dimanche 6 avril 2008

Z'invités 006 L'Australie par Andy

L'Australie

23h00. Je titube dans la rue mal éclairée, manquant de me vautrer à chaque instant. Les passants me regardent d’un drôle d’air et je le leur rend bien : c’est un jour sans.
Un jour sans ? Voyez-vous, je considère qu’il y a 363 jours par an où ça va…ou à peu près, disons. Je me réserve 2 jours où je suis…exécrable.
En plus de la Toussaint, bien sûr, qui est une période ma foi...déprimante (que celui qui a déjà vu quelqu’un heureux à la Toussaint me paie une bière).
Les feuilles tombent, les belles filles remettent leur bikini au placard, c’est la rentrée et on dit bonjour à l’hiver. Bref, un jour sans c’est un jour où je suis agressif, où je bois comme un trou pour oublier, où je suis morose.
QUI a dit « un jour comme les autres pour toi ! » ?! Je scrute l’assemblée des lecteurs, personne ne bouge. Rheum, c’est bon pour cette fois…Je continue. C’est un jour sans et je me dirige Chez Roger.
Je mets un certain temps à comprendre qu’il faut pousser la porte du bar et non pas la tirer, et une fois à l’intérieur, je m’écroule sur un tabouret au comptoir.
Je beugle : « Rogeeeer, une bière ! »
Roger arrive, traînant les pieds.
« Martin, t’exagères, j’avais un super coup avec la p’tite brune là-bas ! », qu’il me dit, bougon.
« Sers-moi au lieu d’parler. » je réclame.
Je vide le verre cul sec et le représente :
« Encore. »
« Ouh, ça va pas toi » observe Roger en me resservant
Je marmonne : « T’es perspicace, wahou »
Un client a laissé un magazine traîné sur le comptoir, je l’attrape et le feuillette distraitement. Le gars devait pas être drôle, c’est une revue de Sciences. Pas une fille en maillot d’bain, pas un article sur une jeune actrice. L’ADN, l’optique, le cerveau…passionnant. Je tombe sur une pub pour une agence de voyage et je dis soudain :
« Roger. Faut que je parte, j’ai envie d’voyage, d’Australie, de Japon, je n’sais pas… »
« Toi ? T’as peur de l’avion, tu veux partir comment ? En bicyclette ? » Et il éclate d’un gros rire rauque. Il ajoute après un moment « Allez, Martin, t’es déjà complètement beurré, arrête la bière et va te coucher. »
« Je sais encore ce que je dis ! Et je te dis que je vais partir. J’en ai marre d’ici, faut que j’me barre, une semaine ou deux…Y’en a que pour Arobase, elles sont toutes à ses pieds, et vas-y que j’te fais une p’tite chanson, et vas-y que j’t’offre ceci, cela…Les potes sont toujours à droite à gauche et l’pauvre Martin, y peut crever, tout le monde s’en tamponne ! » Je commence à m’énerver.
Je vois Roger lever les yeux au ciel, il marmonne « Et c’est r’parti ! Tu nous gaves avec tes mièvreries».
Ca y est, je m’énerve. Je hurle, je renverse les chaises, je me fais une mono révolution sous le regard inquiet des derniers clients. D’un coup, quelqu’un m’attrape par le col et je me retrouve le nez sur les pavés : Roger m’a viré.
« Ouais, eh ben…eh ben c’est ça, on en reparlera quand je reviendrais d’Ausratlie ! D’Ausra… » je bégaie sur le trottoir.

Deux semaines plus tard

« Martin ! Ca y est, t’es calmé ? Ca fait un p’tit moment qu’on t’a pas vu ! » m’accueille Roger « Mais dis donc, t’es tout bronzé, t’étais passé où ?! »
J’annonce fièrement :« En Australie, l’ami ! »
Je m’assois au comptoir, bientôt rejoint par les copains. Je raconte mon voyage, les kangourous, le désert, les rues, les coutumes…Arobase n’en mène pas large !
Un bon nombre de verres plus tard, la p’tite bande partie, je fais signe à Roger de s’approcher.
Il penche sa tête vers moi, l’oreille tendue.
Je chuchote : « L’avion en vrai c’est trop génial ! »
« Ah bon, qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? » demande-t-il, étonné.
« C’est le seul endroit au monde où on boit gratos et duquel je ne me fais pas virer, même si j’suis bourré !! »

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellent ! Ce brave Martin a en effet compris tout l'intérêt de l'avion !!

Anonyme a dit…

Très bonne, la chute ! ;-)) (ooops, pour un avion, c'est pas bon de parler de chuter... :-p)