samedi 5 mars 2011

Episode 16

16.

Le clos est une belle maison de maître, entourée d'un parc arboré. Messimy est une petite ville cossue située dans les Monts du Lyonnais, zone résidentielle bourgeoise. Nous sommes reçus par Christian Mange, le directeur, qui nous parle de ce centre autour d'un bon café. « Habituellement, je ne travaille pas le dimanche, mais Rodolphe, mon collègue, a fait la fête hier au soir. » Michel farfouille dans ses notes : « Rodolphe Petit ? » « Oui, c'est bien cela. Il assure la permanence. »

Michel me lance un regard suffisant. Il avait noté les noms des divers protagonistes et le voilà qui se prend pour Maigret, seigneur ! Le directeur, témoin de notre petit manège, sourit. Un sourire plein de condescendance qui ne fait fait qu'accroître mon irritation. On passe pour quoi, nous ? « Parlez-nous de Pauline. » J'essaye de reprendre la main avant que ce type ne nous foute dehors comme les malpropres que nous sommes. « Pauline et Abdul ? Quel couple charmant ! Nous les avons accueillis à cause de la situation juridique de ce garçon. Je fais partie de RCSF, et son cas m'a touché. Nous ne recevons pas de couples habituellement. Là c'était exceptionnel et provisoire. Mais nous avons été surpris par ce brusque départ. Disons carrément une disparition. » Je regarde le directeur : « Et vous n'avez rien fait ? » « Qu'aurions-nous dû faire ? Ils sont majeurs et notre maison n'est pas une prison. Chacun va et vient à sa guise. Nos pensionnaires sont là pour sortir de la rue, nous les aidons à se reconstruire. Comme eux... », nous dit-il en nous montrant du doigt deux types qui traversent le jardin en direction de la sortie. « Ils vont boire un coup au bar du village... Mais ils reviennent toujours. » « Pas comme Pauline », lui rétorque Michel. « Non, c'est vrai. Eux, ils ont filé comme ça, en pleine nuit, sans rien dire. C'est étrange. Inquiétant même, depuis l'assassinat d'Aurélie. » « Vous la connaissiez ? » « Non. » Christian Mange nous dit que c'est son collègue qui avait eu affaire à eux tous. Il est temps de demander l'adresse de Rodolphe Petit, son assistant. Comme il habite dans le village, nous voilà partis à pied sous le soleil d'automne. Le village est vraiment très beau avec toutes ces maisons en pierres de taille. Michel me dit qu'il a trouvé le directeur très sympathique. « Paulo avait raison », et il ajoute en riant : « Pourtant il ne nous a pas payé de blanc ! ». Comme Rodolphe Petit n'est pas chez lui, nous nous dirigeons illico vers le bar du village sans besoin de nous concerter. Le rade est bondé et nous devons jouer des coudes pour nous coller au zinc. Nous nous sentons immédiatement chez nous. Allez savoir pourquoi ? Le comptoir de bois, les lambris patinés ou la moustache du patron ? Toujours est-il que nous ne tardons pas à écluser quelques petits verres ballons. Je joue avec les rayons du soleil qui font scintiller mon blanc quand Michel d'un coup dans les côtes me ramène à l'enquête. Il a commencé à interroger le patron, un gros rigolard qui ne se fait pas prier pour nous expliquer que « Le Clos », au début, personne n'était pour dans le village. « Faut comprendre, ici, c'est calme, c'est bourgeois, alors tous ces SDF ! » Il part servir à l'autre bout du bar, mais ne tarde pas à revenir pour nous préciser que finalement, tout se passe plutôt bien. « Il y a eu peu de problèmes en fait. » Il ne connaît pas Pauline et Abdul, pas plus que les deux dirigeants qui ne viennent que très rarement au bar. Son visage laisse alors deviner un léger agacement, mais la sensation est fugace et il se reprend vite pour nous désigner les deux vieux qui occupent une table au fond de l'établissement. « Eux par contre, ils sont là tous les jours. » Je lui demande ce qu'ils boivent, alors c'est avec nos deux verres et un pot de beaujolais que nous rejoignons la table des deux buveurs.

4 commentaires:

DAN a dit…

L'ami Phyll m'a fait un "topo" de ton histoire, car je l'a prend en cous de route, bon y'a bien quelques détails qui m'échappent, mais en m'y collant (non non j'porte des chaussette) je crois que je vais pouvoir suivre !
Bon vaikende !

Louis a dit…

Ben, si tu veux mon avis, l'ami Phill ferait bien de me faire un topo à moi aussi parce que je commence à me mélanger un peu les pinceaux !!!
Pour le Zola, le cinéma d'Art et d'essai dont s'occupe mon pote Michel
(le vrai Michel)j'écris d'autres histoires alors, c'est le merdier !

DAN a dit…

A courir deux lièvres on en attrape aucun.... à méditer !

phyll a dit…

pour le topo, je te conseille d'aller voir voir le blog "Chez Roger, un bar la nuit..." :o)
sinon, avec ce pot de Bojolpif, allons nous savoir si l'adage "in vino véritas" se révèle être vrai ??!!....