samedi 15 octobre 2016

40. Dernière nuit à Lyon.


Encore une fois, Paulo avait raison et nous allons repartir à la conquête de la « Drôme Provençale » comme le dit le syndicat d'initiative. Toute la troupe sauf Arobase et Joël qui sont amoureux en ce moment. J'aurais bien échangé ce con de Lucien contre Jo, mais aucun des deux n'a été d'accord. Lucien aime trop la cave de Julot et il aurait fallut l'abattre pour qu'il ne nous suive pas, quand à Jo, quand il est amoureux, il régresse. Ce n'est pas moi qui vais critiquer, quand on voit mon attitude vis à vis d'Emma. En parlant d'Emma, j'ai, avant de quitter Lyon, organisé une réunion entre Garnier et Slimane. Initiative plutôt osée qui n'a pas manqué de surprendre les deux intéressés. Mais qui s'est révélé plutôt positive, étant donné que notre vieux flic était ravi de voir avancer cette affaire et Slimane en a profité pour évoquer une éventuelle question de dédommagement des familles des victimes. J'ai d'abord été surpris, voire choqué avant de réaliser la formidable opportunité qui s'offrait à nous de clore ce dossier au mieux. Rigaux, grâce à Claire, n'a pas été trop difficile à convaincre. Le plus compliqué a été de convaincre Garnier de la pertinence de ma théorie de la culpabilité de Gianni et je ne suis finalement pas mécontent de moi. Michel à l'exposé de mes décisions a haussé les épaules, montrant par là, à quel point il se désintéressait de ce côté de l'affaire. Depuis j'attends un appel d'Emma me suppliant de revenir. C'est dire la couche que je tiens. Tout cela pour dire que nos derniers jours à Lyon ont été bien remplis. Pendant que je balançais sans scrupule un rival amoureux (Une belle crapule, tout de même!) les amis multipliaient les entretiens avec les divers protagonistes de l'affaire des disparitions. Le recoupement de toutes ces données nous confirmait dans notre vision de la chose : C'est à Nyons que tout se devait se passer.
  • Quand un homme comme Ogier décide de se venger, après des années de rumination, on peut s'attendre à ce qu'il ait bien préparé son truc.
  • Tout de même, il a disparu brutalement.
Nous sommes réunis ce soir là chez Christophe, veille de notre départ et nous profitons des bienfaits de l'alcool pour affiner nos idées. Paulo penche pour une mort brutale d'Ogier alors que Michel et moi sommes plutôt adepte d'une « disparition volontaire »
  • Il a bien déserté une fois, pourquoi, une fois sa vengeance accomplie, n'aurait-il pas de nouveau « changé de vie » C'était une formidable occasion, non ?
Christophe, et c'est bien compréhensible, s'oppose à cette théorie. Pourtant, ça se tient. Voilà un homme vengé et riche puisque il a réussit à prendre de l'argent à ses victimes comme nous l'a expliqué son fils. Pourquoi n'aurait-il pas refait sa vie ? Il avait autour de 40 ans en 81. Un age parfait pour une nouvelle aventure. En tout cas, c'est une possibilité bien séduisante pour nous qui aimerions tant le rencontrer et se faire expliquer cette garde un soir de 1961 en Algérie. Mais malheureusement, l'opinion de Paulo tient drôlement bien la route. Christophe, nous raconte comment notre théorie est naze, tant le couple que formait ses parents était fort.
  • Il est idiot d'imaginer une fuite de mon père. Cela ne tient pas.
  • Christophe, excuse-moi de te dire cela, mais tu es mal placé pour juger. Tu n'as que la version de ta mère.
Christophe ne répond rien, mais je vois bien qu'il n'adhère toujours pas à notre idée. Alors, pour apaiser l'ambiance je raconte mes entrevues avec Rigaux qui s'est montré beaucoup plus bavard dés qu'il a été question de l'autre affaire : Les morts de Nyons. Car il est vrai que j'ai passé pas mal de temps avec ce vieux monsieur. Quelqu'un de fascinant. Il m'a subjugué en me racontant toutes ses aventures. Après avoir réglé nos petits problèmes il m'a expliqué ce qu'il avait ressenti à la mort de Bertrand Garde :
  • J'ai tout de suite sut que cela avait un rapport avec la guerre d'Algérie.
  • Pourquoi ?
Il a sourit :
  • A mon Arrivée en France, j'ai continué à faire des affaires avec Garde. Avec Guerin aussi.Alors lorsque j'ai appris que Garde avait été assassiné à Nyons, j'ai tout de suite fait le rapprochement. J'ai d'ailleurs appelé le vieux Guerin pour le prévenir.
  • D'autant que la mort de Maboso quelques jours plus tard n'a fait que confirmer vos doutes.
  • Pffffffffff ! Pas du tout, personne n'a parlé de Maboso, que je connaissais peu, d'ailleurs.
Il m'a répondu vertement. Il n'est pas facile ce vieux.
  • Et vous avez pensé à Ogier tout de suite ?
Il réfléchit et je crois que l'entretien va se terminer brutalement quand il reprend :
  • J'ai hésité. Ces jeunes militaires, je ne les connaissais pas trop finalement. C'est Ali qui allait sur le domaine. Mais oui, c'est vite l'hypothèse « Ogier » qui s'est imposé. Mais c'était juste une intuition, parce qu’ils étaient nombreux à vouloir la mort de Garde. De plus, j'ignorais qu'Ogier était vivant.
  • Vous en êtes certain aujourd'hui ?
  • Pas vraiment, c'est Guerin qui m'a parlé de cette hypothèse.
  • Qu'en savait-il, lui ?
Il lève les yeux au ciel :
  • Ah, ça je l'ignore. Mais il connaissait mieux que moi ce qui c'était passé là-bas cette fameuse nuit où Didier Chapet a perdu la vie.
  • Garde, lorsque vous alliez chez lui, ne vous en a jamais parlé ?
  • Bertrand ne parlait pas trop de l'Algérie. Il était amer. Il aurait aimé que l'armée se montre plus coopérante avec lui.
  • Il a gagné de l'argent grâce à vous, non ?
Rigaux se consacre à l'allumage d'un cigarillo et m'oublie totalement. Avec sa haute stature, son élégance raffinée et sa crinière de cheveux blanc, il en impose et je comprends mieux l'attirance qu'il a pu exercé sur Claire.
  • Vous ne pouvez pas comprendre les gens comme Garde. Il s'est jeté avec passion dans sa défense de l'Algérie Française. Jusqu'à se faire détester de tout le régiment. Il pensait que l'armée l'honorerait comme il pensait le mériter. Mais le vent de l'histoire avait tourné, il était, d'un coup, dans le camp des vaincus et il n'y a pas de place pour la gloire dans ce camp là.
  • Mais c'était un salopard.
Il rit de bon cœur.
  • Qui êtes-vous pour juger ? Vous n'avez jamais été amoureux ?
Je suis choqué. Ce vieux dégueulasse est en train de réhabiliter un assassin. Lorsque je lui fais part de mon opinion, il hausse les épaules :
  • Libre à vous de penser ce que vous voulez.
  • Vous croyez vraiment que l'amour peut-être une raison de ce drame ? On nous a tellement parlé d'Alice.
Il me regarde par en dessous, l’œil rieur :
  • Je ne la connaissais pas, et à moi aussi, on m'en parlait beaucoup. A tel point que j'ai du me résoudre à la traquer un jour où je savais qu'elle venait à Oran.
  • Alors ?
Il a encore ce rire de jeune homme :
  • Assurément une très belle femme, mais j'imagine qu'il fallait être proche d'elle, mieux la connaître pour apprécier son charme. Je l'ai aperçu trop furtivement. En tout cas, la rivalité amoureuse entre Garde et Chapet était bien réelle et Ali m'avait dit que tout cela allait mal finir. Il soupire «  Pfft ! Une broutille d'adolescents. D'adolescents armés, ce qui fait toute la différence»
  • Mais Chapet est mort.
  • Certes, mais aujourd'hui, il n'y a plus de témoins directs pour nous raconter la vérité.
  • Et Ogier ? Que faites vous d'Ogier ?
  • A mon avis, Ogier est mort. Je ne vois pas d'autres scénarios possibles.
J’arrête mon récit gêné pour Jean Christophe.

5 commentaires:

phyll a dit…

une de mes filles est actuellement dans la Drôme..... je lui ai téléphoné pour lui dire que des "individus-enquêteurs" risquaient de fouiner dans le coin..... méfiance !!...
sinon, je suis un peu paumé suite à ces nouvelles révélations..... mais bon, vu mon âge et mon neurone défectueux, ce doit être normal !!.....
bon week end mon bon Louis !!!

DAN a dit…

Voilà ce qui s’appelle entretenir le suspense, au théâtre on dirait les rebondissements, alors je reste bien calé dans mon fauteuil pour lire la suite, c'est vrai quoi, on ne moufte pas dans une salle avant que ce soit terminé, alors j'en fait autant ici !

Louis a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Louis a dit…

J'ai effacé mon com bourré de fautes (plus que d'hab) faute à un amour de petit Saint Joseph blanc.
Ça disait : Dan, tu peux reparler, on a pas fini. Quand à toi Phyll, rassure toi, si il y a un mec paumé ici, c'est bien moi ! La bise, fidèles compagnons.

DAN a dit…

C'est l'entre-acte alors... bonbons caramel esquimaux chocolat...