vendredi 19 août 2011

Episode 36

36.


Chez Roger l'ambiance est morose, malgré ou à cause de ces putains de listing. Nous nous remettons à boire tristes et désabusés. A ce stade de l'histoire, il faut bien se rendre à l'évidence : Nous tournons en rond et j'explique à Michel qu'il va nous falloir songer à nous recycler. Mon pote me sourit :
  • Tueurs à gages ?
  • Pourquoi pas ? Nous ne pouvons faire pire, il me semble.
  • Fais attention, toi, tu vas direct à la dépression. Camille ne t'a pas rappelé ?
Je hausse les épaules, ne sachant quoi dire quand Paulo que l'on croyait endormi me sort de ce mauvais pas. Il agite les listings bancaires :
  • Vous savez ce que je vois dans cette liste de villes ?
Nous le regardons perplexes.
  • Qu'est-ce que tu veux voir mon pauvre ?
Paulo imperturbable à la moquerie poursuit :
  • Ce que je vois bande de nases, c'est le championnat de France de Rugby pro D2.
Comme nous le regardons sans comprendre, il explique :
  • Avec Rilleux, nous jouons en pro D2, chaque dimanche dans ces villes. Il sort son agenda tout en me tendant le listing.
  • Regarde, on va vérifier, 15 Janvier, Aurillac. 18 Février Oyonnax, le 30 Valence. Je continue ?
Un simple regard sur la liste des retraits bancaire confirme les dires de mon pote.
  • C'est bon Paulo, et alors ?
  • Et alors ? Vous êtes bouchés ou quoi ? Et si je vous dit que l'Espagne en 2010, l'Italie en 2009 et la Croatie en 2008 sont les lieux de vacances d'Antoine, hein ?
Avec Michel nous sommes sur pied dans un éclair.
  • Merde ! Antoine. Mais tu es sûr ?
  • Réfléchit Michel c'est l 'évidence. Antoine traînait toujours avec nous, il suivait l'enquête pas à pas. Nous lui amenions sur un plateau tous les éléments dont il avait besoin. Quels cons, il n'avait qu'à tendre l'oreille en nous payant à boire.
  • Il faut le trouver, vite! Paulo, tu connais son adresse ?
Comme il acquiesce nous l'embarquons pendant que Joël explique patiemment le truc du championnat de rugby à Lucien qui fronce tellement les yeux pour réfléchir que j'ai peur qu'il ne nous fasse un AVC.
  • Joël, tu restes là avec les autres. Tenez vous prêt et attendez mes appels.
Dans la voiture, Michel continue à ruminer :



  • Antoine, mais comment n'avons-nous rien vu ? C'est évident pourtant.
  • Évident ? Tu rigoles, personne n'a rien vu, il était très discret.
  • Tu parles, il n'avait pas besoin d'être discret avec des branques dans notre genre, non, vraiment, il a du se régaler. Nous lui fournissions toutes les infos dont il avait besoin. Il faut le trouver fissa.
Pendant que Michel transgresse toutes les lois élémentaires du code de la route, et que Paulo répète sans fin que : « Non, Antoine, quand même ! » je préviens Pierre qui me dit qu'il prend les choses en mains.
  • T'étais obligé d'appelé les flics ?
Michel avait sa voix mauvaise, aussi évitais-je de répondre.
  • C'est encore loin ?
Mais avant que Paulo n'ait le temps de répondre, un appel de Pierre me signale que ses hommes sont chez Antoine et qu'il n'y a personne. Ils interrogent les voisins, mais en attendant il me reparle de cette histoire de championnat de France de rugby et je sens bien qu'il l'a mauvaise. Va y'avoir des représailles dans sa brigade. Je souris en raccrochant et Michel me demande élégamment pourquoi j'ai cet air con. « On dirait Lucien ! » Quand je lui explique la raison de ma bonne humeur, il jubile à son tour.
  • Sûr qu'on les a bien baisé, les flics, sur ce coup là.
  • Ouais, bon, mais en attendant, qu'est-ce qu'on fout ?
  • Allons voir la mère, elle doit avoir des trucs à nous raconter.
Tout en roulant vers les monts du Lyonnais, j'essaye de calmer mon ami en lui expliquant que notre découverte, ne fait pas d'Antoine un assassin :
  • Après tout, il peut très bien rendre service à son père en retirant de l'argent à droite, à gauche afin d'éviter à ce dernier de se faire repérer.
Mon discours ne convainc pas Michel qui me le signifie sans ménagement :
  • Mon cul, oui ! Pourquoi le père voudrait se cacher ? Et de qui ?
  • Va savoir, de sa femme peut-être.
  • Ben, on va lui demander dans pas plus longtemps que tout de suite. Elle commence à me courir cette ancienne beauté de village.

2 commentaires:

DAN a dit…

Bon sang mais c'est bien sûr, ça avance à grand pas là !

phyll a dit…

enfin une piste !!!....
bonne parenthèse Corse !!
à bientôt ! ;o)