Bon, l'agence tournait à
fond et les potes étaient au taquet. Guitou l'aveugle tenait le
standard et ventilait les tâches avec autorité. Lucien et Arobase
montaient les dossiers, Joël gérait. Nous croulions sous les
demandes de filatures et d'espionnages. Que du tout venant. Avec
Michel, nous restions tranquilles, peinards au comptoir dans
l'attente d'une hypothétique « grosse affaire »
Pourtant, beaucoup de
choses avaient changé. Poussé à la révolte par les nouveaux
venus, les gars avaient exigé de nouvelles conditions de travail.
Ces salauds avaient repris nos tracts syndicaux de la belle époque
de luttes pour fonder leurs revendications. Faut être fourbe, tout
de même ! Les négociations ont duré une nuit et une journée
entières. Nous avons cédé sur presque tout. Imaginez-vous, que
même les baffes mises régulièrement à Lucien étaient dorénavant
assimilées à du harcèlement. Nous avons finalement tenu bon sur un
seul point : Quand Paulo a voulu faire reconnaître ses chutes
de tabourets de bar comme accidents du travail. A chaque demande,
Michel répondait en désignant Cracoss :
- On verra quand Ménanchon sera élu.
Mais personne, à part
moi, ne riait, tant ils étaient sérieux et appliqués. De toute
façon, on s'en foutait, à cause de tout notre fric (piqué à nos
anciens patrons, je vous le rappelle) et de notre nouvelle passion
pour le corps médical. Ah, toutes ces jeunes élèves infirmières
venant de toute l'Europe ! Un véritable Erasmus chez Roger.
Alors vous pensez, si ces négociations salariales nous laissaient de
marbre. Même si Michel m'avait glissé à l'oreille : « Ce
Cracoss, il me le payera. Il était moins vindicatif pendant les
grèves. » Une fois les accords bouclés, nous avons bondit
chez Roger pour fêter l’événement, d'autant que c'était l'heure
de l'apéro et que les petites poulettes arrivaient petit à petit.
Toutes ces jeunes femmes qui venaient de Slovénie, d'Ukraine et de
bien d'autres contrées exotiques parlaient toutes, un français
parfait, aimaient la France et la fête, ce qui collait plutôt bien
avec nos ambitions. Tous les gars allaient à l'assaut le cœur plein
d’allégresse. Lucien et Arobase, geignards très assidus étaient
devenus au fil des jours des cas d'école pour ces jeunes filles. Ils
s'inventaient sans cesse de nouveaux symptômes leurs permettant
d'obtenir des consultations privées se prolongeant tard dans la
nuit. Les infirmières, de leurs cotés, pouvant « travailler »
sur des cas cliniques vivants, chacun y trouvait y son compte. Le
bonheur aurait été notre lot quotidien chez Roger, si cette
présence féminine massive n'avait attiré son lot de marlous mal
famés. Les gars de Gerland, pour ne citer qu'eux, s'enhardissaient
de plus en plus, leur présence nous étant signalée de plus en plus
souvent dans les parages. Des vilains pas beaux comme eux, n’auraient
dû avoir aucune chance avec toutes ces futures miss monde, mais
allez comprendre les femmes : Elles leurs trouvaient du charme !
C'est Aliide, une beauté Estonienne, qui nous expliqua un soir
qu'elle trouvait Richard, un petit caïd de Gerland, très beau.
- Beau, Richard ? Avec tout ce que je lui ai mit comme marrons dans la tronche ? Il est plus refait qu'une vieille Américaine.
Mais Michel avait beau
dire, il n'y avait rien à faire. Allez expliquer à des filles qui
avaient vécu des guerres civiles meurtrières nos minables petites
bisbilles de quartier. Alors on remettait une tournée, on embrassait
les filles sur la bouche en espérant croiser en groupe, un de ces
quatre matin, ces petites gouapes de Gerland ou d'ailleurs, afin de
remettre un peu les pendules à l'heure. D'un autre coté, avec nos
nouvelles activités, nous n'avions pas trop intérêt à nous mettre
la ville à dos. On avait déjà assez d'ennemis comme cela. «
comment vous voulez poser des questions dans un de ces quartier
lointain après une de ces bagarre dont vous avez le secret ?»
nous fit remarquer un soir Joël. Alors tout doucement, nous
devenions des hommes d'affaires appliqués et sérieux. Même Roger
ne nous reconnaissait pas : Des mois que son bar n'avait pas été
démoli. « Avec vous j'avais l'habitude de refaire la déco
très souvent, là, je me lasse un peu. »
C'est maintenant la
clientèle qui change souvent. C'est incroyable le nombre
d'infirmières formées dans la région. Nous avons du mal à nous y
retrouver avec tout ce « turnover ». j'en parlais l'autre
soir avec Aliide ma jolie Estonienne qui elle, est là depuis des
mois. « Oh, tu sais, les filles viennent à Lyon pour se
perfectionner et elles n'ont pas toutes le même niveau. Alors ça
va, ça vient, même si de grands détectives comme vous devraient se
pencher un peu sur certaines disparitions. » Je voudrais lui
faire répéter cette dernière phrase, mais la belle disparaît dans
la cohue en riant.
- Abandonne un peu cet air niais, tu me fais honte.
Là c'est ma blonde qui
passe me chercher. Quand je vous disais que l'on devenait
pantouflard. On verra plus tard pour cette histoire de disparitions.
11 commentaires:
"chute de tabouret" en accident de travail.... j'adore !! :o)
c'est vrai que pour l'instant tout parait calme, mais je pense que c'est pour mieux rebondir par la suite !!......
allez, bon week end Louis !! ;o)
Bon, je vois que ça suit. c'est bon. Tu réponds plus vite que ton ombre...et que moi !!!
Enquêter dans un bar, avec comme "clientes " des infirmières, je sens que martin va faire des heures supp moi !
Hé ben Dan ? 5 heures de retard par rapport à Phyll, c'est pas du boulot, ça !!!
S'cuse je n'ai glandouiller aujourd'hui ....
PAS glandouiller... et fatiguer en plus de ça...
Je plaisantais et prenez votre temps.
On arrive bien à lire ? Y'a pas de problèmes avec les lettres ?
Salut Louis.
Puisque tu poses la question du lettrage, je trouve ton fond un peu trop clair en rapport aux lettres grises, il te suffirait de mettre ce fond un peu plus foncé afin d'avoir un meilleur contraste. Quant aux lettrage en orange là tu peux passer au noir, car c'est peu lisible.
Permet moi de te remercier pour cette question à propos du lettrage, car on voit tellement de blog qui se foutent complètement de leurs lecteurs que ça fait plaisir d'en voir un qui tient compte de ses "fidèles", aller c'est ma tournée....
je répond vite car la présence des élèves infirmières m'intéresse au plus haut point !!!... ;o)
Bon, j'ai fais quelques modifs. Autre choses ?
Non non c'est parfait Louis, bon Phyll, je crois qu'on est bon pour une tournée non ?
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