Il est tard maintenant et le Pampelune est fermé, mais je devine une présence derrière le rideau de fer. Je connais bien mes loustics et effectivement après quelques secondes, le rideau se lève prudemment et je peux me glisser à l’intérieur. Christophe et Michel, apparemment les seuls survivants m'accueillent avec le sourire. Le sourire et quelques moqueries au sujet de ma relation avec Claire. Je laisse passer pour demander où se trouve les autres :
- Tu as Paulo, derrière toi sur la banquette...
- Et Lucien dessous.
Les
deux amis rigolent et Christophe du pouce m'indique la cuisine :
- Joël et Arobase doivent dormir derrière.
- Belle ambiance pour un retour. T'étais où, l'animal ?
Notre
ami se rengorge et c'est Michel qui explique :
- Ce salopard est parti en amoureux, et a un peu prolongé son séjour.
- Nous abandonner comme cela, n'est pas trop sympa.
Christophe,
d'un haussement d'épaule exprime ce qu'il pense de ma remarque.
- Bois un verre et raconte.
Alors,
je bois et je raconte. Quand j'avance ma théorie : « Gianni
a essayé de nous tuer, voire nous compromettre » Michel se
récrie :
- Tu ne crois pas que tu pousses un peu ? Pourquoi aurait-il fait cela ?
- Pour prendre l'argent, mais là, il a échoué...et surtout me prendre Emma.
Alors
là Michel éclate :
- Non, non et non. Ça commence à bien faire tes délires avec Emma. Oublie un peu cette gonzesse et applique toi à démêler ces histoires. Gianni vient de l'usine, comme nous. Tu ne peux oublier cela. Il est des nôtres.
Comme
Michel, je suis très sensible à tout ce qui touche à la solidarité
ouvrière, mais là, je ne marche pas. Ma jalousie envers Gianni ne
m'aveugle t-elle pas ? Bon je réitère mes explications encore
et encore mais je sens bien que tout cela n'ébranle pas les
certitudes de mon pote. Pour emporter le morceau, j'explique à
Michel que Slimane m'avait promis d'aller rencontrer Rigaux :
- Nous passerons après lui et je pense qu'à ce moment là, notre bijoutier sera à point pour ne rien nous cacher.
Michel
semble septique, pourtant je ne démord pas de mon idée. Mais
voulant aller à l'accalmie je me tourne vers Christophe qui nous
regarde en souriant :
- Tu t'en fous toi de nos histoires, hein ? T'es amoureux, ça se voit.
- Oui précise Michel t'as l'air con. C'est bien la preuve.
Christophe
ne se vexe pas et nous ressert à boire. On est bien comme ça,
lumières et rideau de fer baissés. Hors du monde, hors du temps.
Nous savourons l'instant en silence jusqu'à ce que Michel ne
bouscule Christophe :
- Allez, vas-y, raconte nous tes... longues vacances.
Christophe
nous regarde avec gourmandise :
- j'ai mieux à vous raconter.
Michel
hausse les épaules :
- Tes nuits enfiévrées ?
- Non, mieux que cela : Comment j'ai acheté ce bar.
Nous
le fixons, dépités. Et comme d'habitude, c'est Michel qui résume
sobrement notre pensée :
- Qu'est-ce que tu veux que cela nous foute, comment tu as acheté ce rade. On a bien d'autres choses en tête justement.
Christophe
sourit :
- Même si je vous dis que c'est avec l'argent de Garde et Maboso ?
Comment
je ne suis pas tombé de mon tabouret sur ce coup là, reste encore
un mystère. Il peut-être content de lui Christophe, nous sommes
stupéfaits et muets. Finalement c'est Joël émergent de sa canasse
et de la cuisine qui intervient :
- Tu connaissais les deux morts.
- Non, évidemment. Ils sont morts quand j'avais 1 ans.
Je
jette à Joël un regard plein de morgue, trop content de le
rabaisser pour une fois.
« Qu'il
est con ce Jo » Résume Michel avec élégance.
Alors
nous nous sommes installés confortablement et même les mourants et
agonisants se sont réveillés d'un coup enfin de nous rejoindre.
- Lucien, va t'asseoir plus loin, t'as une haleine trop chargée.
Lucien
ne relève même pas, mais va s'installer plus loin. Arobase a sortit
son PC et Joël son carnet de note et Christophe explique :
4 commentaires:
J’imagine la tête des protagonistes à la révélation de Christophe et moi t’imagines ma tête en constatant qu’une fois de plus tu nous laisse sur des charbons ardents, alors vas-y Christophe, explique…
Allons nous voir un jour la fin de cette histoire ?
p'tain !!! le suspens est insupportable !!! là, du coup, on reste sur notre... soif !!!
bon, m'en va boire un ti coup d'pif en attendant les révélations de Christophe........
Sachez bande de Havrais chérie que Christophe (Jean Christophe, en fait) existe vraiment. Il tenait un petit bar sur les quais du Rhône avec sa petite terrasse idéalement placée. Il aimait beaucoup mes nouvelles et je lui avais promis de l’intégrer dans un de mes texte. Bon, ce salopard a vendu son bistrot à des jeunes qui en ont fait un bar branché n'ouvrant que le soir. Finit les petits Maçon de midi !!!
Enregistrer un commentaire