samedi 26 mai 2012

9. Des nouvelles de Christelle


Au bar, en journée, l'ambiance est différente. Marion la compagne de Roger est là et je suis surpris :
  • Vous vous êtes rabibochés Roger et toi ?
  • Tu rigoles ! Ce gros dégueulasse courre après tous les jupons. Je me suis barrée, je n'en pouvais plus. Comme je la regarde interrogatif elle poursuit : J'ai besoin de boulot, comme tout le monde, qu'est-ce que tu crois ?
Je sirote mon café sans plus m'interroger sur leurs problèmes de couple tout en lisant le Progrès, le journal local. Je vais attaquer les mots croisés quand Cracoss, et Julot font leur entrée en encadrant un Guitout en pleine forme. Ils attaquent avec des "Ménenchons présidents" du plus bel effet. D'autant que ce salopard de Cracoss a retrouvé sa voix. Ils tournent au blanc et je leur demande s'ils ne devraient pas être au bureau au lieu de brailler et de boire ainsi.
  • C'est l'équipe B ce matin, nous on attaque plus tard, on est des pros.
  • Des pros de la boisson, oui, des clientes se plaignent.
Aussitôt v'la mon Guitout qui bondit prêt à jouer de sa canne blanche.
  • De quoi, de quoi, on critique notre travail ?
  • Non, votre haleine.
Tout le bar rigole. Il est presque plein d'ailleurs ce bar à cette heure là.C'est dingue le nombre de retraités sur la plateau de la Croix Rousse. Julot a raison : L'andouillette et le Mâcon, conservent, c'est le fameux « French paradox »Il faut dire qu'en plus, Marion sait soigner les petits vieux : Un verre gratis de temps en temps, une oreille toujours à l'écoute des douleurs et des chagrins. Et surtout un chemisier généreusement garnit, qu'elle sait entrouvrir au bon moment.
  • Fait gaffe Marion, va falloir qu'on investisse dans un défibrillateur, si tu continues ton cinéma.
Elle se penche vers moi, faisant sauter deux boutons :
  • Une petite séance t'intéresserait beau gosse? Je suis libre maintenant.
  • Doucement beauté, j'ai pas leur age tout de même !
Elle essaye de me frapper avec son chiffon à vaisselle et nous rions quand elle sursaute soudain en se frappant le front : "Que je suis conne! J'allais oublier : Christelle m'a téléphoné". En parlant Marion me glisse un papier en baissant la voix : "Il faut la rappeler tout en restant discret. Cela semble urgent".
Question discrétion, c'est râpé, puisque un type s'approche pour nous demander des nouvelles :
  • Je vous ai entendu parler de Christelle et j'aimerais bien savoir où elle est. On ne l'a pas vu depuis plusieurs jours, et ce n'est pas son genre.
  • Oui c'est sûr, ajoute Guitout des sanglots dans la voix, il a dû lui arriver quelque chose.
Je réalise que personne n'a vu Marion me glisser le papier, et je préfère, parce que ce type, je ne le sens pas trop. J'envisage sérieusement de lui mettre ma main dans la gueule pour lui apprendre à se mêler de ses oignons, quand Arobase, que je n'avais pas vu arriver, étreint chaleureusement le gars :
  • Salut Boris, qu'est-ce que tu fous là ? Et à moi : C'est Boris, il bosse dans un bar de la Guillotière. Un endroit vachement sympa.
Je suis en rogne d'un coup :
  • Qu'est-ce que tu fous là, toi ? est la vraie question. Tu ne devrais pas être au bureau ? Il me semblait avoir entendu parler d'une équipe B.
Hervé me regarde ahuri :
  • Non, mais tu dérailles complètement mon pauvre Martin. Si on ne peut plus prendre une petite pause de temps en temps.
Et voilà tout le bar qui repart à rigoler. Je vais cogner Arobase quand Michel fait son entrée. On se croirait "au théâtre ce soir"
  • Holà, c'est quoi ce bordel ? Tiens, salut Boris.
Et le voilà qui embrasse l'inconnu. Alors là, je reste comme un con tandis que tout le monde s'embrasse. Je vieillis, oui je vieillis. Je prends mon pote par le bras pour l’entraîner vers le bureau.
  • Hé ! Je suis venu boire l'apéro, pas travailler.
Mais à mon regard, mon pote comprend que je suis remonté et il me suis en criant vers Marion :
  • Amène nous un pot de Mâcon. Puis il ajoute pratique : On a déjà les verres.
Paulo dort sur son bureau pendant que Lucien somnole sur son PC. Michel lance un bon coup de lattes dans une armoire en fer. Le bruit fait sursauter nos deux artistes, que je rassure immédiatement (Pas qu'ils aillent nous faire une attaque) :
  • Le blanc arrive.

3 commentaires:

DAN a dit…

C'est vrai que c'est une vraie équipe de "bras cassés", mais bon faut faire "avec", en tous cas nous revoilà sur les charbons ardents à se demander ce qu'il lui veut Michel et de savoir qui est ce Boris, on attendra le prochain épisode, si le Louis n'est pas trop fatigué oh misère va-t-on pouvoir attendre jusque là ? C'pas Phyll ?

phyll a dit…

oui DAN, on va attendre.....
et j'avoue que là c'est un peu le bazar dans c'troquet !!! ;o)

Louis a dit…

Ouais, ben vous moquez pas trop de nos bistrots...On arrive...