samedi 29 janvier 2011

Episode 11

11.

La rue Royale est une rue pleine de restaurants. Moins touristique que la rue Mercière ou la rue des Marronniers, elle n'est pourtant qu'à deux pas de l'opéra au pied de la colline de la Croix-Rousse. Camille m'a donné rendez-vous à « L'Entre-deux » sympathique petit restaurant tenu par deux jeunes femmes charmantes. J’accélère le pas pour être à l'heure : peine perdue, puisque Camille, déjà solidement installée, m'accueille d'un glacial : « Tes potes t'ont retardé ? » Nous sommes d'entrée au cœur du problème. De notre problème ! Mais je refuse de me laisser entraîner de suite sur ce terrain. « Que tu es belle, laisse-moi t'embrasser ». J'essaye de poser mes lèvres sur les siennes, mais elle se détourne vivement. Nous commandons un petit verre et elle semble se détendre. Je lui répète qu'elle est belle, mais elle hausse les épaules. Pourtant je n'exagère pas, il n'y a qu'à voir les regards que lui jettent les hommes. Nous échangeons pas mal de banalités avant qu'elle ne me parle de « mon nouveau boulot ». Elle me dit qu'elle était à l'école avec Aurélie. « Je les connaissais bien lorsque ils habitaient la Croix-Rousse, Antoine m'a même dragué à une époque. » Alors je raconte un peu l'histoire de Pauline, sa disparition et nos difficultés à enquêter. « Avec les pitres que vous avez embauché, vous ne risquez pas d'aller loin. » Elle n'a jamais aimé mes potes, c'est un fait, alors je continue à raconter, en faisant mine de ne rien avoir entendu. Je ne veux pas la perdre dès nos retrouvailles. Je lui demande de me parler de cette famille puis de me parler d'elle, et elle me raconte ses difficultés au boulot. C'est incroyable comme les gens ont mal à leur travail. Je me fais la réflexion qu'il va nous falloir, Michel et moi, repartir en croisade pour calmer quelques cadres et patrons indélicats. Le repas avance doucement et je remplis souvent son verre, mais elle n'est pas dupe : « Tu veux me saouler ? ». Elle se fait mutine pour glousser : « Tu me désires ? » Voilà, elle est comme ça ma petite Camille. Ses mots me troublent plus que de raison et elle s'en aperçoit en riant. Je veux la ramener chez elle, mais elle décline mon offre et je reste comme un con. Alors je retourne chez Roger noyer mon chagrin. Michel veut me parler de l'affaire, mais je l'envoie balader. Je me mets minable et je reste au lit pendant trois jours.

Dés ma sortie de coma, je retrouve les potes chez Roger. Toute l'équipe est là. Il y a même Antoine le frère de Pauline. Il ne quitte plus Paulo, le bougre. Michel me fait un petit topo rapide. « Nos guignols ont retrouvé Thomas Dulac, l'amoureux de Sandrine, un jeune branleur qui n'a toujours pas digéré sa rupture. » Je regarde mon ami : « Tu penses qu'il peut l'avoir tuée ? » Michel ricane : « Cela m’étonnerait, mais je ne suis pas devin. Par contre, Aurélie a retrouvé des photos et un carnet chez sa sœur. Elle est un peu déçue. D'après elle, il n'y a rien d'intéressant là- dedans, mais je dois tout récupérer ce week-end et nous jugerons. »

Ce week-end, justement, je vois Camille. Quand je passe chez elle pour l'emmener au restaurant, je suis fébrile comme un jeune puceau. Elle me propose un verre et sa mini-robe noire n’améliore pas mon état. J'ouvre en tremblant, la bouteille de vin qu'elle me tend et nous trinquons, mais je ne peux résister plus longtemps, alors je la prends dans mes bras et cette fois elle ne me dérobe pas ses lèvres. Une bombe atomique explose alors sous mon crâne et nous tombons brutalement sur le canapé. Puis nous tombons sur le tapis, nous tombons sur le plancher et si elle n'avait pas fermé solidement sa porte, nous serions certainement tombés sur le palier puis dans les escaliers. La table basse, les verres et la bouteille ont volé en éclats et notre étreinte ameute tout le quartier. Après l'orage, Camille sourit : «Tu as du sang partout. » Merde, je suis entaillé de toutes parts. « Et tu sens la vinasse. » Elle glousse : « On va être chouettes au restaurant! » Nous restons enlacés et je vais l'embrasser quand mon téléphone sonne. Le sourire de Camille s’efface immédiatement, et je me sens minable. Pourtant je récupère mon portable. C'est Michel qui d'une voix blanche m'intime l'ordre de le rejoindre immédiatement au Zola : « Grouille, c'est grave ! » Alors sans regarder ma petite princesse, je me lève pour m'habiller. Quand je franchis la porte, Camille me crie : « Va, va, retourne au bistrot, c'est ta vie, c'est ton destin, non ? »

La nuit est tombée et il pleut. C'est complet ! »

1 commentaire:

phyll a dit…

Merci Louis pour cette sympathique dédicace !!!
et merci aussi pour cette scène torride !....
ps: c'est tout de même dommage pour la bouteille de pinard...merde !!! ,o)