dimanche 26 décembre 2010

Episode 06

6.

La villa de la famille se trouvait dans un joli petit village des Monts du Lyonnais. La villa elle-même était très jolie. Coquette et riante. Pas comme le mec qui se tenait dans l'embrasure de la porte. Un géant barbu qui nous dévisageait sans aménité. Après avoir écouté notre baratin d'un air maussade, il cracha méchamment : « C'est Antoine, ce débile, qui vous a raconté ces conneries ? Vous n'êtes même pas flics, je n'ai rien à vous dire. » Il allait fermer la porte, alors, qu'est-ce que vous voulez, on ne se refait pas. Michel lui a collé un phénoménal parpaing en travers de la gueule, et l'autre, tout géant qu'il était, a mis un genou à terre. C'était suffisant pour nous permettre d'entrer, en lui marchant dessus. Une bonne discussion s'imposait. Nous avons traîné au salon ce type, décidément bien fragile, quand une femme a fait son apparition. La situation menaçait de mal tourner, alors j'ai coupé court à toutes jérémiades. « Votre mari a glissé. Vous auriez ce qu'il faut pour le réparer ? » Elle nous regardait effarée, mais l'homme ensanglanté lui fit un signe et elle disparut d'une rapide volte-face. Je la suivis par précaution, mais c'était inutile, puisque dans la salle de bain, elle fouillait fébrilement l'armoire à toilette. Elle avait dû être une très jolie femme et elle restait encore très belle avec ses cheveux dénoués et sa petite robe d'été. « Calmez-vous, nous voulons simplement vous poser quelques questions. » Elle me jeta un regard craintif qui me mit la honte. « C'est votre fils qui s'inquiète au sujet de Pauline. » Là, je vis bien qu'elle reprenait rapidement son sang-froid. Avant de rejoindre le salon, elle me saisit le bras : « Pourquoi avoir frappé Jean, il n'y est pour rien dans tout cela. Vous ne pouvez pas comprendre, personne ne peut comprendre. » Nous retrouvâmes les deux autres, tandis que je restais songeur. « Vous ne pouvez pas comprendre ? » J'aurais voulu lire au fond de ses yeux, mais soignant l'homme blessé, elle me tournait le dos. « Parlez-nous de Pauline. Elle habite chez vous ? » « Elle habitait ! » C'est la femme qui avait parlé. Après avoir fini les soins, elle s'était retournée et me regardait fixement. J'hésitais quant à la couleur de ses yeux. Gris ? Verts ? Beaux en tout cas, elle le savait et elle en jouait. « Il y a quelques jours, elle nous a déclaré qu'elle voulait rejoindre son père, et depuis nous sommes sans nouvelles. » Michel qui ne quittait pas le type des yeux posa la question que j'allais poser : « Et vous ne vous êtes pas inquiétés ? ». Elle haussa les épaules, résignée : « C'est une grande fille, vous savez ? Elle est très indépendante. » Le beau-père leva la tête pour ajouter : « Tu peux dire chiante, n'ayons pas peur des mots. » Claire eut une moue disgracieuse avant de se reprendre et de sourire : « Mon ami a été déçu par ¨la gamine¨, comme il l'appelle. Vous savez, elle avait 17 ans quand nous nous sommes mis en ménage et il s'est beaucoup occupé d'elle, il l'a beaucoup aidée. » « Les deux autres me détestaient. » Surpris, nous regardâmes l'homme toujours sanguinolent (il est hémophile ou quoi, ce mec ?). « Quoi ? Qu'est-ce que vous pouvez savoir de notre vie, vous deux ? Se retrouver avec trois grands enfants. Vous croyez que c'est de la tarte ? J'en ai marre. Barrez-vous, vous me faites chier. » Et il éclata en sanglots, nous laissant déconcertés. Sur un signe, nous suivîmes la femme qui nous dit qu'il valait mieux partir. « Il est à bout, il vient de perdre son emploi. » Avant de nous ouvrir la porte, elle nous expliqua que sa fille suivait des cours à la fac de Lyon 3 et que son petit ami s'appelait Thomas Dulac.

Chez Roger, Michel me dit que ce type, le beau père, il ne le trouvait pas net. Et comme je l'interrogeais du regard, il me précisa qu'il allait fouiller de ce côté. J'étais sceptique. Pour moi, je pensais plutôt traîner vers Lyon 3, et finalement Michel quand je lui parlai de toutes ces jeunes étudiantes, se rangea à mon avis. « Nous irons là-bas demain, je te paye un verre ? » Comment refuser tant d'amour ?

3 commentaires:

phyll a dit…

un vrai sésame le coup du parpaing !!! :o)
bonne fin d'année à toi et à toute l'équipe d'enquêteurs en herbe !!!

Louis a dit…

Ah, Phyll ! Tu arrives à lire ? Quel courage. Patience, bientôt des morts !!! Bonnes fêtes

Papa de Lili a dit…

De plus en plus prenant cette histoire! Voilà donc une année 2011 qui s'annonce bien! Mes meilleurs voeux Louis, beaucoup de bonnes choses!
Amitiés.