dimanche 10 février 2008

Un nouvel invité chez Roger (par Bernard)

Le Rhône avait ce soir là des relents de pourriture, mauvais présage. Un froid spectral saturait l air glacé. Mon fantôme remontait le cours du fleuve le long d un quai désert. Une soif, une soif inassouvie paralysait mes papilles. Alors pour ne pas être idiot, j’atterris chez Roger un lieu hors du temps sur les pentes de la Croix Rousse, un bar qui avait la particularité de ne posséder aucun miroir pour me trahir, un seul si dans les toilettes, mais j’étais le seul à le savoir
- Bonsoir Comte, fermez vite ce soir il gèle à pierre fendre
J’entrai et me dirigeai vers le bout du comptoir en apercevant à quelques tables de là, des habitués.
- A qui le dites-vous, je n’avais vu ça depuis des siècles !
- Un petit ballon de sang du peuple je l’ai trouvé à Métro !
- Si vous me prenez par les sentiments, alors un petit ballon, mais je doute quand même. ..
Un tube des Rubetts criait son rock sur un vieux juke-box, je profitais de ce moment festif pour porter le verre à mes lèvres. Du sang du peuple, mais pauvre ignorant … Alors, il valait mieux faire semblant juste un peu, donner l’illusion.
- Jamais un verre de trop, on fera de vous un centenaire, parce que des poivrots des assoiffés, j’en ai pas mal mais il faut bien vivre.
- On survie.
- Votre retraite se passe bien, vous êtes plutôt oiseau de nuit.
- J ai de vieilles habitudes, j’avais un travail nocturne, je suis un temps soit peu décalé.
- Michel !
- Il s’appelle comment le nouveau toubib qui a ouvert il y a une quinzaine au 28 ?
- Docteur Van Helsing.
- Van Helsing, c’est toujours bon à savoir, au 28, il vient boire son apéro vers midi.
- Michel je paye la mienne. - Merci Monsieur Le Comte, voilà un gentleman ; venez vous asseoir avec nous on causera un peu.
- Non pas ce soir, je vais rentrer, merci je ne vais pas tarder.
- J’arrive j’arrive les gars, et puis une autre nouvelle, vous ne pouvez pas savoir je n’ai pas encore mis d’écriteau tout fonctionne de bouche à oreilles, le jeudi matin un écrivain public boit plus qu’il n’écrit, enfin ça amène un peu de monde il se nomme Bram Stoker, un étranger comme le toubib avec un accent, vous avez un accent vous aussi des pays de l’Est ?
- La Transylvanie.
- Et vous êtes arrivé il y a longtemps en France ? - Très longtemps.
- Vous n’avez jamais demandé la nationalité française, pas de papier bien sûr.
- Non.
- Eh Michel ! Monsieur le Comte, c’est un clandestin, un sans papier. – Vive Monsieur le Comte !
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, la porte s’ouvrit sans retenue et grand bruit et l’un des quatre hommes, le plus âgé éructait à vous glacer le sang.
- Messieurs contrôle de police, sortez vos papiers d’identité…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bienvenue au nouvel invité.

Anonyme a dit…

Et un vampire sans papier on aura tout vu...