samedi 21 mai 2016

25. La première femme.

Notre séjour à Nyons se prolonge grâce à Julot qui veut organiser une grande soirée « dégustation ». Tout cela est bien beau mais notre enquête pâtit de notre indolence. L'idée de la première femme de Guérin est venue de Paulo au quatrième pot de Mâcon.

  • Pourquoi, une première femme ?
Paulo ne lève même pas la tête de son verre tant la question lui semble stupide. C'est Michel, enthousiaste qui explique :
  • Évidemment, mais c'est bien sur. Il faut trouver cette femme. Il se lève pour embrasser notre pote, au risque de le faire tomber. «  Ah, mon Paulo, j'ai envie de t'augmenter » Nous levons tous la tête, aussi, il complète :
  • Malheureusement, c'est la crise.
Nous reprenons nos conversations de bistrots, légères et superficielles, nous permettant de réfléchir à ce que vient de nous dire Paulo. Personnellement, je ne vois pas l'intérêt que nous aurions à chercher cette femme si elle existe. Je me plonge plutôt dans des pensées moroses dans lesquelles Emma joue un rôle important. Je n'ai pas essayé de la rappeler, ayant trop peur de me faire jeter une nouvelle fois, voire même de tomber sur ce demeuré de Gianni. Par contre, nous nous appelons régulièrement Slimane et moi. Petit à petit, j'ai appris à connaître et apprécier ce type. Et je crois que c'est réciproque. Je lui ai raconté toute l'affaire des diamants, brisant par là, le marché que j'avais conclus avec le commerçant. C'est risqué, mais j'ai confiance. Slimane ne veut pas de bain de sang et il excelle dans l'art de calmer les jeunes fous qui l'entourent.
  • Eva Guerin !
C'est Benjamin, le gendarme, qui ne nous quitte plus, qui vient de pousser ce cri. Nous nous massons autour de son Mac. Il nous désigne une ligne du doigt :
  • C'est facile, elle a gardé son nom de femme.
Je lis au dessus de son épaule : « Eva Guerin, née à Oran en 1949 » Un nom de collège et c'est tout. Elle n'utilise pas les réseaux sociaux.
  • Que nous dira-elle de plus ?
Je reste convaincu qu'il n'y a rien à trouver de ce coté là. J'ai plutôt l'intention de rapidement rencontrer les employés de chez Guerin.
  • Elle est sortie de la famille, elle peut peut-être parler plus facilement. Cela pue l'omerta, chez les Guerins.
Je regarde le gendarme avec attention. Ce type vient de trouver les mots justes. L'ambiance était effectivement lourde chez les viticulteurs. Il nous est vraiment devenu indispensable ce mec. Quand j'en parle à Michel, ce dernier ricane :
  • Pfft, un gendarme! On se débrouille très bien tous seuls.
Quelle mauvaise foi ce type. En attendant, j'admire Paulo, oscillant sur son tabouret tout en se roulant une cigarette. Julot a installé un chouette « coin bar » au fond de son magasin tout de bois et métal. Très élégant. Un peu moins lorsque nous y campons. Michel se décide à commander des pizzas :
  • Nous allons bosser ici, ce soir. Il regarde Benjamin : « Vous avez les dossiers sur vous ? »
Heureusement que ce type est plus organisé que nous. En 5 minutes nous avons installé un bureau improvisé autour d'une table vite transformée en bordel sans nom. Les rapports et les photos s'entassent. Je suis sidéré :
  • Vous planchez depuis longtemps là-dessus ?
  • Depuis votre premier coup de fil.
Je crois que ce type se fout de ma gueule, mais non, c'est un bosseur. Il me regarde en souriant et sort de son attaché case un dernier dossier. Je tombe de mon siège (oui, comme Paulo), en découvrant des photos de Claire, Jonas, du commerçant avec qui j'ai traité l'affaire des diamants. Il sort des photos des jeunes morts ainsi que du fourgue. Je devrais m'évanouir ?
  • C'est quoi, ça ?
Il rapproche les photos de Claire et de Rigaux le bijoutier :
  • Vous saviez qu'ils étaient amants ?
Fermez le ban et remettez un pot. Le gendarme nous donne quelques précisions :
  • Ce type, s’appelle Paul Rigaux, née en 44 à Oran.
  • Mais vous êtes fou ! Ils ont au moins 30 ans d'écart. C'est insensé.
Il sourit :
  • Mais non, 25 seulement. Vous êtes bien bégueule.
Sa remarque déclenche l'hilarité générale, ah la vache, se faire traiter de bégueule par un gendarme, c'est le pompon. Cracoss semble songeur :
  • Ils se seraient connus en Algérie ?
Michel me regarde consterné, mais nous laissons Paulo répondre. Cette fille est née en 69 et n'a jamais fait de séjour en Algérie. Non, il y a autre chose. Rigaux connaissait-il Garde, le père de Claire. Nous restons silencieux, tout à nos réflexions. Personnellement, ces révélations me plongent dans une grande perplexité. Si Claire et Rigaux sont aussi intimes que le prétend notre gendarme, notre rôle dans ces deux affaires est-il vraiment un hasard ? Il nous faut rentrer à Lyon rapidement. J’appelle Arobase qui râle, prétextant qu'il y a des heures pour travailler.
  • Oh, vieux, on est plus à l'usine. Range tes tracts et descend du podium.
Il s'étouffe de rage :
  • Tu, tu... sais ce que tu es ? Un salaud, un capitalo, un fasciste !
Il a tellement gueulé que j'imagine bien qu'il a dû un peu forcé sur l'apéro. J'essaye de le calmer :
  • Tu es notre meilleur élément.
  • C'est ça, passe moi la vaseline.
Je l'interromps avant toute allusion grivoise :
  • Tu n'es pas intrigué par toutes ces énigmes ?
Il se radoucit :
  • Lucien a pu causer avec le vieux grabataire.
  • Patrick Franc ?
Très concerné, Arobase ne daigne même pas confirmer. Il est à bloc pépère.
  • En tout cas, on a rendez-vous avec Prieur le Brésilien Lundi. Et il a l'air d'avoir toute sa tête, lui.
  • Parce que Franc ne l'a plus ?
Il éclate de rire :
  • Sa tête ? Tu rigoles, il est gâteux puissance mille. La preuve ? Il a causé tout l'après midi avec Lucien.
Il continue à glousser, content de sa vanne, alors avant qu'il ne s’essouffle, je lui demande de faire une petite enquête sur Rigaud.
  • Le Bijoutier ?
  • Tout juste, et pendant que tu y es, voit ce que tu as sur Claire. Claire et lui pour être plus précis.
Et avant qu'il ne me sorte son cahier de revendications, je lui raccroche au nez. Michel lève les yeux de ses papiers. Je lui fait un petit topo rapide. Il réfléchit un instant. La cave à Jules est bien calme et nous bossons encore un peu bercés par les ronflements de Paulo et Cracoss. Je mets maintenant tous mes espoirs dans ce Raymond Prieur, qui nous vient du Brésil, « il a du lourd » s'est avancé Arobase. Michel me dit qu'il va aller voir la première femme de Guérin dés demain. Benjamin se propose de l'accompagner, ce qui me dispense de ce qui me semble être une visite inutile.
  • je vais essayer de coincer Idriss et Maryam les vieux employés du domaine Guérin.
Le gendarme me conseille de les voir seuls, ce qui froisse Joël qui voulait venir avec moi.
  • Vous ne prétendez tout de même pas m'apprendre mon métier ?

3 commentaires:

DAN a dit…

Evidement mais c’est bien sûr, voilà une référence tout à fait appropriée ! En tous cas moi je m’y perd un peu dans toute cette affaire, mais je compte sur Martin pour éclaircir la situation !

Louis a dit…

Salut Dan, c'est vrai que question manchots, l'histoire n'en manque pas ! Bon, est-ce que tout cela va vraiment s’éclaircir !!!
bises

phyll a dit…

éclaircissements ?... pistes ?... de mon coté c'est wallou !!!.... soyons patients, ça va bien finir par se résoudre.....
bon week end Louis ! boujou !!! ;o)