dimanche 17 juin 2007

N°17 Natacha

C’est les vacances, et pour faire comme tout le monde, je suis descendu sur la côte. Oh, en Octobre, pas en Août comme n’importe qui, mais tout de même, m’éloigner de mon rade favori pendant 10 jours, ça craint grave comme disent les jeunes qui boivent avec moi avant d’aller « en after »
Maurice, le patron du pub m’a passé les clefs d’un studio qu’il a dans le var.
« T’es blanc comme une merde de laitier, va te requinquer un peu au soleil »
Comme j’ai une moue septique, il ajoute :
« Martin, tu passes ta vie ici, tu es comme l’enseigne de mon bar, alors, disons que j’ai envi de repeindre l’enseigne. »
La vérité, ce salaud va m’en parler quelques bières plus tard :
« Et puis, cela fera du bien à Natacha ces quelques jours au soleil. Elle s’ennuie un peu à Lyon»
Tu m’étonnes qu’elle s’ennuie sa poule à Maurice. Il bosse jour et nuit et sa blonde pourrait être sa fille, voir sa petite fille. Moi, descendre avec Natacha, ça m’enchante moyen, parce qu’il faut bien avouer que j’aime ma tranquillité. Surtout en vacances. Mots fléchés et cassoulet en boite, voilà mon programme. Alors vous pensez bien qu’avec l’autre top model ça va être la guerre. Natacha, moi je l’aime bien, ce n’est pas la question, j’ai même tenté quelques manœuvres d’approche lorsque Maurice nous l’a présenté à son retour de Russie. Ben oui, Natacha est russe, qu'est-ce que vous croyez. ? Vous l’avez vu le gros ? Déjà que dans son bar il a du mal à draguer, alors une jeune poulette comme Natacha, vous pensez ! Il l’a acheté, y’a pas d’autres mots. Tous les clients ont essayé de la draguer la petite, une bombe, faut dire. Mais au jour d’aujourd’hui, à ma connaissance, personne n’a pu transformer l’essai. Il veille le patron. Pourquoi me la confier à moi, alors ?
« Tu n’as pas peur qu’elle ne succombe à mes charmes ? »
« Martin, Pas toi, et puis j’ai confiance »
Je préfère reprendre une bière plutôt que d’entendre cela. Pauvre vieux, il ignore à quel point la cote d’azur décuple mon sex-appeal !
« Tu oserais ? »
A mon regard, il comprend sans que je n’ai eu à répondre. Il sourit en me resservant une nouvelle bière :
« De toute façon avec son frère je ne crains rien ! »
A cet instant je tombe de mon tabouret. « son frère ? »
« Tu ne croyais pas que tu allais passer 10 jours seul à la mer avec ma femme ? »
Je suis effondré, mais grâce à ma classe légendaire, et à la bière ambrée, je reste de marbre. J’ai toujours eu le chic pour me mettre dans des situations impossibles. Pour m’en sortir, je fait appel à mon ange gardien. Mais sur ce coup là, va falloir qu’il vienne avec des potes.
Finalement, j’avais tort de m’inquiéter : c’est pire ! Il ne m’a pas fallut deux heures pour réaliser que Boris n’était pas le frère de la gamine, ils ne se sont pas cachés d’ailleurs. Ils ont pris une chambre à l’hôtel voisin. J’ai eu droit à un petit discours « entre hommes » qui m’a bien fait comprendre la situation, et l’intérêt que j’avais à garder cette compréhension pour moi. Boris est très clair quand il explique. Alors, moi je vais à la plage pendant qu’ils dorment, et je fais des mots fléchés en bouffant mon cassoulet pendant qu’ils vont au casino. On ne se croise qu’aux heures du coup de fil à ce pauvre cave de Maurice.
Boris m’a expliqué son petit trafic, alors je fais quelques allers retours vers l’Italie pour rencontrer d’autres seconds couteaux dans mon genre avec lesquels j’échange des mallettes. « Prend des photos, cela fera plaisir à Maurice » et les deux amants rigolent. Plus que deux jours avant notre retour et c'est là que mon putain d'ange gardien à un léger coup de mou. Déjà qu’il avait pas trop forcé sur ce coup là, faut reconnaître. Toujours est-il que pour mon dernier échange de valise, la petite frappe qui me faisait face a essayé de m’enfler dans les grandes largeurs. Heureusement, en businessman avisé, Boris m’avait mis au parfum des risques dans ce genre de manœuvres. Et puis le type avait une gueule de raie qui m’avait mis sur mes gardes d’entrée. Alors quand il a sorti son couteau pour essayer de récupérer la came et le fric, j’ai éclaté de rire en lui collant une balle du Beretta que m’avait offert Boris pour l’occasion en plein visage. Cela n’a pas arrangé sa gueule de raie, mais cela m’a permit de ramener, le fric et la came. Pour fêter l’évènement, Boris m’a invité au resto où on s’est saoulé proprement. Le russe encaisse, faut bien reconnaître, mais j’ai tenu mon rang. J’ai fait honneur. C’est la vodka, juste avant de rentrer à l’hôtel qui m’a scié les jambes. Ils m’ont laissé dans la bagnole, je ne pouvais plus bouger. Et c’est là que je regrette de m’être laisser aller à dire du mal de mon ange gardien, parce que là, pardon, il s’est surpassé : Boris, jeune truand plein de vigueur avait sous estimé ses partenaires. La mafia Albanaise ne rigole pas avec les valises égarées, et pendant que je cuvais tranquillement dans la voiture, ils saignaient les tourtereaux dans leur lit. La femme de chambre qui les a découverts, n’a même pas crié, il paraît que ces choses là sont fréquentes sur la côte.
Il a fallut tout raconter à Maurice, qui a du mal à se remettre de ces révélations. Je lui remonte le moral tandis qu’il me ressert une bière :
« Pour le coup Maurice, c’est toi qui ressemble à une merde de laitier »
Mais cela ne le fait pas rire, le veuf. L’a pas d’humour.

2 commentaires:

Malvina a dit…

Faut toujours se méfier des belles de l'est...
Le pauvre Maurice !! bon il a toujours son bar, c'est déjà cela.
Toujours un plaisir de lire ces histoires de comptoirs...

Malvina ou la veuve noire

Eloïse a dit…

Ah, quand j'ai vu "le frère" apparaître dans l'histoire, je m'suis dit "toi mon gars, tu vas passer un sale quart d'heure auprès de Martin !".

Eh bien non, loupé ! C'était pas avec Martin ! J'aime bien ces chutes, vraiment.