samedi 19 mars 2016

16. Gianni et son super coup.

Quelques minutes plus tard, ils sont là, les tourtereaux. Merde, j'avais beau m'attendre à ce spectacle, tout de même, cela me file un coup. Voir ma blonde, proche de ce bellâtre, me déprime d'un coup. Comme si j'avais besoin de cela en ce moment. Chercher des disparus, trouver des morts, interroger des grabataires, lire des carnets de guerre me suffisait largement pour entretenir une telle dépression que Freud lui même en aurait arrêté ses recherches pour se lancer dans la plomberie. L'accueil des collègues fut pourtant chaleureux. Après tout, Gianni était un des notre, et même si un différend amoureux me le rendait antipathique, je devais bien reconnaître qu'en tant que collègue de travail, de grève et de lutte, il n'avait jamais faillit. Embrassades et poignées de mains. Pour ma part, si j'embrasse Emma, un hochement de tête suffira pour Gianni. Il veut nous parler en tête à tête, à Michel et à moi, même si j'imagine bien qu'il aurait préféré traiter en « bugne à bugne » avec mon pote. Nous nous isolons donc tandis que les potes râlent un peu pour la forme jusqu'à réaliser qu'Emma va rester avec eux. Ils adorent Emma. Qui n'aimerait pas Emma ? Et c'est bien là tout le problème, même si je sais bien qu'elle avait de bonnes raisons de me quitter. « J'ai merdé » comme tout le monde me l'a bien fait comprendre.

  • Le coup que je viens vous proposer, est un coup fumant et sans risque aucun.
  • Arrête ton cinéma, Gianni, si tu avais la réputation d'amener des « coups fumants et sans risques » cela se saurait, depuis le temps
Lui, plutôt susceptible, ne prend pas ombrage de la remarque. Il doit être d'accord avec Michel, ou avoir vraiment besoin de nous.
  • Vous avez lu les journaux ces temps-ci ?
C'est moi qui répond, adoptant à dessein, un ton bien méprisant :
  • Tu crois que l'on a que ça à foutre ?
Encore une fois, il domine ses nerfs, confirmant par là qu'il a vraiment besoin de nous :
  • Il y a quelques jours, une grande bijouterie du centre de Lyon a été braqué. Un gros casse, même si les chiffres annoncés dans les journaux, sont bidons, comme d'habitudes. Il marque un temps avant de poursuivre fièrement : Vous savez que je connais beaucoup de monde.
Comme nous nous abstenons de tous commentaires il s'arrête de nouveau apparemment déçu. Michel le booste d'un viril :
  • Magne toi le train, on a pas que ça à foutre.
Gianni semble déçu. A quoi s'attendait-il ?
  • Le bijoutier m'a demandé d'essayer de récupérer ses pierres précieuses. Il y est très attaché.
  • Arrête, tu vas nous faire pleurer.
  • Ouais, faites bien les malins, mais moi, je connais les petits braqueurs qui ont fait le coup. Et je connais aussi le jour, l'heure et le lieu où va avoir lieu l'échange avec un petit fourgue minable. Votre boulot, est de vous pointer là-bas, de neutraliser tout le monde et de récupérer, fric et bijoux. Vous gardez le fric, et le bijoutier vous offre une prime en bonus.
Je regarde ce grand escogriffe. Comment Emma peut-elle le trouver beau. Et elle doit bien le trouver beau puisque c'est la deuxième fois qu'elle se jette dans ses bras ?
  • Pourquoi tu fais pas le coup toi même ?
  • Les jeunes me connaissent.
  • Mets une cagoule
Gianni hausse les épaules :
  • Non, il y a trop de risques qu'ils me reconnaissent. Avec vous, c'est du velours.
  • Du velours ! Tu ne manques pas d'air. Et si les jeunes ou le fourgue viennent en masse armés jusqu'aux dents ?
  • Aucun risque. Ils n'en sont pas à leur premier échange. Tout se passera bien.
  • Tu prends combien ?
Gianni attendait cette question depuis longtemps et il sourit. Un sourire un peu trop forcé.
  • Heu... La moitié.
  • Quoi !!!
Le rugissement a inquiété Lucien qui pousse la porte. D'un signe je le rassure.
  • Gianni, tu es en train de nous prendre pour des cons.
  • Mais, on parle là de centaines de milliers d'Euros.
  • Raison de plus.
  • Et tu oublies notre éthique.
Il ouvre des yeux ronds du plus bel effet, et Michel enfonce le clou :
  • Martin a raison, pourquoi irions nous nous battre contre de petits voleurs sympathiques pour sauver un horrible capitaliste ?
Cette fois, Gianni semble consterné.
  • Vous voulez vous foutre de ma gueule ? Mais ces merdeux sont d'affreux petits délinquants qui ne méritent aucune clémence...
  • Comme tu y vas, Gianni. Tu as viré de bord.
A bout, et à court d'arguments, Gianni lâche dans un souffle :
  • Ils me doivent du fric. Ils m'ont volé.
Nous rions franchement à cet aveux piteux.
  • On va réfléchir et en parler avec les potes.
  • C'est qu'il faut faire vite. L'échange a lieu dans trois jours.
  • On réfléchit vite.
Nous rejoignons les autres, mais avant de franchir la porte Michel a eut le temps de préciser :
  • Ah, au fait, pour ta part, c'est nous qui jugerons.
C'est un Gianni défait qui rejoint Emma. Une Emma radieuse d'avoir passé tout ces instants choyée par les potes.

3 commentaires:

DAN a dit…

A courir deux lièvres à la fois, Martin et sa bande ne risque-t-il pas de se disperser, mais je suis sûr qu’il doit y avoir un lien entre les deux affaires, alors vivement la suite !

phyll a dit…

ho ben oui dai.... il doit y avoir un lien !!!.....
comme tout ce que je lis, je me fais des images (lieux, personnages etc...) et là, je m'imagine bien la fine équipe des "tontons flingueurs" lancés dans ton aventure...... et bien, ça l'fait !!!!!!
bon week end !!

Louis a dit…

Phyll, faut venir à Lyon Pour bien voir les lieux...et toi aussi Dan quand tu cessera de raconter la suite de l'histoire. Faut pas deconner ! Je vais aller sur ton blog dire à tout le monde que Le Havre a été bombardé. Non mais!