Il
fait soleil ce matin et je marche dans les rues du Havre en compagnie
de Dan qui malgré son chagrin, ne peut s’empêcher de me parler de
sa ville. « Quand je pense que Phyll adorait lire tout ce que
j'écrivais sur l'architecture. Et il s'y connaissait le bougre »
Mais sa voix se casse et j'imagine aisément son désarroi. C'est
comme si je découvrais que Michel est un truand. Quoique pour ce qui
est de truander...
- Quand tu l'as connu, il disait être du Havre ?
- Il disait qu'il venait d'Alsace. Ce qui était plutôt malin vu son petit accent.
- Tu savais pour les trafics ?
Dan
n'hésite pas avant de me répondre :
- Nous n'en parlions jamais, mais je m'imaginais bien qu'il gagnait de l'argent d'une façon ou d'une autre. Je t'ai déjà expliqué qu'ici avec le port, ça trafique méchant. Non, celui qui m'a surpris le plus, c'est Piottr. J'aurais parié mon salaire sur son honnêteté. Quand même, on se demande ce que foutent les flics. Un pilote de port, tu te rends compte !
La
visite de la ville se poursuit ainsi agréablement parsemée de
confidences et digressions architecturales mêlés. Tout cela
entrecoupé de pauses cafés sur de jolies terrasses ensoleillées.
On dirait que la ville essaye d’atténuer le chagrin de celui qui
parle si bien d'elle. Quand nous arrivons au New York, il est temps
de manger et nous coupons à l'apéro qui a dû être viril si l'on
en juge au niveau sonore des conversations. Cécile m'a installé
dans mon coin préféré près de la grande baie vitrée et Michel
vient me rejoindre.
- Alors ? Tu as appris d'autres choses ?
Comme
je le regarde étonné, mon pote me désigne Dan du doigt :
- Tu ne vas pas me dire que ton pote n'est pas complice sur ce coup là ?
Je
hausse les épaules :
- Imbécile ! Ce mec, il est effondré, je me demande s'il pourra jamais se remettre de ce coup là.
- Arrête ton char, tu déconnes.
Je
préfère couper court et me tourner vers Christelle qui fait les
yeux doux à Dan pour lui remonter le moral.
- Alors ma belle, tu vas continuer ton travail d'empoisonneuse ?
Elle
me regarde méprisante :
- Personne n'a jamais été malade, jamais une plainte.
- Tu m'étonnes, ils ont tous trop peur de toi. Tu as une telle réputation.
- Tiens, puisque tu me parles de cela, Mercier me propose de coopérer avec eux pour tout ce qui touche au terrorisme.
Je
la regarde interloqué :
- Toi ? Avec les flics ?
- Ben quoi ? Qu'est-ce que tu fous, toi, toujours fourré chez eux.
- C'est mon boulot maintenant, et cela n'a rien à voir. Toi, on te demande de démanteler des réseaux de révolutionnaires en lutte dans leurs pays. Tu ferais ça ?
- J'ai pas dit oui, mais. Et puis... Elle laisse un temps avant de poursuivre : Ils passeraient l’éponge sur mes magouilles Lyonnaises et finalement, Mercier est plutôt sympa
- Ah, on dit du bien de moi.
Mercier
que nous n'avions pas vu entrer viens se glisser entre nous. Il
refuse l'assiette que Cécile lui propose.
- Je ne reste pas. Nous cuisinons Sergueï et nous ne pourrons pas le garder longtemps, le tribunal Européen le réclame déjà. Et nous avons rattrapé le grand cagoulé. Vous le connaissez bien ici, il s'agit de Nicéphore.
A
ce nom, Dan a un râle des plus sinistre. Je me tourne vers Cécile
qui m'explique que Nicéphore est un habitué du bar et très proche
de Dan.
- Pourquoi nous ne l'avons nous jamais vu ce zèbre ?
- Il était en prison. Il vient juste de sortir.
Mercier
rigole :
- Là, pour le coup, il va replonger illico. Il venait souvent ici ?
- Pal mal, surtout du temps de Justine, il était un peu amoureux d'elle.
C'est
Dan qui a répondu et il a une sale tête notre Dan. Faut dire que ça
tombe dru dans son entourage. Je vais lui proposer un petit séjour à
Lyon pour se remettre. Andouillettes et pots de Beaujolais devraient
lui permettre de se refaire la cerise.
10 commentaires:
Ah la vache, avec toi j'aurais bientôt plus de potes, alors ce sera double beaujolpif et andouillettes, sans oublier un sauciflard de Lyon évidement, ça vaut bien ça non ?
A trop fréquenter des malfrats du niveau de Phyll, te voilà devenu vénal, quelle misère !
T'entends ça Phyll ? Qu'est-ce qu'on lui fait au Lyonnais ?
DAN, on va lui faire le coup du.... Jésus !!! et on ne lui décernera pas la rosette !!!
T'as raison, va falloir qu'il fasse gaffe si par "hasard", il revient ici...;-)
Revenir au Havre ? L'hiver il neige, l'été il fait chaud, merde, quel bled !!!
Tiens, si je reviens, je reviendrai sans Marylou, na !
Tu nous ferai pas ce coup là quand même....
et voilà..... des caprices de gone !!!
Oh mollo les jeunes. Tiens, faut me couper les cheveux, il se déplace en province votre pote ?
Si tu paies le voyage faut voir....
Enregistrer un commentaire