mardi 13 mai 2008

Z'invité N° 8 : Le bistrot du quai par Thierry

Toto, c’est le nom du chien, corniaud jaune, harnais marron. Toto c’est la mascotte ! L’ami du comptoir, tout le monde connaît Toto. Il a sa balle au bistrot, on va la chercher, on lui lance et il la ramène si il veut. Au bistrot du quai, on a touché à rien, on a suspendu le temps au rythme des habitués morts, vivants et à venir. Ici on écoute les murs se dépeindre avec en fond sonore un transistor qui grésille de vielles chansons d’Aznavour ou de Mariano pourquoi pas.

Ici, tout est simple comme un éternel quotidien, Julie et Tantine scrutent l’ardoise qui annonce le plat du jour, elles sont comme deux gamines qui seraient à la vitrine de la même pâtisserie chaque jour sur le chemin de l’école. Elles ont dans l’œil le bien être de celles que l’on salue comme des actionnaires de la maison.
Gaston lui, c’est le maître à Toto, et pendant qu’il boit au bar ces deux rituels verres de rouge, la patronne lui prépare sa table. Tellement ils se connaissent, le peu de mots qu’ils s’adressent est une communion intime. Elle lui fait signe que c’est chaud et servi, il s’attable et Toto attend son quignon de pain.
Et puis c’est l’heure des vieilles sœurs Raquin qui se font taquiner par les hommes du bar qui remettent pour un bon moment encore leurs tournées de Macon. Elles vont s’asseoir à la table du fond et commandent après longue réflexion le contenu de leurs sandwiches et attaquent leur pot de côte du Rhône en disant du mal à voix basse de la voisine du dessus. Toto les renifle, L'une d'elles le caresse et il retourne au pied de son maître.

Tout est calme, reposant, et arrive René, chaud comme la braise, aujourd’hui il est en pétard, c’est un peu la personnalité du quai qui vient de temps en temps rompre l’atmosphère feutrée et vieillotte du bistrot. Messieurs, je vais vous dire, pendant que la patronne lui sert son double 51, « Y’m’ont chier dessus ce matin quand j’ai été réclamé un logement social, oui, je bois ! Oui, j’ai pas de boulot, mais je suis pas une cloche merde ! Je leur ai bien dit moi, c’est l’indifférence qui tue et non pas ce qui se mesure en litres, quelle anesthésie des sentiments ! Quelle bande de cons !» et puis la conversation a fini pas se dissoudre dans l’écrin apaisant du bar et la routine aidée par le sourire maquillé de la patronne a repris le dessus et Toto imperturbable était maintenant allongé devant la porte.

Il était l’heure pour moi de finir mon café et de régler après que Mathilde ait fait ma note, j’ai salué l’assistance, enjambé Toto et j’ai repris petit à petit mes habituelles pensées le long du quai.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

OH la la, louis, dis, tu en connais, du monde, on en est à l'invité n°8 !!! Chapeau !!
Va falloir penser à agrandir le bar... ;-)