49.
Antoine est mort comme il
était prévu et Pauline a été interné. La mère , elle, continue
à affirmer qu'elle n'est pour rien dans la mort de son mari et dans
l'état actuel des choses, rien ne permet aux policiers de l'inculper
d'autre chose que de complicité. Au bar, les discussions roulent et
les tournées tombent. Chacun y va de son pronostic et de son
opinion. Roger m'affirme qu'il veut changer de métier : « Tu
comprends, j'en ai marre d'entendre à longueur de journées ces
histoires de mari assassiné et de tous ces cadavres enterrés à la
va vite. » Il baisse la voix pour ajouter : « J'ai peur
que cela ne finisse par donner des idées à Marion » Marion
est la jeune mineure que ce vieux salopard a embauché (et débauché)
depuis quelques mois. Tout le monde sait bien à quoi s'en tenir sur
celle que Roger s'obstine à présenter comme sa nièce. Je regarde
le gros avec pitié. Sa gueule de cocu éclaire tout le bistrot et je
n'aimerais pas qu'il finisse dans un massif fleuri. Quand j'en parle
à Michel, il ne réfléchit pas longtemps : « C'est vrai que
cette môme m'a l'air bien délurée, et que toutes ces histoires
pourraient lui monter à la tête. Je connais son marlou, une petite
frappe de la Croix Rousse, je vais leur causer. Le bar marche bien et
je n'aimerais pas que des histoires d'adultère ne viennent perturber
cette douce harmonie. » « Douce harmonie », il a de
ces mots mon pote ! Je jette un regard autour de moi et la vue de
Lucien, Arobase et Paulo complètement ahuris par une trop longue
présence au zinc ne me rappelle en rien une « douce harmonie »
Pierre nous a rejoins et nous laissons filer le temps en sirotant
nos verres. La soirée va s'ajouter à des milliers d'autres soirées
semblable quand une Pauline échevelée fait une tonitruante dans le
bar un pétard à la main. Pour bien nous faire comprendre la
situation, elle balance deux balles dans le grand miroir que Roger
venait d'installer avec amour derrière le comptoir. Je vais finir
par devenir sourd avec tous ces coups de feu. En attendant, nous nous
jetons au sol, bien décidés à échapper à cette folle. Folle qui
se met à gueuler :
- Antoine est mort ! Et c'est de votre faute.
De notre faute ?
Personne n'ayant de réponse, personne ne répond. Nous avons
d'autres soucis, le pif dans la sciure planqués derrière les tables
renversées. J'entends claquer des dents. Paulo se met à ronfler ce
qui détend légèrement l'atmosphère. J'en profite pour relever
discrètement la tête. Je vois Michel, qui lui, est resté debout,
tenter de glisser discrètement vers le fond du comptoir. On dirait
Mikael Jackson. Il recule en faisant mine d'avancer. C'est très
impressionnant, j'ignorais ce talent chez mon pote. Pendant ce temps
Pierre fixe Pauline avec intensité. « Déconne pas Pauline,
les flics vont arriver. » Pour toute réponse, la gamine nous
remet une bonne giclée de pruneaux. Même Michel a dû se jeter à
terre. J’entends Pierre compter les balles à voix basse. Si ses
hommes ne déboulent pas rapidement nous allons mal finir. L'air pue
la poudre et Pauline a fait un pas en avant pendant que Michel lui,
faisait un grand pas en arrière. Il a réussi à passer son bras
derrière le comptoir et j'imagine qu'il essaye de se saisir d'une
arme quelconque. Je penche pour une bouteille. Il jette des regards
très expressifs vers Roger, mais le gros est comme tétanisé au
milieu des débris de son si joli miroir. Il ne faut pas compter sur
lui pour une aide salvatrice. Pour faire diversion, je pousse une
chaise sur le coté et aussitôt la gamine décidément très à cran
arrose le coin. Michel a profité de ces quelques secondes pour
passer derrière le bar où il empoigne immédiatement un grande
bouteille qu'il balance avec précision sur Pauline. La petite doit
se baisser, mais elle ne se fait pas faute de tirer une nouvelle fois
sur nous. Je pense que nous allons rester là toute notre vie quand
Pierre se dresse soudain en gueulant ; « Cinq, six! »
Il n'a pas vraiment le temps de poursuivre son cours de mathématique
puisque Pauline l'ajuste tranquillement. Il s'écroule en râlant de
façon très esthétique. Le bar se fige et Michel en profite pour se
jeter sur la jeune femme. Grosse confusion mais à plusieurs nous
parvenons à maîtriser l'autre furie. Arobase et Lucien sacrifie
leurs ceinturons pour enchaîner Pauline. Je vais me pencher sur
Pierre qui ne m'a pas l'air très frais. Il saigne abondamment tout
en répétant : « J'ai mal compter les balles, quel con,
non mais quel con ! » Je pose mon doigt sur ses lèvres
tout en lui glissant mon blouson sous la nuque : « Chut !
L'ambulance arrive. » Il sourit en reconnaissant ma voix et il
me prend la main : « Ah Martin, j'ai toujours été nul
pour compter . Cela rendait fou ton père lorsque nous jouions
au tarot. Ce qu'il a pu m'engueuler. »
Les flics et le Samu sont
arriver en même temps et une fois le bar calmé, nous soignons nos
tremblements à grands coups de bière. Lucien et Arobase voudraient
que l'on s'assoit, ils se plaignent de devoir tenir leurs pantalons,
mais nous ne tenons pas compte de leurs remarques et nous nous
collons au comptoir . Comme le patron a l'air tout chafouin au milieu
des débris, Michel l'encourage d'un vibrant :
« Allez Roger, à
toi de jouer ! »
18 commentaires:
Pour un coup de théâtre c'est un coup de pétard plutôt, je ne vais pas dire que c'est la fin car avec toi nous restons toujours sur notre faim, alors peut être le prochain épisode verra véritablement la fin il serait temps car j'ai faim moi...
Rassurons nous, j'avais dit 50 épisodes et je m'y tient. Quelle galère ce feuilleton. Heureusement que vous étiez là mes petits Havrais.
J'attends un dessin d'un ami pour imprimer toute l'histoire. Et pour votre patience, je vous demanderai à Phill et à toi votre adresse pour un petit "Père janvier"
Quand à l'an prochain, je n'ai rien écrit, mais ne désespérons pas.
Laquelle tu veux comme adresse, l'adresse mail ou la véritable adresse au Havre ?
J'aurai pu te les envoyer mais tu as fais un commentaire sur mon blog (très gentil ça) mais sans laissée ton mail qui, de toutes façons, je le suis seul à voir.....
J'ai essayé de mettre mon adresse mail mais blog-spot ne veut rien savoir, donc je te laisse l'adresse du blog...
Dan, Dan, j'ai ton adresse mail (tu m'as déjà envoyé des photos)
Un mail suit
Pitié pour les vieux Alzheimer...
Bon j'tai répondu par mail et j'ai oublié de préciser que tu peux m'envoyer pour Phyll aussi !
@+ Louis !
wahou !!! ça tourne au western !!!
et comme quoi, mieux vaux savoir bien compter !!!
(je t'envoi mon adresse par mel)
bonne fin d'année !!! ;o)
Putain les "gones", c'est que vous y croyez dur comme fer au Père Noël. Comme dit plus haut, j'attends un dessin de couverture de mon pote Hubert (une grosse feignasse, alors patientons !!!)
Allez bonnes fêtes en attendant.
T'as intérêt à ne pas nous décevoir ti-Louis, pas vrai Phyll ? !(rire)
ouais !!!!..... sinon, t'aura affaire à la bande du "New York" !!! :o)
Calmos les jeunes, j'ai la couverture et je suis en train de tout relire pour la mise en page (comme je perds la mémoire je vais de surprise en surprise : Elle est chouette cette histoire, non ?)
Pourquoi crois-tu qu'on la commente hein ? ! ! !
Parceque vous êtes des monstres d'ironie et que cela vous fait jouir de vous moquer d'un "pauvre gone". Mais j'espère bien un jour vous rencontrer mes deux lascars.
Tiens, le bouquin est lancé, je devrai le recevoir dans une quinzaine et après il me faut acheter les enveloppes, écrire vos adresse, aller à la poste...Gardez espoirs.
Demain je vais voir "Le Havre" (avec Miche d'ailleurs )et son fameux bar !
Ben moi l'ai même pas vu ce film, j'attends qu'il passe à la TV, là au moins je peux le regarder et faire des arrêts sur image !
Quant à nous voir, Phyll et moi, j'espère bien non mais, on pourra ainsi se dire des vacheries en direct, ben oui la Normandie c'est le pays des vaches non ?
et pi dai.... le père Noël, qu'il soit Lyonnais ou non, on y croit vachement !!!
Salut, je rentre du cinéma (et du bistrot) j'ai vu "Le Havre" d'Aki Kaurismaki un joli conte de noël. C'est très gai? (mais un peu bizarre pour ceux qui ne connaissent pas ce cinéaste) On voit bien Le Havre (mais pas "Le New York !) et les gens du quartier filmé sont drôlement sympas (ça m'a changé de vous !!!)
bises et bonnes fêtes mes lascars.
Ben t'as qu'a v'nir ici, tu verra si les gars du nouille york sont pas aussi sympa que dans le l'film, non mais, y cherche les baffes le ti Louis ! Ah le sacré lascar qu'on a là dis donc ! ! ! !
Bon, les gones, faut aller au lit maintenant, non mais y'a plus d'autorité de nos jours ma pôvre dame ! (avec toutes leurs fusée qui nous détraquent le temps, aussi )
Salut Louis,
avec une journée d'avance je te souhaite de passer un bon réveillon !!!..... j'prendrai un p'tit canon à ta santé !!! ;o)
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