jeudi 10 décembre 2009

38. Vous avez demandé la police ?

Après notre piteuse avant-dernière aventure, Guy notre pote l’aveugle n’a pas voulu quitter Lyon avant que nous n’ayons pu venger l’affront. Julot qui l’accompagne, fait un peu la gueule. « Je vais rater la foire aux vins de Tain L’Hermitage »Mais personne ne l’écoute quand Michel explique qu’il connaît le bar où nos adversaires ont leurs habitudes. Avant l’expédition nous allons manger un copieux couscous près de la place du Pont à la Guillotière. Couscous bien arrosé, pimenté de quelques fines blagues faites à Guy. C’est méchamment entamés que nous rejoignons la scène du drame, un bar bien sordide dans les profondeurs de Vaise. Outre Guy et Julot il y a ce soir toute la fine équipe. Arobase qui était absent l’autre soir entre le premier pour repérer les lieux. Nous attendons planqués à l’extérieur. Nous ne faisons pas les malins. Déjà qu’ils nous ont humilié chez nous, ça risque d’être dangereux dans leur fief. Au bout de quelques minutes, alors que Michel fait de l’humour en expliquant à Julot comment l’intelligence et la finesse d’Arobase vont nous être utile et que Guy commence à ronchonner comme quoi il se gèle les couilles, l’autre artiste sort du bar pour faire semblant de fumer. D’un geste sans équivoque il nous signifie que la situation est délicate. Très délicate si l’on en croit son visage tordu par la peur. Nous allons nous replier prudemment quand Guy qui évidemment n’a rien vu et qui n’est pas d’humeur à traîner plus longtemps, déplie sa canne blanche, s’accroche au bras de Lucien et s’avance vaillamment vers le bar. Comme au ralenti, nous suivons fascinés cette scène irréelle. Arobase jette sa clope et ouvre la porte à nos potes. Lucien qui n’en mène pas large entre dans le bar comme un chrétien dans l’arène (c’était le bon vieux temps !) Nous hésitons l’espace d’une seconde mais Paulo dit que « l’allée à Jacques ta laisse » ce qui en latin (il a été enfant de chœur) signifie que l’on va en prendre plein la gueule, alors nous entrons tous dans le bar. Le lieu est plutôt sympa, sombre et plein de recoins. Plein de gonzesses aussi et ça, cela nous surprend. Nous nous regroupons contre le comptoir et en attendant d’être servis nous faisons un petit état des lieux. Y’a un silence plutôt réussi. Y’a des types avec des sales gueules partout. Nous restons prudemment groupés et silencieux. Mais pas notre Guy qui agite sa canne en beuglant qu’il se taperait bien une fille de Vaise. « Paraît qu’elle sont bonnes » Les gars se sont levés pour nous entourer. L’ambiance s’alourdie si c’est possible. Comme si de rien n’était, on attaque courageusement nos bières, mais Guy en remet une couche en disant aux mecs qu’il y a maldonne, s’il connaît leur réputation de lopettes, lui il confirme que c’est bien une fille qu’il veut. « Désolé les gars, vous pouvez aller vous rasseoir, ce n’est pas ce soir que vous connaîtrez l’orgasme » Houlala, ça craint un max. et je vois déjà briller les regards et les couteaux. Nous ne sortirons pas vivant de ce bar. Arobase qui n’est pas entré avec nous effectue une retraite péteuse et discrète. Bon, il faut bien se résoudre à combattre. Julot toujours pragmatique demande à ce que l’on boive avant. Nos adversaires consentent et nous voilà tous à siroter nos bières avant l’orage. « Vous êtes quand même gonflés de venir nous défier chez nous »
« Vous êtes bien venu chez nous ! » Un dialogue va s’engager et l’espoir renaît, mais c’est trop pour Guy qui jette son verre à la gueule de son voisin en disant que l’on n’est pas la pour faire des phrases. Le mec reste con et l’aveugle en profite pour le sécher d’un direct à la mâchoire. Ca crie dans tous les coins et on va s’empailler hardiment quand les flics font leur entrée. « Je l’ai eut, je l’ai eut » beugle un Guy surexcité. Nous n’avons aucun mal à expliquer à la volaille que des voyous, « armés monsieur l’agent ! » s’en était pris honteusement à un handicapé. Une fois les mecs embarqués nous avons pu boire et draguer peinard. Nous aurions pu tenir la nuit si Julot ne nous avait pas obligé à rentrer au prétexte qu’il n’y avait pas de bon vin dans ce rade. C’est soulagés et rigolards que nous avons rejoins la Croix Rousse en longeant les quais de Saône. Sortant de l’obscurité, Arobase nous a rejoint. Il a vite coupé court à nos moqueries et quolibets en nous montrant son téléphone dernier cri : « C’est quand même moi qui ai averti les flics ! »

6 commentaires:

Papa de Lili a dit…

Alors là! Chapeau... Le courage (même stupide) mérite d'être salué! Mais aussi la présence d'esprit vacharde d'Arobase... A suivre donc...
Amitiés.

Francis a dit…

Ca m'a bien fait marrer, l'aveugle qui cherche à tous prix la baston quand les autres cherchent à temporiser. La fin est un peu moins glorieuse mais comme on dit : la santé avant tout !

Arobase a dit…

allo, allo il n'y a pas d'abonné au numéro demandé !!!!

BBK.mel a dit…

Quand je pense que Martin s'abaisse à prendre un handicapé comme prétexte ! Pfff, on l'a connu plus glorieux !

flo de l'isére a dit…

l'intégration dans la société des handicapés est un fait d'actualité il est vif d'esprit il a de l'avenir comme pilier de bar sauvé par nos amis volatiles
une bonne fin d'année le passage a la dizaine supérieur est il bien digéré embrasse la monnette et toute sa suite biz

Louis a dit…

Petite Flo, comment vas-tu ? Donne moi de tes nouvelles. Je t'embrasse très fort
Le I !!!!