dimanche 19 juin 2016

29. Une nuit agitée.

Après toutes ces révélations, j'ai décidé de rentrer alors que les potes ont foncé chez le Basque qui vient de rouvrir. Mais, j'ai plein de truc à régler. Slimane, Garnier et Claire ont rempli mon répondeur et je veux contacter tout le monde. Par contre, pas un mot d'Emma. On peut dire que cette femme est rancunière ! Je prends contact avec Garnier en premier :

  • Martin, c'est finit, je ne veux plus couvrir tes conneries. Mes supérieurs sont fous de rage. Ils ne comprennent pas à quoi tu joues, et moi non plus d'ailleurs.
  • Laissez-moi vous raconter. J'ai du nouveau.

Il pousse un rugissement qui me troue les tympans. Je vais avoir du mal à lui sortir ma théorie du bijoutier. Malgré tout, son grand professionnalisme le pousse à m'écouter. Il me promet même d’enquêter sur ce vieux commerçant. Slimane, ensuite me dit que suite à tous nos mails échangés, il m'a trouvé des témoins « en or ». Claire pour finir, me déclare qu'elle n'a aucune nouvelle de son frère et de Jonas. Nous prenons rendez-vous. Pour l'heure, je vais dormir. Pieux désir puisque je me tourne et me retourne dans mon lit sans pouvoir trouver le sommeil. Les déclarations de Prieur font la sarabande dans ma tête. Je vois ces jeunes gens perdus dans un pays inconnu, livrés à des abrutis pour des taches qu'ils désapprouvent et pour une guerre qu'ils exècrent. les jeunes gens étaient lâchés ensuite dans les exploitations de la région après quelques semaines d'ennui à Mouzaïaville. «  A Maison Blanche, nous n'étions pas si mal, puisque nous étions loin de la hiérarchie. » Mais c'est en nous parlant d'Ogier que Prieur nous a scié. « Oui, il est vivant. En tout cas, il était vivant quand il est passé me voir au Brésil » Et comme nous le fixons, interloqués, il rit :

  • Moi aussi, je le croyais mort.
  • Vous avez cru la version des militaires ?

Pour se donner le temps de réfléchir, il goûte son verre de blanc. Il a des gestes délicats, presque féminins.

  • Il me semble que comme les copains, j'ai eu des doutes. On doutait systématiquement de ce que nous disait l'armée, de toute façon. Mais la mort de Chapet a été un traumatisme dans le groupe. Alors l'enlèvement d'Ogier par le FLN, pourquoi pas, même si on n'avait jamais vu de combattant dans le coin. Et puis, nous avons été immédiatement démobilisé. L'armée n'a pas transigé, et en quelques jours nous nous sommes retrouvés éparpillés dans toute la France. Heureux d'avoir échappé à cette folie. Alors, toutes ces questions sur l'attaque de l'armée de libération sont devenues secondaires. J'ai finit mon temps à Épinal, rejoins quelques temps mes parents avant de partir voyager en Amérique Latine pour oublier toute ces conneries.

Je regarde fasciné face à ce témoin si clair et si précis :

  • Vous n'avez pas revu vos camarades ?
  • Non. Nous avons échangé quelques cartes postales au début, mais rien de plus.
  • Pourtant vous nous dites qu'Ogier est passé vous voir au Brésil.

Alors, il nous a raconté comment ils s'étaient revu, et là j'ai failli avoir un infarctus.

  • Après la guerre, j'ai eu besoin de travailler et je me suis souvenu d'Ali le petit trafiquant.
  • Mais, il était mort !
  • Oui, mais je voulais retrouver le type qui bossait avec lui.
  • Le bijoutier ?

A partir de cet instant, tout s'est bousculé dans ma pauvre tête. Le lien entre les deux affaires me semblait maintenant évident. Et c'est certainement pour cela que j'ai perdu le sommeil depuis. Prieur nous a expliqué comment il était venu à Lyon et comment il s'était fait violence pour rencontrer Garde :

  • Je savais que ce connard avait gardé des lien avec Rigaux. Pour trafiquer, il n'était pas le dernier. Notre rencontre a été plutôt orageuse, mais il a finit par me donner l'adresse du bijoutier.

A cet instant du récit de Prieur, Michel m'a lancé un long regard. Je voyais dans les yeux de mon pote toute l'incompréhension qui devait se lire dans les miens. Nous enregistrions le vieux, et heureusement parce que autant Michel que moi, sans parler d'Arobase, n'aurions été capable de nous souvenir de tous les détails de cette histoire.

J'ai finit par m'endormir avec des images de guerres, de bijoux et de Brésil. Fatiguant, surtout lorsque l'on a jamais mit les pieds en Amérique Latine.

12 commentaires:

DAN a dit…

Là je sens qu’on approche du dénouement, t’as intérêt car dans 2 semaines je ne pourrai plus lire la suite !

phyll a dit…

et peut-être que nous allons faire une virée au Brésil ??.....

Louis a dit…

Non, les mecs, ni le Brésil (ils sont encore traumatisés de leur séjour au Havre!) ni une fin proche, faut pas exagérer non plus !!!
Dan, tu pars en congés ? Moi je vais passer l'été en Haute Loire et il n'y aura pas de parution régulière entre le 14 Juillet et le 15 aout.

DAN a dit…

Alors moi ce sera entre la 4 et le 31 juillet, mais tu peux publier quand même je lirai le tout à la rentrée !

Louis a dit…

Braves lecteurs, prets à tout. Quelle abnégation ! Mais vous-y* panez** quelque chose ?
*: vous-y ( utilisation exagérée du "y" dans le parler Lyonnais)
** : Paner = comprendre
bises

DAN a dit…

parce que y'a quequ'chose à "panez" ? ?

Louis a dit…

Salaud ! Mais il y a une intrigue haletante ! (même moi, je dois relire sans arrêt pour comprendre ce qui se passe.)

phyll a dit…

celui qui comprend n'est..... panez !!!!..... ;o)

Aline a dit…

Hé chères loques
c'est dur, très dur : je tente d'y paner qque chose après les 5 épisodes que j'ai manqués pendant le petit trip proche-oriental où j'avais espéré ramener 4 lyonnais (dont le boss Michel) dans le droit chemin, c'est à dire les convertir à qque chose, même n'importe quoi. Le 1er jour en Palestine à Jérusalem je les ai emmenés en qques heures à l'Esplanade des mosquées, chez les musulmans - rien - puis dans la foulée au Mur des Lamentations chez les juifs, c'est juste en dessous - toujours rien - et en désespoir de cause au St Sépulcre à 200m de là chez les chrétiens - RIEN de RIEN . Désespérée par cette bande de mécréants irréductibles je me jette dans le rattrapage des épisodes manqués d'Avoir 20 ans, et j'ai du mal. Enfin grâce à Maryam la sympathique j'y vois plus clair, enfin je crois. Mais l'épisode 25 ''La 1ère femme'' est inaccessible de chez moi. Doc Loulou, tu peux faire qque chose ???
Une fan fidèle lectrice

Louis a dit…

Salut la Parigote, tu fais le tour de la Bastille demain ?
Bon, c'est vrai, l'épisode 25 ne marchait pas. C'est réparé.
Partir dans le berceau des religions sans y balancer une bombe H, qui nous soulagerait bien, est un crime !!!
Bon, me faire bosser en plein euro !!! Bises

Aline a dit…

Bien sûr que je vais à Bastille tout à l'heure. Je vais ajouter le maillot de bain à mon petit nécessaire de manif - serum phy, foulard, bouteille d'eau, sifflet etc...- pour aller courir en rond autour du bassin de l'Arsenal.

Aline a dit…

T'es à Lyon en début de semaine prochaine ? je descends faire les foins en Beaujolais.