44. Où est Phyll ?

Le lendemain c'est la déprime. Encore dans les vapeurs d'alcool, la majorité des clients du New York ne réalisent pas vraiment ce qui s'est passé hier. Cécile est la plus surprise, elle qui a retrouvé Paulo sur le plancher de sa chambre. (Il y a longtemps qu'il n'est pas tombé d'un tabouret, alors...) Michel nous réunit au fond du bar :

• Bon, les gars, faut montrer à tous ces provinciaux quelle équipe de pros nous sommes.

Même si j'ai quelques doutes sur ses affirmations, j'admire le discours.

• Alors qu'est-ce qu'on fait ?

Et Michel de nous répartir les tâches : Christelle à la librairie pour essayer d'extraire de ces vieux grimoires un détail nous ayant échappé.

• Mais cela parle de l'Estonie, comment veux-tu que cela nous aide à retrouver Phyll ?

Michel semble se troubler mais ce n'est qu'une impression :

• Va savoir. Tout doit-être exploré. Paulo et Dan, faites le tour de tous les lieux qu'affectionnaient Phyll. Qui sait si vous ne pourriez pas lui tomber dessus. Et avant toutes remarques il enchaîne : C'était ton pote, non, Dan ? Martin et moi, on va retourner voir ce vieux Piotr. A mon avis, on l'a un peu trop négligé le loustic ces derniers temps. Allez, au boulot, les flics sont des empotés, on va leur montrer qui nous sommes.
• Et nous, qu'est-ce qu'on fout ?

Michel se tourne vers Julot et Cracoss :

• Vous, vous êtes les meilleurs d'entre nous, alors vous restez ici pour centraliser les infos, et qui sait, Phyll peut revenir ici et à vous la gloriole.

Les deux lascars ne relèvent même plus les sarcasmes et se calent au comptoir pour commencer à expliquer à deux malheureux clients, à quel point la planète se réchauffe. Michel marche vite et me dit que tout à l’enquête, nous avons laissé un peu trop filer « la piste Piotr ».

• Bof, même Mercier à laissé tomber. Piotr a été complètement blanchi et il n'a jamais rien dit.
• Moi, je ne l'ai jamais sentit ce type. Pour moi, il nous a parlé de la mafia pour nous éloigner du véritable coupable. Coupable qu'il connaît bien et qui lui fait peur.
• Tout de même, tu n'as pas l'impression d’exagérer ?
• Allons lui parler, tu vas voir.

Mais, une fois chez Piotr nous tombons sur une porte close.

• Il doit bosser, me dit Michel, pas plus troublé que cela . Nous allons faire demi tour quand un voisin à tête de fouine nous explique que Piotr est parti.
• Il est parti ?
• Oui, il est rentré chez lui en Estonie.
• C'est lui qui vous l'a dit ?
• Non, c'est son ami. Un type plutôt sympa qui m'a dit qu'il allait reprendre l'appartement.

Il nous faut quelques secondes pour bien enregistrer et digérer l'information.

• Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ?

Le voisin nous dévisage sans vergogne :

• Vous êtes des flics ?
• On a des gueules de flics ?

Le type recule vivement devant l'attaque frontale de Michel et j'ai soudain une inspiration géniale (pas moins) avant que mon pote ne casse la tête du pauvre homme : je sors de ma poche la photo de Phyll.

• C'est lui, votre nouveau voisin ?

Le gars n'hésite pas.

• Oui, mais je ne l'ai jamais vu nu.

Michel qui ne goûte pas son humour lui demande de rentrer chez lui.

• Cela pourrait être dangereux. Et à moi : « Passe moi ta carte bleue ou ta carte vitale ».
  Je connais l'oiseau, alors je ne lui confie que ma carte carrefour et j'ai bien raison puisqu'il la bousille en ouvrant la porte. Nous nous glissons chez Piotr où tout est silencieux.
• Appelle Mercier, je crois que l'on vient de découvrir la planque de Sergueï, me dit-il en me désignant quelques effets posés sur une chaise.