dimanche 9 décembre 2007

N°24 Pas futé, le Martin.

24.


Ce matin, je suis allé au marché. Oui au marché ! Cela frôle l’exploit. Ben oui, je suis amoureux, cela vous fait rire ? Je vis depuis quelques jours chez Emma, la nouvelle serveuse du « bar des pentes » C’était pas gagné, il y avait du monde sur la ligne de départ, vous pouvez , me croire. Pour prendre la pool position, j’ai dû mettre le paquet. D’abord le bouquet de fleurs, classique et efficace. J’étais en tête. Puis le restaurant, romantique, conclu d’un bonsoir fiévreux accompagné d’un chaste baiser sur la joue : l’estocade. C’est ce qui l’a fait craquer cette petite poulette. Elle me l’a avoué plus tard : « Je t ‘ai trouvé si galant, si tendre, cela m’a changé des obsédés habituels. » Je me suis bien gardé de lui raconter que ce soir là j’avais la petite Lulu qui m’attendait au fond de son lit. Fallait pas casser l’ambiance ! N’empêche, je suis drôlement mordu. Quand je passe au « bar des pentes », en milieu de soirée, je me tape un café, qu’est-ce que vous croyez ? Heureusement, ce n’est pas mon bar préféré, mais comme je suis un peu jaloux, j’y vais régulièrement pour jeter un œil expert sur mon amoureuse. Oh, j’ai confiance en elle, faut pas croire, mais c’est de tous les lascars qui rodent dont je me méfie. Je connais leur manège, c’est moi qui le leur ai enseigné.
Tout en fumant, je rêve en regardant Emma préparer le café. Ses petites fesses remuent devant mes yeux attendris, et lorsqu'elle m'invite à la rejoindre à table pour déguster les magnifiques choux à la crème que j’ai ramené du marché (avec un bouquet de fleur ! non, mais !) je lui propose une autre façon de manger la crème chantilly, elle rit et nous fonçons dans la chambre pour jouer au pâtissier coquin. Je me régale. Cette fille en plus d’être belle, dispose d’une imagination sans limite. Je suis sidéré. Lorsque nous sommes repus et nettoyés de toutes traces de pâtisserie, nous fumons tendrement enlacés.
- J’ai rencontré Fred au Marché.
Elle se tourne pour écraser sa cigarette et se love encore plus fort contre moi.
- Avec Chantal ?
Fred est un type qui comme moi laboure les pentes de la croix rousse chaque nuit. Nous n’avons pas vraiment les mêmes habitudes, mais depuis le temps, que nous nous croisons, une forme d’amitié discrète s’est nouée entre nous.
- Nous avons bu un café.
Mais Emma dort déjà. Elle est toujours fatiguée. Son travail de nuit et ses cours à la fac ne lui laissent que peu de temps de loisirs. Elle m’impressionne. Mais je suis amoureux, alors c’est normal. C’est peut-être aussi bien qu’elle se soit endormie, parce que Fred, ce matin, m’a parlé de Riton. Riton le caïd du plateau.
- Tu sais que Riton tourne pas mal au « bar des pentes » en ce moment ?
Il a glissé cette phrase au détour de la conversation, négligemment, comme par erreur, mais j’ai bien compris le message et lui sait gré de sa discrétion. D’un hochement de tête, je lui signifie que je l’ai reçu 5 sur 5.
- Tu auras besoin d’un coup de main ?
Grand seigneur, je décline son offre.
Riton. Putain ce type ne m’a jamais plu. Alors aujourd’hui c’est pire. Riton qui tourne autour d’ Emma, j’aurai dû m’en douter. Ca va saigner. Je ne peux décemment laisser passer. On est pas amoureux tous les jours.
Et de fait cela a drôlement saigné. La haine qui m’aveuglait m’a permis de crever ce fumier comme il le méritait :
- Pas un œil, tu m’entends, pas un œil tu n’aurais dû jeter sur Emma. Et j’ai gueulé ainsi jusqu’à l’arrivée des flics. Pas fin le Martin !
C’est au procès que j’ai mesuré l’étendue de ma connerie, quand j’ai vu dans la salle, Fred et Emma hilare me regarder partir entre deux flics.
Juré, vous n’êtes pas prêt de me revoir sur un marché !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hihihihi,
Martin aurait dû se méfier !
Il n'y a pas que seulement l'amour qui rend aveugle, la jalousie est bien pire...

Amitiés et à bientôt