2. Le Pampelune.
En
attendant, nous fiant aux renseignements de Claire Dupuy, nous nous
dirigeons vers l'atelier de Pierre Marchand. Rejoindre les quais du
Rhône ne nous prend que quelques minutes et avant d'aller chez
Pierre, nous rejoignons le bar voisin qui se trouve être son Pc
d'après Jonas le majordome. Le bar s'appelle Le Pampelune et semble
plutôt accueillant. Le patron, un costaud mal rasé nous regarde
entrer avec méfiance. Il a dû flairer les fouille-merde. Il sourit
pourtant lorsque nous commandons deux Mâcon. et nous oublie pour
plonger sur sa tablette numérique pendant que nous prenons place. Le
bar, pas trop grand, semble assez sympa.
- Je ne connaissais pas ce rade m'avoue Michel.
Il
semble déçu de cette constatation. Michel voudrait connaître tous
les bars Lyonnais. Un challenge !
- Que penses-tu de notre petite bourgeoise ?
- Une bien belle femme non ?
Un
client sirotant son beaujolais intervient :
- Méfiez-vous des jolies femmes.
Michel
va répondre vertement, mais le type s'est déjà détourné de nous
pour s’abîmer dans la contemplation de l'écran plat fixé dans un
angle du plafond et sur lequel défilent des images de sport. Un déçu
de l'amour, probablement.
- Elle doit s'ennuyer avec tout son fric.
- Tu penses qu'elle aide financièrement Pierre Marchand, son demi-frère ?
- C'est bien ce qu'elle a laissé entendre.
Je
souris :
- Justement, à cause de cette aide, il ne peut pas trop s’éloigner.
- Il a pourtant bel et bien disparu. Peu-être, même est-il mort.
J'ai
sursauté un peu trop vivement et le patron s'est méprit. Le voilà
qui rapplique avec sa bouteille de Mâcon. Nous riions :
- T'es médium ?
Le
gars ne se laisse pas démonter :
- Un peu. Qu'est-ce que vous voulez savoir sur Pierre Marchand ?
Pour
le coup, nous sommes vexés de sa question un peu trop directe. Nous
ne pensions pas autant ressembler à des flics. Le patron se montre
galant :
- Vous parlez fort et mon bar est petit.
- Repeint le en clair et pose des miroirs, ça agrandit conseille le buveur de rouge qui joue apparemment un rôle important ici.
- Vous connaissez Pierre ? Lui demande Michel qui commence à être contrarier par ce mec un peu envahissant :
- Depuis longtemps.
- C'est un ami ?
- On peut dire cela.
- Il vous tape du fric ?
Le
gars rigole :
- Si vous voulez payer son ardoise. Sinon il se débrouille avec sa sœur.
Nous
voulons pousser plus loin nos investigations, mais quand nous lui
demandons son nom, le type se ferme et replonge dans son verre en
silence. Michel hausse les épaules :
- Allons directement interroger les voisins
Après
quelques échanges avec deux trois retraités, nous revenons fissa au
bar. Christophe le patron en nous servant un nouveau verre de blanc
nous console gentiment :
- Il reviendra, il revient toujours.
Devant
nos mines déconfites il rigole et nous conseille d'aller manger au
« Petit snack » à deux pas d'ici.
- Marcelle est une perle et le Daniel a un cœur d'or. Venez de ma part. Et si vous avez de la chance vous y rencontrerez des gens qui vous parlerons de Pierre. C'est sa cantine. Et si vous avez vraiment de la chance, le patron aura réussi le plat du jour.
Tout
le bar rigole à cette vanne qui semble être un « running
gag » ici. Michel lance des regards noirs mais Christophe
intervient :
- Hé, les gars, vous n'allez pas faire fuir ma clientèle. Allez plutôt manger.
Pourquoi
pas, après tout. Il faut bien manger et Pierre Marchand en profitera
peut-être pour rentrer chez lui, s'il n'est pas là-bas. Nous filons
le long du Rhône à la recherche du restaurant.
Je
suis toujours dans mes pensées lorsque nous entrons au « Petit
Snack ». Nous avons pas mal ramé pour trouver l'entrée de ce
resto plutôt discret. En tout cas, il porte bien son nom : Il
est tout petit ce rade. Deux salles contenant quelques jolies tables
avec la cuisine dans le fond. Une charmante petite femme se précipite
à notre entrée :
- C'est vous qui arrivez du « Pampelune » ? Christophe a téléphoné, je vous installe ici, dit-elle en nous plaçant dans la première salle.
Nous
n'avons pas le temps de nous asseoir qu’un grand chauve pose
d'autorité un pot sur notre table :
- Le patron vous souhaite la bienvenue. Du pouce il désigne une ouverture passe plat qui relie la cuisine à la salle. Un géant débonnaire passe la tête pour nous saluer :
- il paraît que vous aimez le Mâcon !
Notre
séjour dans le quartier se présente bien, sans parler de notre
enquête. En attendant le plat du jour je vais me laver les mains. Le
lavabo est prêt de la cuisine où il règne un joyeux bordel. Dans
un minuscule périmètre se presse la moitié des clients. Tout le
monde a son verre à la main et Marcelle et le grand chauve ont
toutes les peines du monde à se frayer un chemin jusqu'à la cuisine
où le chef, lui aussi, a un verre à la main. Je m'avance pour le
saluer et le remercier pour le blanc quand je le vois changer de
couleur. Un client un peu éméché vient de lui dire que sa viande
était dure. Daniel pose son verre et balance son monstrueux poing
vers la gueule du mec en hurlant :
- Dure, ma viande ? et celui là il est dur ?
Mais
le gars, moins ivre qu'il n'y paraissait ou connaissant bien le
bougre se baisse ce qui me laisse seul avec ma gueule enfarinée face
au fer à repasser d'une tonne qui m’explose le pif et m'envoie
bouler dans les bras de Marcelle. Malgré cette douce consolation je
l'ai plutôt mauvaise. Je m'en veux de ne pas avoir anticipé ce coup
là, mais pouvais-je imaginer un chef si irascible en même temps que
si maladroit. Si on doit se méfier des restos à c't'heure !
Pour
l'instant je suis entouré et soigné pendant que Marcelle explique à
son mari combien elle en a marre de ses conneries et comment elle ne
va pas tarder à rejoindre son Italie natale en le laissant seul avec
ses potes alcooliques. Tout le monde rigole. Ça console pas !
Malgré
ces émotions, nous arrivons à parler à quelques habitués que
Marcelle nous envoie discrètement. Notre table est devenue notre
bureau et c'est plutôt agréable, même si la viande est vraiment
dure, ce que je me garde de dire au patron. (J'attends que mon nez
cicatrice) En général les connaissances de Pierre Marchand nous
parlent de l'argent qu'il leur doit. Ce type doit avoir pas mal de
charme à voir comment les gars nous parlent de cela sans rancœur.
Deux ou trois confirment qu'il s'était lancé dans l'élucidation du
mystère de la mort de son père. Il avait fouillé grâce à sa sœur
dans ses papier et avait une piste très sérieuse. « Il était
excité comme un pou » est l'expression qui revient le plus
souvent au fil de ces entretiens impromptus.
- Il faudrait que l'on puisse nous aussi fouiller dans ces papiers, me dit Michel en attaquant sa deuxième forêt noire, une merveille, spécialité du patron.
2 commentaires:
ça y est !!..... les premiers verres sont éclusés et le premier bourre-pif encaissé !!!... je sens qu'on ne va pas s'ennuyer !!!.. :o)
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