43. C'est bien lui !

Malgré tous ses efforts, Dan n'arrive pas à mettre la main sur une photo potable de Phyll.

• C'est incroyable, avec tous les clichés en ma possession, pas un qui ne soit exploitable. Regardez ça : Il baisse la tête, il tourne la tête, il baisse son chapeau, il lève sa main, il y a toujours quelque chose qui gène . Et c'est fait très naturellement. Je n'en reviens pas.
• Mercier l'a dit, c'est un pro de la cavale.

Nous voilà encore une fois bien dépités, au bord de la dépression quand Christelle d'une petite voix nous annonce qu'elle doit avoir une bonne photo de Phyll. Nous nous tournons tous vers elle qui gênée avoue :

• Oui, je l'ai pris pendant son sommeil

Immédiatement c'est du délire dans le « gang » des Lyonnais :

• Une vrai midinette notre Christelle, dit Julot moqueur.
• C 'est toujours pas toi, endormit la bave aux lèvres contre un de tes cubi qu'une jeune femme prendra en photo.

Cette remarque de Michel calme nos moqueries et Christelle peux dignement sortir de son sac cette fameuse photo. Phyll est allongé nu et on imagine facilement au sourire béat qui flotte sur son visage, ce qui vient de se passer dans ce lit. Avant que chacun n'y aille de sa connerie, j'arrache la photo pour aller la soumettre immédiatement à l'épicier qui se souvient nettement avoir vu un homme avec Justine le jour de sa mort.

• C'est bien lui, mais il était habillé quand je l'ai vu. L'homme rit bêtement et je sens Michel qui m'a accompagné se tendre instantanément.

Je le ramène vers la plage où nous déambulons parmi d'autres promeneurs. Il fait un temps magnifique et je me dis que cette ville me plaît de plus en plus. Il faut dire que depuis que nous sommes là, Dan et Phyll nous ont baladé dans tous les recoins, nous racontant petit à petit la terrible histoire de cette ville. Même Phyll, pourtant pas originaire du Havre et sombre assassin, était passionné et passionnant. Saleté de vie. Comme s'il lisait dans mes pensées, Michel exprime sa déception :

• C'est moche quand même ce qu'il a fait.
• Tu m'étonnes ! C'est un monstre ce type, n'oublie pas son passé de tortionnaire.
• N’empêche, il est drôlement sympa.

Je m’arrête pour fixer mon pote avec attention :

• C'est vrai ce que dise les flics, t'es un psychopathe.
• Écoute bien les flics et tu iras loin mon bonhomme.

On ne va pas s'engueuler une nouvelle fois alors je lui indique le large :

• Et si on partait ? Enquêter au bout du monde ?

Il hausse les épaules :

• Laisse moi rentrer à la Croix Rousse et oublie moi avec tes tours du monde.

Comme je vais me moquer de lui, il ajoute :

• Et que fais-tu de ta blonde, d'Alïïde et d'autres amoureuses ?

Je reste saisi. Depuis le début de cette pauvre enquête, j'ai totalement effacé de ma mémoire Lyon et tous ceux que j'aime. Michel a raison, il nous faut vite rentrer.

• J'aimerais bien revoir Phyll quand même. J'ai du mal à croire à toutes ces horreurs que l'on raconte sur lui.

Michel a un sourire en coin qui annonce sa vacherie :

• C'est le père de Boris, tu peux croire cela ? Et surtout ton beau-père si tu poursuis avec ta petite Estonienne.
• Mais pas du tout, Alïïde n'est pas sa fille, qu'est-ce que tu me saoules ?
• En parlant d'alcool rentrons, j'ai peur que nos enquêteurs ne se soient mis minables.

Pour une fois Michel se trompait : C'est tout le bar qui s'est mit minable. Pas moins. Que Paulo danse avec Cécile, passe encore. Que Cracoss et Julot aient organisé un défilé dans lequel des Havrais chantent : « Non au stade des Lumières », ou « Aulas, on, t'enc... » rien de plus normal, mais que Dan et Christelle vident les cubis dans le gosier d'un Mercier hilare, ça c'est le pompon. Avec Michel nous sifflons la fin du match et envoyons tout le monde au lit. Mercier essaye de se justifier en balbutiant :

• J'attends des nouvelles de mes hommes.
• Ils dorment vos hommes.

Rideau.