lundi 8 septembre 2008

5.L’amiante






J’ai arrêté de boire, depuis un mois. Pas la peine de rire, c’est dur. C’est le médecin du travail, un casse burnes de première qui à force de harcèlement est parvenu à me convaincre. Il a fait de la lutte contre le tabac et l’alcool un combat permanent à l’usine. Un chiant.
- Je ne vais quand même pas arrêter de boire et de fumer, non ?
- Commencez par l’alcool, on verra pour le tabac plus tard. Il sourit en disant cela.
Et l’enfer a commencé. J’ai dû supporter les ricanements et les quolibets. Suivre les potes en java en buvant des jus de fruits, demande une certaine force de caractère, pas moins. Heureusement il y a Lucie, sa beauté et sa jeunesse. Lucie c’est mon « patch », elle me soutient et m’encourage. Elle est folle de moi ! (ma blonde dit qu’elle est folle tout court !) Je l’ai séduite grâce à « mon charme légendaire », si, si. Depuis que je fais de la rando, j’ai perdu mon ventre, et boire de l’eau améliore encore mon physique. La loi anti-tabac a fait le reste. Vous l’ignorez bande de couche-tôt, mais 80% des fumeurs sont des fumeuses et se retrouver devant un bar autour d’un cendrier, facilite le dialogue. J’ai dû lui demander sa carte d’identité avant de l’embrasser tant elle paraît jeune. Je lui ai redemandé avant de l’emmener dans ma petite chambrette. C’est vous dire !
Ce soir, elle n’a pas voulu sortir. (Elle révise son certificat d’études) et je fume seul devant une de ces table haute et ronde du genre de celle que l’on trouve devant les machines à café sur les autoroutes. Je me tiens négligemment déhanché, laissant ma cigarette se consumer entre mes doigts dans une position qui se veut outrageusement provocante. Bon, le résultat est nul, faut bien l’avouer, mais je ne désespère pas. Lucie dit que je suis beau, et pourquoi douterais-je d’elle ? Je sirote mon verre sans alcool avec un peu de mélancolie quand Michel déboule comme une furie pour me coller sous le nez, un tract syndical de l’usine. J’ai un regard interrogatif, mais d’un mouvement énergique du menton, il m’intime l’ordre de lire. Et je lis. Et je palis. Le tract est une bombe. Il explique comment notre usine est depuis des années, truffée d’amiante. Tout le monde était au courant : Le patron évidemment, ses adjoints, quelques cadres, les actionnaires et cerise sur le gâteau, mon médecin hygiéniste. J’ai du mal à croire ce que je lis. Depuis des mois, avec les potes du syndicat, on interrogeait en vain nos interlocuteurs.
- Fumiers ! ! !
Michel d’un regard, désigne mon verre et je hoche la tête, il sourit et fonce à l’intérieur. Lorsqu’il revient avec deux bières, je l’interroge :
- Pedro ?
- Oui.
- Marcel, Alain, Jean Pierre ?
- Tous, c’est pas la peine de chercher
Je lève le nez de ma bière :
- Alors, c’est ça maintenant notre vie ? Notre avenir ? On va passer des radios tous les ans avec la peur au ventre ? Putain de salopards !
Michel essaye de me calmer, en minimisant notre proximité avec ce fléau. « Rassure toi, avec toutes les grèves qu’on a fait, on a régulièrement pris l’air »
On rigole comme pour conjurer le mauvais sort.
- Lundi je bute ce médecin assassin.
Mais en attendant on a la haine. Alors quand cet imbécile de Lucien débarque la gueule enfarinée pour ricaner face à ma bière, je ne peux faire moins que de lui coller mon poing dans la gueule. Pas moins ! L’ahuri part en arrière, entraînant dans sa chute quelques tables avec leurs cendriers. Un beau bordel ! Je me sens mieux d’un coup. Un qui ne se sent pas bien, c’est Lucien, qui pisse le sang allongé dans les mégots. Et le patron, qui déboule pour râler comme quoi nous sommes des nuisibles. Il veut développer, mais sa démonstration n’est pas claire, probablement à cause du coup que vient de lui assener ce facétieux Michel qui conclut en balançant une table dans la vitrine.
- Jamais on tiendra jusqu’à Lundi, jamais !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Purée, il leur arrive des choses !
T'as vu je poste des commentaires alors qu'il n'y pas de sexe dans l'histoire, ou si peu.
Je suis trop pure pour ces histoires ;-)

Louis a dit…

Oh Adèle !!! Comment te dire ce que je pense de toi sans finir en tôle pour pédophilie ?
En tout cas je t'embrasse, et merde à la brigade des mœurs.

Anonyme a dit…

Encore une bonne histoire. Il va falloir que je cogite sur une histoire aussi. J'ai suffisamment fréquenté ces établissement quand je faisais de la moto avec les potes.

Anonyme a dit…

Ils font chier ces médecins à nous interdire tout ce qui est bon. Moi, le mien, il me dit qu'un verre de viognier ou de châblis de temps en temps ça ne peut être que bon pour la santé. Il est cool mon médecin. en il ETAIT cool. Parce que depuis, il est mort d'une cirrhose !