mardi 29 mars 2011

Episode 19

19.


Toute l'équipe est chez Roger, comme dab. Nous les rejoignons dans leur apéro du dimanche soir. Un apéro spécial, qui vient du temps ou nous bossions encore à l'usine. Je ne me souviens plus de qui était venu cette idée. Arobase peut-être, qui avait décrété que pour « se préparer à retourner au boulot » le dimanche soir, foin de Pastis, Ricard, bière ou autres vin blanc, mais place à la gentiane. Oui, je crois bien que c'était Arobase qui nous avait ramené cette coutume, il prétendait que ces boissons, Suze, Aveize, Sallers et autres marques mystérieuses, étaient en fait des médicaments. Alors nous en buvions jusque tard dans la nuit. Pour nous préparer à cette longue semaine d'ennuis qui nous attendait dès le lendemain matin. Aujourd'hui au chômage, nous entretenions toujours la tradition, obligeant Roger à des commandes toujours plus exigeantes : Joël de retour d'un séjour dans le Cantal venait de rapporter une préparation soit-disant plus naturelle et ce pauvre Roger avait du faire des pieds et des mains pour nous en procurer !
Nous racontons notre journée à la foule en délire, et les drôles eux, nous parlent de la leur. Arobase et Lucien, se sont occupés des anciens soupirants de Pauline : Thomas et le gérant du Mac Do. Ces deux amoureux ont beaucoup souffert, c'est un fait, mais de là à lui nuire, il y a un gouffre d'après nos « Dupont et Dupond. » « Et le meurtre d'Aurélie ? Y'a t'il vraiment un lien ? » Demande Paulo qui a oublié de s'endormir. Arobase ajoute alors que Damien le gérant du Mac Do connaissait Aurélie. Je sursaute :« Il connaissait Aurélie ? Il t'a dit cela spontanément ? » Arobase prend cet air suffisant qui lui vaut parfois quelques baffes quand Lucien n'est pas disponible :  « Non, tu penses bien, il a fallut le travailler, et... » Joël le coupe brutalement ; « En fait, j'avais une photo des deux frangines, et quand je lui demandé s'il connaissait Pauline, il a reconnu Aurélie. » Les deux pitres prennent un air satisfait. « Vous lui avez demandé s'il connaissait Pauline ? Mais triples buses, elle travaillait pour lui, évidemment qu'il la connaissait. » Je me tourne découragé vers Michel : « Nous n'y arriverons jamais, jamais ! » Alors Michel me pose la main sur l'épaule : « Martin, Martin, pourquoi vois-tu toujours tout en noir ? Qui sait ? L'assassin peut très bien venir ici spontanément et tout nous avouer. » Je hausse les épaules fatigué alors tout le bar se plonge dans ses pensées et dans sa gentiane, sauf Paulo qui reste fidèle au Pastis : « J'suis pas malade, moi ! » Il nous dit qu'Antoine n'est pas venu au rugby ce dimanche. « Je suis passé chez lui, il ne va pas fort. Il m'a promis qu'il passerait un de ses soirs. »
Mais il faut bien avouer que ce qui passionne toute l'équipe maintenant, c'est cette histoire de fiesta dans les monts du Lyonnais. Chacun y va de son avis perspicace et la conclusion n'est pas très originale puisque pour tous, la messe est dite : Nous sommes face à des soirées bourgeoises, très bourgeoises. Des partouzes, n'ayons pas peur des mots. A ce niveau zéro de la réflexion je prends Michel à part pour qu'il m'aide à préparer un topo en vue de notre réunion demain matin chez les flics. Nous nous isolons 5 minutes; profitant d'un moment où Paulo raconte un de ses nombreux séjour à l'hôpital. Comme il s'agit de la fois où il s'est retrouvé dans le coma en tombant d'un tabouret de bar (à cause de ses santiags, hein ! Pas de l'apéro) et que nous connaissons par cœur cette triste histoire nous en profitons pour mettre noir sur blanc toutes les données en notre possession. C'est rapide puisque nous ne savons quasiment rien. J'aimerai que l'on fouille du coté du père disparu, mais Michel hausse les épaules. « On en a rien à foutre de ce type.  C'était il y a des années, et c'était un problème conjugal. Pour moi, la solution c'est Jean le beau père ou peut-être bien ces parties fines dans les locaux de l'association. » « Michel, moi, je ne crois pas aux coïncidences. J'aimerais connaître le fin mot de cette disparition. D'ailleurs, à ce sujet, ils en sont où nos « adjoints » dans leurs recherches ? »Mon pote lève les yeux au ciel et la journée est finie. Je consulte bêtement ma messagerie pour voir, si des fois, on ne sait jamais, un prodige, une folie, si des fois ma petite Camille ne m'aurait pas laisser un message. Vous savez, ce genre de message sans sonnerie, sans vibreur, ce genre de message que même son expéditeur ignore presque qu'il vous l'a envoyé. Un miracle, quoi. Ben non. Rien, nib, nada, que dalle, fifre. Je peux aller me coucher la tête lourde et le cœur vide : Camille est rancunière.

2 commentaires:

phyll a dit…

salut Louis,
mais.... tu es tout excusé pour ton "retard" !!!
et je ne suis pas si sûr que la gentiane va dérouiller les neurônes de nos enquêteurs !!!...(non! pas de baffe !!...) :o)

DAN a dit…

S'ils ne trouvent rien ils vont l'avoir "amer" !