lundi 14 décembre 2015

2. Le Pampelune.


En attendant, nous fiant aux renseignements de Claire Dupuy, nous nous dirigeons vers l'atelier de Pierre Marchand. Rejoindre les quais du Rhône ne nous prend que quelques minutes et avant d'aller chez Pierre, nous rejoignons le bar voisin qui se trouve être son Pc d'après Jonas le majordome. Le bar s'appelle Le Pampelune et semble plutôt accueillant. Le patron, un costaud mal rasé nous regarde entrer avec méfiance. Il a dû flairer les fouille-merde. Il sourit pourtant lorsque nous commandons deux Mâcon. et nous oublie pour plonger sur sa tablette numérique pendant que nous prenons place. Le bar, pas trop grand, semble assez sympa.
  • Je ne connaissais pas ce rade m'avoue Michel.
Il semble déçu de cette constatation. Michel voudrait connaître tous les bars Lyonnais. Un challenge !
  • Que penses-tu de notre petite bourgeoise ?
  • Une bien belle femme non ?
Un client sirotant son beaujolais intervient :
  • Méfiez-vous des jolies femmes.
Michel va répondre vertement, mais le type s'est déjà détourné de nous pour s’abîmer dans la contemplation de l'écran plat fixé dans un angle du plafond et sur lequel défilent des images de sport. Un déçu de l'amour, probablement.
  • Elle doit s'ennuyer avec tout son fric.
  • Tu penses qu'elle aide financièrement Pierre Marchand, son demi-frère ?
  • C'est bien ce qu'elle a laissé entendre.
Je souris :
  • Justement, à cause de cette aide, il ne peut pas trop s’éloigner.
  • Il a pourtant bel et bien disparu. Peu-être, même est-il mort.
J'ai sursauté un peu trop vivement et le patron s'est méprit. Le voilà qui rapplique avec sa bouteille de Mâcon. Nous riions :
  • T'es médium ?
Le gars ne se laisse pas démonter :
  • Un peu. Qu'est-ce que vous voulez savoir sur Pierre Marchand ?
Pour le coup, nous sommes vexés de sa question un peu trop directe. Nous ne pensions pas autant ressembler à des flics. Le patron se montre galant :
  • Vous parlez fort et mon bar est petit.
  • Repeint le en clair et pose des miroirs, ça agrandit conseille le buveur de rouge qui joue apparemment un rôle important ici.
  • Vous connaissez Pierre ? Lui demande Michel qui commence à être contrarier par ce mec un peu envahissant :
  • Depuis longtemps.
  • C'est un ami ?
  • On peut dire cela.
  • Il vous tape du fric ?
Le gars rigole :
  • Si vous voulez payer son ardoise. Sinon il se débrouille avec sa sœur.
Nous voulons pousser plus loin nos investigations, mais quand nous lui demandons son nom, le type se ferme et replonge dans son verre en silence. Michel hausse les épaules :
  • Allons directement interroger les voisins
Après quelques échanges avec deux trois retraités, nous revenons fissa au bar. Christophe le patron en nous servant un nouveau verre de blanc nous console gentiment :
  • Il reviendra, il revient toujours.
Devant nos mines déconfites il rigole et nous conseille d'aller manger au « Petit snack » à deux pas d'ici.
  • Marcelle est une perle et le Daniel a un cœur d'or. Venez de ma part. Et si vous avez de la chance vous y rencontrerez des gens qui vous parlerons de Pierre. C'est sa cantine. Et si vous avez vraiment de la chance, le patron aura réussi le plat du jour.
Tout le bar rigole à cette vanne qui semble être un « running gag » ici. Michel lance des regards noirs mais Christophe intervient :
  • Hé, les gars, vous n'allez pas faire fuir ma clientèle. Allez plutôt manger.
Pourquoi pas, après tout. Il faut bien manger et Pierre Marchand en profitera peut-être pour rentrer chez lui, s'il n'est pas là-bas. Nous filons le long du Rhône à la recherche du restaurant.
Je suis toujours dans mes pensées lorsque nous entrons au « Petit Snack ». Nous avons pas mal ramé pour trouver l'entrée de ce resto plutôt discret. En tout cas, il porte bien son nom : Il est tout petit ce rade. Deux salles contenant quelques jolies tables avec la cuisine dans le fond. Une charmante petite femme se précipite à notre entrée :
  • C'est vous qui arrivez du « Pampelune » ? Christophe a téléphoné, je vous installe ici, dit-elle en nous plaçant dans la première salle.
Nous n'avons pas le temps de nous asseoir qu’un grand chauve pose d'autorité un pot sur notre table :
  • Le patron vous souhaite la bienvenue. Du pouce il désigne une ouverture passe plat qui relie la cuisine à la salle. Un géant débonnaire passe la tête pour nous saluer :
  • il paraît que vous aimez le Mâcon !
Notre séjour dans le quartier se présente bien, sans parler de notre enquête. En attendant le plat du jour je vais me laver les mains. Le lavabo est prêt de la cuisine où il règne un joyeux bordel. Dans un minuscule périmètre se presse la moitié des clients. Tout le monde a son verre à la main et Marcelle et le grand chauve ont toutes les peines du monde à se frayer un chemin jusqu'à la cuisine où le chef, lui aussi, a un verre à la main. Je m'avance pour le saluer et le remercier pour le blanc quand je le vois changer de couleur. Un client un peu éméché vient de lui dire que sa viande était dure. Daniel pose son verre et balance son monstrueux poing vers la gueule du mec en hurlant :
  • Dure, ma viande ? et celui là il est dur ?
Mais le gars, moins ivre qu'il n'y paraissait ou connaissant bien le bougre se baisse ce qui me laisse seul avec ma gueule enfarinée face au fer à repasser d'une tonne qui m’explose le pif et m'envoie bouler dans les bras de Marcelle. Malgré cette douce consolation je l'ai plutôt mauvaise. Je m'en veux de ne pas avoir anticipé ce coup là, mais pouvais-je imaginer un chef si irascible en même temps que si maladroit. Si on doit se méfier des restos à c't'heure !
Pour l'instant je suis entouré et soigné pendant que Marcelle explique à son mari combien elle en a marre de ses conneries et comment elle ne va pas tarder à rejoindre son Italie natale en le laissant seul avec ses potes alcooliques. Tout le monde rigole. Ça console pas !
Malgré ces émotions, nous arrivons à parler à quelques habitués que Marcelle nous envoie discrètement. Notre table est devenue notre bureau et c'est plutôt agréable, même si la viande est vraiment dure, ce que je me garde de dire au patron. (J'attends que mon nez cicatrice) En général les connaissances de Pierre Marchand nous parlent de l'argent qu'il leur doit. Ce type doit avoir pas mal de charme à voir comment les gars nous parlent de cela sans rancœur. Deux ou trois confirment qu'il s'était lancé dans l'élucidation du mystère de la mort de son père. Il avait fouillé grâce à sa sœur dans ses papier et avait une piste très sérieuse. « Il était excité comme un pou » est l'expression qui revient le plus souvent au fil de ces entretiens impromptus.
  • Il faudrait que l'on puisse nous aussi fouiller dans ces papiers, me dit Michel en attaquant sa deuxième forêt noire, une merveille, spécialité du patron.

2 commentaires:

phyll a dit…

ça y est !!..... les premiers verres sont éclusés et le premier bourre-pif encaissé !!!... je sens qu'on ne va pas s'ennuyer !!!.. :o)

Aline a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.