lundi 24 octobre 2016

41. Ça se dessine !!!

Tous les potes m'ont écouté raconter religieusement. « Tous les potes » est
une façon de parler puisque la majorité dort déjà profondément depuis un bon moment. Michel, bien éveillé, lui, me regarde en souriant :
  • Toi, quand tu as une idée en tête...
  • Que veux-tu dire ?
Comme s'il prenait les autres à témoins, il écarte les bras :
  • Tu nous racontes ton entrevue avec Rigaux, pour conforter ton idée de l'affaire. Des affaires devrais-je dire.
Comme j'affiche mon incompréhension devant cette attaque brutale il explique :
  • Depuis le début tu te sers du couple, Claire-Rigaux, pour nous vendre ta salade : culpabilité de Gianni, ton rival, et pour l'autre affaire, culpabilité et mort d'Albert Ogier. Rien ne vient prouver tes dires.
Je vais répondre quand Christophe intervient :
  • Pour mon père, il a raison. Ma mère me la dit.
  • Christophe, tu es bien gentil, remet ta tournée, mais ne te mêle pas de ça. Comment peux-tu imaginer que ta mère pense autre chose ? C'est humain comme réaction. Mais qu'avons nous comme preuves ?
  • Pierre Marchand.
  • Quoi, Pierre Marchand ?
Christophe s'assoit sur le haut tabouret que vient de quitter Paulo en tombant, et tout en remplissant nos verres raconte :
  • Quand je suis revenu à Lyon, je connaissais par ma mère, les grandes lignes de l'affaire. Il faut dire que de ne pas connaître son père, mais d'en entendre parler tous les jours, est quelque chose de plutôt traumatisant. Alors je suis venu ici, pour « sentir » la ville et voir si je pouvais rencontrer des survivants.
  • Putain, Christophe, ne nous dis pas que tu connaissais les noms et les coordonnées de tous les protagonistes ?
Christophe sourit :
  • Je ne vous connaissais pas et cela m'a plutôt amusé de vous voir ramer.
  • Salopard !
J'ai gueulé, mais c'est plutôt gentil. qui serait assez fou pour se fâcher avec un patron de bistrot ? N’empêche que ce fumier aurait pu nous aider.
  • J'ai joué au flic, je me suis mis à suivre quelques protagonistes de l'affaire. Rapidement je me suis intéressé à Claire.
  • Tu m'étonnes.
  • Pas pour ce que vous imaginez bande de pervers, mais c'est pour moi quelqu'un d'important. Elle m'a conduit à son demi-frère et ici.
  • Ici ?
  • Oui, dans ce vieux bar qu'il fréquentait et qui était à vendre. Et voilà le travail !
Je suis perplexe :
  • Mais, tu les as rencontré ? Tu t'es fais connaître ?
  • Non, quand même pas. Mais je les ai bien observé. Surtout Pierre qui était un client de ce bar.
Michel semble las :
  • Arrête de tourner autour du pot et raconte un peu.
Christophe donne l'impression 'avoir attendu ce moment depuis des années et même si l'assistance est plus que réduite il semble satisfait et répond à Michel en souriant :
  • Que mon père ai tué les deux guignols ne semble pas prêter à discussion. Il avait été assez clair et je ne vois pas d'autre solution à votre problème. Par contre, pour la suite je m'interroge. La logique aurait voulu qu'il se venge aussi de Guérin.
  • Pourquoi Guérin ?
Là, Christophe, semble consterné, il me regarde interrogateur :
  • Vous avez vraiment enquêté ?
Je ris franchement pour lui expliquer que oui, on a enquêté mais un peu dans le désordre, ce qui n'est que la vérité. Notre agence, il faut bien le reconnaître, ne possède une bonne réputation que grâce au hasard. Au hasard et à Paulo. Mais comme pour l'instant Paulo ronfle glissé sous la banquette, nous ne devons compter que sur nous même.
  • Bon, ton père essaye de tuer Guerin, mais ce dernier est sur ses gardes suite aux deux premiers meurtres.
  • Tu m’étonnes. D'ailleurs Rigaux a tout de suite donné l'alarme, c'est toi même qui nous l'a dit. Je pense que mon père a été trop confiant, il détestait tellement Guérin...
  • A ce point ?
A ce stade de la discussion, Christophe ne semble plus nous apprécier à notre juste valeur. Il nous parle maintenant avec les précautions réservées habituellement aux simples d'esprits :
  • Pour lui, même sa haine de Garde ou Maboso n'occultait pas ce qu'il pensait de Guérin : « C'est à cause de types comme lui que tout est arrivé. Il avait le fric, il a le fric et il aura toujours le fric » Mon père tenait les colons pour les seuls responsables de cette guerre stupide.
Joël qui vient d'ouvrir les yeux intervient :
  • On va se coucher ?
A voir la tête de Christophe nous ne pouvons qu’éclater de rire. On réveille la troupe pour lever le camp quand le patron ajoute :
  • De plus, mon père était persuadé que le vieux Guérin était responsable de la mort de sa fille.
  • Comment ça ?
  • Il voulait la marier au fils d'un de ses collègue. Elle n'a pas supporté.
  • Et elle s'est suicidée ?
  • Mon père en était persuadé.
L'air frais de la nuit nous réveille et Michel nous gratifie de son commentaire romantique :
  • Finalement c'est Roméo et Juliette qu'il a tué Guérin.
Quand je vous disais qu'il était temps de dormir !

5 commentaires:

DAN a dit…

Je me demande si toi-même t’y retrouve parmi tous ces personnages, moi j’avoue nager un peu, il n’empêche que je voudrai bien connaitre la fin de cette histoire !

Louis a dit…

Ça approche, courage.
Elle est simple pourtant cette histoire !!!

DAN a dit…

Comme de l'eau de roche, ben voyons...

phyll a dit…

ce qui me perturbe, c'est que Paulo soit encore tombé de son tabouret !!!......le pôv !!

Louis a dit…

Il aime vivre dangereusement, le bougre.
Ce qui est drôle, est qu'il n'a jamais lu une de mes nouvelles et s'en plains. Un vrai faux derche, voilà pourquoi je le fais tomber souvent. C'est une punition. Tenez-vous à carreaux mes petits Havrais !!!