qu’à la fin on y verra plus clair, car tes personnages sont comme des boules de billard, ils font les trois bandes et c’est difficile à suivre, à suivre donc !
plus clair, plus clair... c'est toi qui l'dis !!! :o)
Je dirais même plus : c'est toi qui l'dis !
PS : sur la belle image, c'est toujours l'Ile Barbe ?
Toujours l'Ile Barbe et toujours le même trio de lecteurs. Bon, les Havrais,pour vous remercier de votre fidélité je vais vous envoyer Aline !!!
T'en penses quoi Phyll de sa proposition ?
Phyll fait sa sieste (jusqu'à 20h puisqu'il se couche à 21h !) Dan, tu vas être seul pour recevoir Aline. Pauvre de toi !
t'as tout faux mon bon Louis... je me couche vers 3 ou 4 h...... me lève vers 11 ou 12 h... et ne fais pas de sieste !!!
c'est toute une organisation !!! :o) quant à Aline, elle risque fort d'être déçue !!......
Merde, un glandeur qui ne glande pas !!!
Quand à Aline, elle est passée à Lyon la semaine dernière pour un petit festival de cinéma (elle a dormi!!!) Mais pour le festival de pot de mâcon qui a suivi elle ne dormait plus. J'ai encore mal à la tête. Alors priez pour qu'elle reste à Paris.
...si elle vient au Havre on est deux pour se défendre, qu'est-ce que tu crois...
Méfiez vous quand même !!!
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