lundi 20 juin 2011

Episode 28

28.

Au téléphone, Joël me dit qu'ils en ont finit avec leurs investigations au sujet d'Annick et qu'ils aimeraient bien aller fouiller du coté du Clos avec les deux autres. « Ils ont mes listings ? » Un long silence me fournit la réponse, alors je hausse les épaules : « Après tout, pourquoi pas ? Je serai dans le coin, retrouvons nous au bar du bled dans une heure ou deux. » Et j'ajoute avant de raccrocher : « Hé, Joël, je compte sur toi : Pas d'alcool ! » Je mets son nouveau silence sur le compte d'une mauvaise réception téléphonique et raccroche.
La mère d'Aurélie et Pauline ne paraît pas surprise de ma visite. Elle a drôlement bien récupéré et est plutôt radieuse dans sa scandaleuse petite robe noire. Robe de deuil ? Consciente de son effet, elle me sourit. Ses yeux magnifiques jettent mille feux et je bégaye lamentablement que j'aimerais lui parler de son mari. « Mon mari ? Gérard ? Mais c'est loin tout cela. » Je lui rapporte les propos d'Antoine, alors son sourire se fige et elle a de la main, un geste de mauvaise humeur : « Antoine parle trop, il a toujours trop parlé. Gérard était violent, oui, colérique oui, il s'emportait vite oui, mais il ne l'a jamais frappé. » Elle a retrouvé son sourire et essaye de me charmer par de subtils battements de cils. « Et vous ? » « Quoi, moi ? » Encore une fois, je sais qu'elle va me mentir. « Il vous frappait, vous, ou vos filles ? » Elle me jette un regard de mépris : « Si vous croyez tout ce que vous a raconté ce petit affabulateur, pourquoi pas de l'inceste pendant que vous y êtes ? » J'ai une pensée émue pour Michel et sa théorie fumeuse au sujet de Jean Lanterne. J'en ai marre d'être passif, je me lève pour être au dessus d'elle. Elle tressaille :
  • Vous saviez qu'il avait une maîtresse ? »
Elle éclate de rire :
  • L'autre merdeuse, là ? La copine de classe de notre fille ? Pitoyable, absolument pitoyable ce pauvre Gérard. »
  • Vous ne pouvez pas me dire où il se trouve ? J'aimerais vraiment lui parler.
Elle me saisit le poignet pour me tirer à elle, soudain triviale :
  • Laisse tomber. Jean n'est pas là, fais moi un peu la cour.
Je sursaute, alors elle se colle contre moi et je sens sa chaleur, à travers le léger tissu de sa robe. Elle chuchote à mon oreille :
  • Je ne te plais pas ? Tu crois que je n'ai pas vu tes regards. Sur mes seins, sur mes cuisses ?
Je fais un bond pour m'arracher à cet inventaire des délices, pendant une fraction de seconde, j'ai vu de la folie dans son regard. De la violence aussi :
  • La jeune maîtresse de Gérard, dit qu'il n'a pas pu disparaître ainsi. Il l'aimait. Elle pense qu'il a été assassiné.
  • Il l'aimait ! Putain, ce qu'elles peuvent être gourdes ces gamines ! Ouais, et c'est moi qui l'ai trucidé, c'est ça ? Vous êtes ridicule. Il avait une autre maîtresse et ils sont partis ensemble, pas la peine de rameuter Simenon et Agatha Christie.
  • Vous pouvez me donner le nom de cette autre femme ?
  • Et son adresse, son mail et son numéro de téléphone ? Vous croyez quoi ? Que je surveillais les conquêtes de ce coq de basse cour ? Notre couple était un couple à la dérive. Rien que du banal.
  • Parlez moi de Pauline alors, pourquoi a-t-elle disparu elle aussi ?
  • Comme son père, qu'est-ce que vous croyez ? Elle est amoureuse, alors elle quitte tout. C'est de famille, c'est dans les gènes.
  • Et vous ? Vous ne partez pas quand vous êtes amoureuses ?
Elle me jette un regard noir :
  • Mêlez-vous de vos fesses.
Je suis retourné m’asseoir dans le fauteuil, en face d'elle. Elle a un sourire carnassier, sûre d'elle, sûre de son charme.
  • Parlez moi de Jean, alors.
Elle se ferme soudain, fini son sourire conquérant.
  • Je vous ai déjà répondu, à ce sujet. Jean n'a rien à voir dans tout cela.
  • Il me semble bien fragile tout de même.
  • Sa crise de larmes l'autre jour ? Vous l'aviez tabassé et il venait de perdre son boulot. Admettez que tout cela peut fragiliser un pauvre homme.
Elle est redevenu la petite bourgeoise qui s'ennuie, le petit doigt levée. Pendant l'espace d'un instant, j'envisage de la prendre dans mes bras tellement elle dégage de sensualité. Mais je suis un pro :
  • Nous pensons que Jean est un pédophile qui a abusé de vos enfants.
J'ai balancé ça au flan, juste pour voir sa réaction, mais je suis déçu : Elle reste de marbre, ne laissant rien paraître. Encore une fois, je sens qu'elle va me mentir. En fait, elle garde le silence pendant de longues secondes avant de me montrer la porte de son doigt finement manucuré.
  • Je reviendrai.
Elle a ce drôle de regard un peu perdu, un peu absent, et me laisse partir sans rien dire.

4 commentaires:

phyll a dit…

merde !!!... Martin c'est acheté une bonne conduite ??? il a sut résister .... ou alors, il vieillit !?!

Louis a dit…

Il se sacrifie pour l’enquête. Oui, il est comme ça Martin !!!

DAN a dit…

Moi aussi je pense qu'il vieillit, mais peut être que ce jour là n'était pas le siens après tout ça arrive à tout le monde non !

Louis a dit…

Je t'en foutrais moi du vieillissement !!!