46.
Christelle m’appelle.
Mais, dés mon entrée
au New york, les deux humoristes se jettent sur moi :
- Vas-y, prend la permanence, on a un petit truc à vérifier.
Là, pour le coup, je
commence à me poser des questions : devrais-je changer d'eau de
toilette ? Prépare-t-on mon anniversaire en cachette ?
Suis-je dans une caméra cachée ? J'interroge Cécile qui reste
évasive :
- Tes potes sont plutôt étranges, tu le savais ?
Je hausse les épaules
avant d'aller m’asseoir au fond du bar avec mon verre afin de
réfléchir à cette affaire. Comment, nous, pauvre Lyonnais, nous
sommes nous retrouvés sur les traces d'un criminel de guerre en
enquêtant sur un trafic de légumes bios frelatés ? C'est
inquiétant quand même. Et plus encore pour tous ceux qui ont
consommé ces fameux légumes, ce dont je me garde bien, étant un
fervent amateur de pesticides, fongicides, défoliants, et autres
insecticides : J'aime ce qui a du goût ! Pour revenir à
ce Phyll, il faut bien admettre qu'il est plutôt sympathique, ce qui
ne manque pas d'être troublant. Pourtant, il faut faire confiance à
Christelle, même depuis que l'on connaît ses talents
d'empoisonneuse. L'être humain est bien déroutant dirait Lucien
s'il pouvait réfléchir. Puis mes pensées vont vers Lyon, ma
blonde, Aliide et tout ce qui me rattache à ma ville. Même le
bouchon du tunnel de Fourvière me manque. On va coffrer Phyll rapido
et on rentre. J'en suis là de mes tristes pensées quand Cécile me
dit que l'on me demande au téléphone. Je la regarde ahuri :
- Au téléphone ?
Elle rit en me désignant
le vieux fixe qui trône sur le comptoir :
- Je pensais que c'était de la déco.
- Ne pense pas, répond.
La voix à l'autre bout
du fil est quasiment inaudible. Dans l'embrouillamini de mots il me
semble comprendre « Christelle »
- Christelle ?
- Oui.
- Putain Christelle où es-tu ? Sur la lune ? Je ne comprends rien, et pourquoi tu n’appelles pas sur mon portable ?
Elle ne répond à aucune
de mes questions et je finis par comprendre qu'elle me demande de la
rejoindre avec les autres à la réserve de chasse de Dan dans la
foret. J'ai encore mille questions à lui poser mais elle a déjà
raccroché sur un péremptoire et angoissant : « vite ».
Nous voilà bien, elle a du trouver quelque chose. Il n'y a pas à
dire, elle est forte la donzelle. Bon, il me faut rameuter les
troupes, mais comme de juste, tout à leurs sérieuses recherches
dans les bars Havrais, ces lascars ont coupé leurs portables.
Comment les trouver ?
- Cécile, tu as une idée ?
Elle me tend l'annuaire
page jaune de la Seine Maritime ouvert à la page des bars
restaurants en souriant. Je n'aime pas son humour, faut bien
l'avouer. Je décide d'agir seul. Et comme Cécile me demande si il y
a une commission à faire, j'hésite avant de répondre :
- Non, qu'ils se démerdent ces tocards.
Je me doute bien que je
vais faire une connerie, pourtant je fonce tête baissée. Ce coté
obscur de mon caractère m'a rendu tristement célèbre dans tous les
bars de la région Rhône Alpes. Ici, au New York, c'est moins
flagrant et chacun me regarde sortir avec indifférence. J'ai gardé
la voiture de Dan, et j'ai bien fait, parce qu’elle n'est pas à
coté cette foret, et tout en sortant de la ville je me demande ce
que je vais bien trouver là bas. Et surtout ce que je vais bien
pouvoir faire. Depuis le temps que Christelle nous dit de nous armer.
Elle doit avoir raison, c'est qu'elle s'y connaît question armes
notre égérie. Et il faut bien dans sa profession : l'épicerie,
c'est Chicago aujourd'hui.
47.
dans la foret
Me
voilà beau, moi le citadin pur sucre, à errer dans une foret
inconnue et forcement hostile, à la recherche d'une hypothétique
cabane et de son occupant, un meurtrier forcement féroce. Et ça ne
loupe pas, il ne me faut pas plus de quelques minutes pour me
retrouver complètement paumé. Faut dire aussi qu'il est tout mal
fichu ce bois ! Dan m'avait parlé un soir de cette cabane où il
venait enfant et qui lui servait à Phyll et à lui de refuge
lorsqu'ils désiraient chasser ou être peinards. Christelle m'en
avait dit plus, soupçonnant déjà cette baraque où l'un de ses
deux amoureux avait dû la conduire : « Y'a un chemin qui
descend. Tu le quittes au bout de 100 mètres pour t'enfoncer à
droite. Tu longes un talus, tu traverses une première clairière
avant de remonter un peu jusqu'à la fameuse cabane. » J'ai
tout bien suivi jusqu'à « Y'a un chemin qui... » et
depuis je tourne en rond dans ce foutu bois, qui ne fait rien non
plus pour m'aider. Des ronces m'ont déjà arraché la moitié du
visage et une racine particulièrement fourbe m'a envoyé valdinguer
sur la seule pierre vivant dans ce bois à la con. Résultat j'ai une
jolie bosse sur le front et je saigne abondamment. Pour parfaire le
tableau, la nuit tombe rapidement et si la cabane n'est pas illuminée
par une enseigne néon clignotante, je ne suis pas prêt de la
trouver. Je marche au hasard depuis un temps qui me semble infini
quand je crois entendre un bruit étrange derrière moi. J'arrête ma
marche triomphale pour tendre l'oreille. Silence. Pourtant, je ne
suis pas fou, j'ai bien entendu des branches craquer dans mon dos.
L'assassin me guette, j'en suis certain. Pourquoi n'ai-je pas attendu
les potes avant de me lancer dans cette expédition à la con. Bon,
je ne vais pas rester là, comme un niais, à attendre qu'un type ne
vienne me découper en rondelles. Non, j'ai trop vu de film d'horreur
à la télé pour savoir qu'il vaut mieux avancer. L'assassin est
toujours un pervers qui attend avant de commettre son forfait.
(Sinon, le film ne durerait que 5 minutes) A peine rassuré par mes
divagations, je reprends ma marche à l'aveuglette quand, maintenant,
j'entends des voix. Là, pour le coup, je me dis que si je réchappe
à cette maudite foret, j'irai consulté illico un spécialiste. Mais
plus j'avance, plus les voix deviennent nettes et je reconnais
soudain le bel organe de Cracoss. Je n'aurais jamais cru ressentir un
tel plaisir à entendre un jour sa grande gueule, à ce bougre ! Du
miel pour mes oreilles. Je crie pour qu'ils me repèrent et quelques
secondes plus tard, je distingue, à travers les branches, des
faisceaux lumineux. Des lampes de poche ! Pourquoi n'y ai-je pas
pensé moi aussi ? Enfin nous débouchons face à face et j'éclate
de rire en découvrant que Julot à remis son kilt et qu'il a les
jambes en sang. Il râle évidement contre ces « putains de
ronces » mais s'arrête en me voyant : « Putain Martin,
qu'est-ce que tu fous là ? Tu es plein de sang. Qu'est-ce que tu as
fais à ta tête ? » Je passe ma main sur ma blessure qui
saigne toujours, et je décide de passer outre toutes ces questions.
- Et vous, qu'est-ce que vous foutez là ?
- Cécile nous a transmis ton message.
Je
sursaute :
- Quel message ?
Michel
regarde les autres, Paulo, Julot, Dan et Cracoss.
- Il paraît que tu as téléphoné pour nous dire de te rejoindre à la cabane de Dan.
- Pas du tout, je suis venu là parce que Christelle nous a demandé de venir. Comme je ne vous ai pas trouvé, j'ai foncé seul.
- C'est beau, c'est grand ! Quel courage ! Pense à changer de slip tout de même.
Je
découvre mon pantalon taché et vais mourir de honte quand la foret
s'illumine soudain, agrémentée de hurlements furieux :
- Mains en l'air...A terre, A terre.
Cracoss
très digne se met à râler :
- Faudrait savoir ce que vous voulez.
Mais
un homme s'avance, je reconnais Mercier qui lui aussi s'étonne de
notre présence. Michel désigne Julot et ses jambes sanguinolentes :
- Notre druide cueille quelques baies en tenue traditionnelle pendant que nous assurons sa sécurité.
Nous
rigolons bêtement quand apparaît Christelle. Elle ne se perd pas en
discours :
- Vous êtes armés ? La cabane est là.
- Allons-y.
Christelle
regarde avec pitié le flic qui veut déjà envoyer ses hommes sur
l'objectif.
- Réfléchissez une seconde bande de primates. Cette masure est un piège. Appelez plutôt les démineurs.
Mercier,
pas vexé, a déjà anticipé cet ordre en donnant rapidement ses
consignes. Il fait déployer ses hommes autour de la maison que je
découvre enfin. Je m'approche de Dan pour lui dire que sa cabane n'a
rien d'une « masure » et que je trouve Christelle bien
injuste, pour le coup. Mon vieux pote à un sourire reconnaissant, et
nous nous rapprochons de Mercier.
2 commentaires:
pfff...... m'en fout, j'connais la fin !!!
amitiés orageuses !!!
Tu connais la fin ? J'espère que cela finit bien !!!
Je repars 15 jours..;
Amitiés caniculaires
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