lundi 19 janvier 2009

Z'Invité N° 14 De l'hémoglobine sur l'Agora par Alain

Une minuscule place au milieu de Lyon ! Au bout du
petit square, comme surgi de nulle part, une silhouette vient d'apparaître ! Un homme grand, mince, visage en lame de couteau. Costume sombre trois pièces, nœud papillon, vernis et feutre noir ! Il ne ressemble en rien aux habitants du quartier !
D'un recoin une ombre s'avance. Le visiteur la regarde, les lèvres minces sourient : « C'est vous ? » « Oui ! Vous êtes le... l'Architecte ? » « On peut dire ça comme ça ! ».... « Vous savez ce qu'il faut
Faire ? Il nous reste peu de temps ! » « Ce sera fait ce soir ! ».......

« Alors c'est le bar ? » Air dubitatif de Martin, bière en main, devant la nouvelle maquette ! Roger rayonne : « Il a de la gueule hein ? » Au bar des Sports Michel, Lucien, Johnny et quelques acolytes admirent le bâtiment minuscule ! « Quand je pense, ajoute Roger, que ce con de Simon voulait m'acheter le droit de construire ! »
Martin réfléchit un instant : « Ah ! Oui ! Le rouquemoute avec une sale tronche toujours au bout du comptoir... T'as bien fait de refuser ! » « Oui, répond Roger, mais faut faire fissa : si dans cinq jours j'ai pas commencé à construire, je perds la concession ! ».
La porte du bar s'ouvre, une main tenant un pistolet s'avance au bout d'un bras vêtu de noir, deux coups de feu claquent ! Panique
instantanée, Bob réagit pour une fois avec intelligence : d'un geste il
plonge la salle dans l'obscurité. On devine que la main se retire, la porte se ferme ! Martin bondit mais trop tard, la petite rue est vide.
La lumière revient, deux corps gisent sur le sol, Lucien dont la blessure paraît grave, Roger qui soutient un bras ensanglanté et regarde, désolé, la maquette en morceaux ! « Appelle le SAMU, vite ! » Mais Bob s'y oppose : « Pas de flics ici... Le docteur Retap habite à deux portes ! C'est un ami, il va arranger ça ! » Le toubib évacue Lucien. Martin a sa gueule des mauvais jours. Il s'approche, pose la main sur l'épaule du blessé : « Je trouverai qui t'a troué la peau ! T'expédier à l'hosto y a que moi qui ai le droit ! ».......

« Alors ? » « Raté, un mec a joué les pare-feu... »
« Si seulement la breloque du Roger avait pété un ressort pour de bon ! »
« Tout n'est pas perdu. Suffit d'empêcher les matériaux d'arriver ! Sans eux, pas de construction... » « O.K ! Tachez de faire mieux que ce soir, sinon la prime : tintin ! »......

« C'est du Simon tu crois ? » « Possible ! » Un silence, Roger reprend : « Il me faut rapidement des matériaux. Ton pote le
routier pourrait nous aider ? »...
« Alain ? J'ai besoin de toi ? » « Oui ! » « A
Bagnols-sur-Cèze ! Chez Siporex ! Prendre la commande de Roger ! » « J'y serai demain ! » « Attention ça sent le barouf... Je te retrouve là-bas ! » Voilà un drôle de binz ! Avec Martin on peut s'attendre à tout !

Chargé de blocs de construction on déboule sur la N.86. A coté de moi Martin et Johnny. Mon pote me met rapidement au parfum :
« Vont certainement nous empêcher d'arriver... » « Un traquenard pourri ? » « C'est pour ça qu'on est là ! Michel veille sur Roger ».
La N.7. Nous passons Estressein. Peu de circulation, juste une voiture noire à deux cent mètres devant nous qui disparaît après un virage. Johnny demande : « On pourrait faire une pause pipi ? » Un parking, le grand opère. Une voiture de gendarmerie tous gyrophares allumés passe en trombe ! Ca ne nous concerne pas ! On repart... Le virage...
Plantés au milieu de la route deux gendarmes trépignent autour d'une auto aux quatre roues crevées ! La chaussée est couverte de clous à trois pointes ! D'un chemin de traverse une berline noire démarre. Martin rigole : « Johnny, ta vessie a sauvé nos boudins ! De l'utilité d'une bière ! ». Route balayée nous repartons ! Une dizaine de
kilomètres, je remarque un tube Citroën arrêté sur une route transversale. Instinct ! Avant le croisement je ralentis. Le tube démarre brusquement, visant notre tracteur. Je bloque net, marche arrière, je fais rugir le moteur... Surpris par la manœuvre, le chauffeur qui croyait nous percuter, frôle juste notre pare-chocs. Il n'a pas le temps de freiner, s'envole sur le talus, fait plusieurs tonneaux et s'immobilise sur le toit cinq mètres en contrebas ! Aïe ! Ca doit faire mal... Sans autres avatars nous arrivons sur la place. Il
y a là quatre individus qui déambulent. Des costauds, amateurs de base-ball, leurs battes à la main. C'en est trop pour Martin ! A la volée il saute du camion suivi de Johnny ! Le rififi commence... Surgissant de l'emplacement du bar, Michel et Roger viennent participer à la baston ! Vols de pieds et de poings ! Les visages se marbrent, les arcades éclatent, les dents se débinent en chapelet ! La couleur rouge sang domine ! Les battes changent de mains et vont se casser sur les dos des quatre loubards qui préfèrent abandonner le terrain ! La place dégagée, Michel se dirige vers un coin sombre. Il en revient traînant par le colback : main gauche ''l'Architecte'', main droite le Rouquin ! Martin s'approche de l'Architecte : « C'est toi le
mec qui as fait un carton sur mes copains ? » Il n'attend pas la réponse, son bras se détend, le poing s'écrase sur le visage de l'homme en noir qui devra changer ses photos d'identité. Il avait un visage, il lui reste une gueule ! Le rouquemoute n'est pas mieux traité par Roger ! Mais comme il reste debout Martin lui colle son acolyte sur le dos : « Vous partez vivant ! Pour le rester, gardez vos tronches loin d'ici ! ».
Le lendemain au bar des Sports, ce futur proprio de
Roger abreuve tous les clients, ce qui amadoue le gros Bob ! Martin déclare :
« Allons voir Lucien. »
Pâle, allongé sur son lit, le blessé sourit en nous voyant : « Salut les gars... Martin t'es là ! Alors je suis ton pote maintenant ? ». Martin le regarde sévèrement : « Si tu commences à raconter des conneries, quand tu seras guéri, je te renvoie à l'hosto ! ».

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est très très drôle, Alain, j'ai adoré la fin. Et aussi la petite phrase sur le fait que celui à qui on a cassé la figure doive changer ses photos d'identité. :-)))))
Par contre, c'est bien ce que je craignais, ce cher louis a déteint sur toi... ralala, encore du sang !
Stop à la violence, les garçons ! Et vive les fleurs !!
:-p

Louis a dit…

Oh Profette, la vie serait bien triste si on ne pouvait pas s'inventer d'autres univers. Et jure moi que tu ne préfère pas un voyou élégant et canaille ?

Anonyme a dit…

Ouh ça change! te voilà relooké en blaze de cuir clouté, Alain?
Se méfier de l'eau qui dort! ;0)

Anonyme a dit…

Elle est très "peace & love" notre Profette ! Quand à moi, j'ai retrouvé quelques éléments d'Astérix et Cléopâtre dans cette histoire. Comparer Alain à Goscinny, voilà qui est gonflé !