lundi 18 juin 2007

N°18. Une autre petite blonde

Finalement cette année-là j’ai bien été sur la côte. Une petite location sans prétention dans un lotissement sans grâce. Avec piscine tout de même ! Katia a tenu à m’accompagner, ce n’était pas une bonne idée, vraiment pas. Bon, le voyage s’est plutôt bien passé, y’a rien à redire, mais on a commencé à s’engueuler dès l’installation. Faut dire qu’avec Katia, c’est l’amour vache. Trouver un restaurant nous a remis d’aplomb, et le rosé nous a bien aidés. J’ai rapidement entrepris le serveur, un grand efflanqué plus blanc que mon lavabo : « C’est mort ici, y’a pas un bar sympa dans le coin ? » Il sourit, tout de suite complice : « C’est la saison basse aussi. Mais il y a le « Central » dans la vieille ville, un pub où se retrouvent tous les saisonniers du coin »
Je suis ravi, c’est tout à fait ce que je cherchais : « Si on se voit là haut, cela me fera plaisir de vous offrir un verre » En débarrassant nos assiettes il répond : « Ici on accepte les pourboires »
Il sourit rusé, mais je ne vais pas lui laisser croire qu’il peut espérer quelque chose de nous : « J’ai dit là haut » Katia sourit, mais je sais qu’elle m’approuve.
Une fois au « Central », je comprends tout de suite que je vais être là comme chez moi : La pompe à bière au bout d’un long comptoir de bois, une petite salle enfumée et un gros patron rougeaud. Je m’installe sur un haut tabouret avant que Katia essaye de me faire asseoir en salle. Il n’y a que deux clients à notre arrivée, mais bien vite au gré des fermetures des établissements de la côte, le bar se remplit d’une clientèle jeune et riante. Les bières tombent en rafale, et lorsque Christophe, notre serveur de restaurant se pointe, je connais déjà tout le monde et je lui offre un verre avec plaisir.
Le lendemain au réveil, j’ai ce que l’on nomme élégamment « le casque », alors quand Katia commence à gueuler au sujet d’une petite blonde que j’aurais serrée d’un peu trop près, le ton monte rapidement entre nous. Katia, elle est gentille, mais c’est une vraie jalouse : un tigre. Les voisins se régalent de nous entendre : « connard, pétasse, morue, bouffon » et autres gentillesses qui nous mènent au clash. Katia fait sa valise et se casse. Je reste comme un con. Ce n’est pas notre première dispute, aussi ne m’attendais-je pas à une telle réaction. Le temps que je réalise et que je sorte dans la rue elle a déjà arrêté un taxi et filé. Je lève les bras, mais en vain. Pendant quelques temps je suis contrarié, mais je me fais rapidement une raison. Elle reviendra. Elle revient toujours.
Au « Central » il y a moins de monde, nous sommes dimanche, et la petite blonde, source de conflit n’est pas là. Je rentre quand même bien arrosé, aussi lorsque j’entends des coups à la porte au milieu de la nuit, je gueule comme un adjudant, croyant au retour de Katia.
Je ne me trompais qu’à moitié. Les deux gendarmes qui me demandent poliment de les suivre jusqu’à la piscine n’ont pas le sourire, et je présage les emmerdements avant même de découvrir le cadavre de Katia flottant dans l'eau sombre. Elle porte les vêtements qu’elle portait il y a quelques heures.
- Vous reconnaissez cette femme ?
Quelle question idiote, je vois le gardien du lotissement près d’autres gendarmes, il n’a pas dû avoir beaucoup de mal à la reconnaître, vu la façon dont il reluquait ses cuisses à chacune de nos rencontres.
Katia a été étranglé, et jeté comme une malpropre dans la piscine. J’ai les genoux qui soudain me lâchent, et je dois m’asseoir. Depuis le temps, Katia et moi, c’était quelque chose. Nous nous étions bien habitués l’un à l’autre.
Les condés ont été plutôt sympas avec moi, mais leur patron m’a bien fait comprendre que j’étais dans le pétrin. Et ça, c’était avant qu’ils interrogent les voisins. Parce que là, pardon, un vrai carnage, ils se rappelaient tous les noms d’oiseaux que nous avions échangés. Ils n’avaient vraiment rien d’autre à foutre, faut croire. J’étais salement mal embarqué, sans rire. J’en étais à envisager carrément « l’affaire Dreyfus » quand ces fins limiers ont retrouvé le taxi qui les a guidé vers la vérité : En route pour la gare, Katia a aperçu quelqu’un qu’elle connaissait et elle a demandé au taxi de s’arrêter et d’attendre. Après avoir échangé quelques mots avec deux hommes, elle est revenue régler sa course en s’excusant de ne plus avoir besoin de lui. Les flics n’ont eu aucun mal à remonter jusqu’à Christophe le jeune barman et au concierge mateur, son complice. J’avais bien quelques idées de vengeance, mais j’ai préféré aller me consoler dans les bras de la petite blonde.
Aujourd’hui que les années ont passé, je repense souvent à Katia avec nostalgie. Surtout que Ginette, la petite blonde que j’ai finit par épouser, commence drôlement à me courir sur le haricot ! Y’a pas loin qu’elle ne finisse dans la piscine

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Désormais, j'aurais toujours une bouée et des brassards dans mes bagages en ta compagnie!!!!
la tenue adéquate face à tes haussements de voix.
Gros béta, l'anonyme c'est moi, ta chinoise.