- C'est vous, qui l'autre jour, cherchiez cette pauvre femme qui a été assassinée.
- Oh, mollo, les flics m'ont déjà cuisiné pendant une nuit, vous n'allez pas vous y mettre.
Ma
remarque arrache un rictus au bistrotier.
- Ce n'est pas ça, mais je l'ai revu ce jour là, cette pauvre femme.
A
ces mots, je suis immédiatement sur le qui vive.
- Vous avez revu Justine ? Elle s’appelle Justine, arrêtez de l’appeler « cette pauvre femme »
Pendant
quelques secondes, je le vois hésiter à me coller son poing dans la
gueule, mais il daigne enfin me faire un sourire.
- C'était une sacrée belle femme, c'est pour cela que je me suis bien souvenu d'elle. Il prend un petit air canaille pour ajouter :
- Bien trop belle pour vous, si vous voulez mon avis.
Je
t'en foutrais de ton avis, connard ! Mais je garde mes pensées
secrètes pour entendre ce qu'il a à me dire.
- Bon, alors, comme cela vous l'avez revue ?
- Comme je vous l'ai dit, elle est repassée une heure ou deux plus tard. Elle était avec un homme. Bien mieux que vous, l'homme.
Il
me cherche ou quoi ce tocard ? Quoi qu'il en soit, je fais fi de
ses basses remarques pour l'interroger comme le grand professionnel
que je suis :
- Un homme ? Vous le connaissiez ?
Il
marque un temps :
- Pas vraiment, mais je l'avais déjà vu passer.
- Il était si beau que vous vous rappeliez de lui ?
- C'est marrant ce que vous me dites, mais moi aussi je me suis posé la question. Il a dû venir ici, je ne vois pas d'autres explications.
- Vous pourriez le reconnaître ? C'est un Balte ?
Il
hausse les épaules :
- Vous reconnaissez les Baltes, vous ? Amenez moi des photos et je vous le désignerai.
- Et les flics ? Ils ne vous ont pas interrogé ?
- Pfft ! Tous des minables. Du pouce, il me montre le port. Tout ce qui sort en douce d'ici, c'est phénoménal. Et sous leurs yeux.
Songeur,
j'annule encore une fois mon séjour à la plage. Je veux parler
rapidement aux potes et me procurer une photo de Piotr. Je suis tout
émoustillé avec ce premier indice, parce que pour moi, il ne fait
aucun doute que ce patron de bar a vu l’homme qui allait étrangler
Justine. En remontant vers le « New York », tout à mes
pensées, je tombe en arrêt devant la devanture d'une bouquinerie
qui expose de vieux bouquins, dont une sélection d'ouvrages
consacrés aux pays Baltes. Sans réfléchir j'entre dans cette
boutique au nom poétique : « A vrai lire. »
D'emblée
je me sens à l'aise dans ce lieu charmant, et cette impression est
confirmée quand la propriétaire vient s'adresser à moi. Elle
s’appelle Macha et est rayonnante. Nous ne pouvons que bien nous
entendre tous les deux. Et effectivement, à ma demande d'ouvrage
concernant la lutte de libération en Estonie, elle répond par un
grand sourire et me dégage une table avant de disparaître dans ses
rayons.
- Quelle époque ?
J'hésite
avant de répondre :
- Contre les Russes...Pour commencer.
Et
la voilà qui revient les bras chargés d'ouvrages.
- Houlà ! Je n'ai pas le temps. Je feuillette quelques livres vite fait avant de lui faire remarquer que je ne lis pas ces langues.
Elle
me regarde incrédule :
- Vous ne parlez pas la langue ? J'aurais juré le contraire. Laissez moi vos coordonnées et je vous appelle dés que je reçois ce qui vous conviendrais. Vous cherchez quoi, au juste ?
Je
vais la quitter précipitamment avant de devoir lui raconter ma vie
quand j'ai comme un éclair :
- Macha, c'est Russe ?
- Oui, mais ma famille vient d'Estonie.
Décidément,
Je n'en sortirai jamais.
7 commentaires:
Après Justine Macha, j'espère qu'elle ne va pas connaitre le même sort que cette pauvre Justine, et si je comprends bien tu n'en a pas fini avec le Havre, c'est aussi bien car j'ai comme l'impression que le nœud de l'affaire est ici.
(ah au fait, je regarde le commentaire au dessus, toi qui te plaignais de ne pas en avoir te voila servi (rire)
Ah, non seulement tout se passe au Havre, mais de plus, vous êtes, Phyll et toi, les héros de cette histoire. (Héros est peut-être un peu exagéré !)
peut-être pas des héros, mais certainement pas des zéros !!!
et si l'Estonie t'estonne, laisse Tony (truand) s'en charger !....
A voir la tête de Cécile je comprends que les jeux de mots de phyll l'étonne !
Oh dis-donc, "il" remet ça...
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