lundi 24 septembre 2012

19. Christelle raconte (un peu)

Dès l'aube je fonce m'acheter un maillot de bain. Quoi ? Vous, vous seriez venu avec un maillot ? Faites bien les malins, vous le saviez, vous, qu'il y avait des plages au Havre ? Et du soleil ? En tout cas, je rentre en vitesse chez Phyll, tout émoustillé à l'idée de courir à moitié nu sur le sable avec Justine, Michel, que mes émois adolescents agacent au plus au point, freine mes ardeurs et nous invite à nous réunir dans sa chambre afin de faire le point. « Le point ? Mais quel point ? Nous n'avons rien. » Michel me fixe méchamment. Je suis sûr qu'il est jaloux. Les autres terrassés par l'alcool et les résultats électoraux ne bronchent pas.
  • J'ai des nouvelles de nos lascars Lyonnais et...Il marque un temps en fixant Christelle : J'ai appelé l'Estonie. Encore un long silence...J'ai eu une très intéressante conversation avec Maria, la mère d'Aliide, Maria qui parle très bien Français, n'est-ce pas Christelle ?
Notre égérie bio hausse les épaules boudeuse :
  • Elle a fait ses études en France.
Michel frappe violemment sur la table, il est colère mon pote :
  • Arrête de nous prendre pour des cons Christelle et dis nous enfin la vérité.
  • Qu'est-ce que tu ne sais pas ?
Michel ne répond pas tout de suite et c'est Guitou qui s'y colle :
  • Vas-y, explique.
Comme prudemment, il n'ajoute pas : « Pupuce », Christelle consent à s'expliquer
  • Maria est une révolutionnaire, une vraie. Elle est venue en France dans les années 80, suivre des stages de guérilla.
  • Des stages guérilla en France ?
  • Ouais ! Elle allume un pétard et continue ses explications d'une voix lasse, comme si elle parlait à des mongoliens. Depuis les années 70, il existait en Europe des réseaux qui entraînaient tous les militants du monde aux combats de rue. Des opérations para-militaires qui ont formé des centaines de combattants. Elle a un petit sourire : C'est là que j'ai appris comment faire sauter un char.
  • Et c'est là que tu as connu Maria ?
  • Oui. J'ai menti sur les détails, mais quelle importance au fond ?
  • Quelle importance ? Mais tu plaisantes. Et Boris ? Pourquoi n'as tu rien dit sur Boris ?
  • Je ne voyais pas l'utilité de vous raconter cela. C'est trop intime. Elle se tourne vers nous. Le père de Boris est un Russe qui faisait parti de forces d'occupation. Dans les brigades spéciales. Un salaud, un vrai salaud. Quand Maria a été arrêté, c'est lui qui a été son geôlier. Pendant des jours, il l'a torturée et violée. J'étais là, avec les partisans quand ils l'ont sortie de cet enfer. Pour la sauver je l'ai ramenée à Lyon et pendant des mois je me suis occupé d'elle comme d'un bébé, et quand son bébé est né, c'est moi qui ai trouvé une famille de braves gens pour le placer. Maria était comme folle, elle ne voulait pas entendre parler de cet enfant. Pour elle, Boris c'était le diable, l'image du diable, en tout cas. Quand il a eut 15 ans, je lui ai dit la vérité et j'ai organisé leurs retrouvailles. Boris a adoré l'Estonie.
  • Il sait pour son père ?
  • Non, je ne pense pas, elle se trouble...Peut-être.
  • C'est à cause de cette histoire que tu bosses pour lui.
  • Ouais, il a été grandiose quand j'ai été dans la merde, il m'a toujours aidé.
Nous restons silencieux et moi je piaffe d'aller retrouver ma belle. Mais Michel n'en a pas finit ;
  • Les potes surveillent la ferme depuis l'autre jour et ce con de Lucien s'est enrhumé et les a fait repérer avec un de ses célèbre éternuement. Ils se sont fait courser dans la campagne et Paulo, mal remis de sa dernière chute de tabouret, s'est fait poisser. Il n'a pas réapparu depuis.
Nous sommes atterrés.
  • Paulo prisonnier ? Toujours aussi con ce Lucien !
Christelle toujours boudeuse nous dit que nous ne nous rendons pas compte dans quel merdier nous avons mis les pieds.
  • Oh ! N'inverse pas les rôles, c'est toi qui a mit tout cela en route.
  • On ne devrait pas prévenir les flics ?
Personne ne daigne répondre et je quitte la pièce sous le regard de reproches de Michel.

5 commentaires:

DAN a dit…

La pelote de nœuds commence à se dénouer dans cette affaire, et l'on y voit un peu plus clair.
Par contre le Martin il ferait bien de se grouiller pour son bain, l'été joue les intérims au Havre, il n'a que très rarement un CDI...

phyll a dit…

ça avance doucement... mais j'ai le préssentiment que d'autres évènements vont venir troubler mon esprit.......
ps: pour le maillot, Martin n'aurait pas dû le prendre rose..... on ne voit que lui sur les galets !!! :o)

Louis a dit…

Oh ! Les héros Havrais ! Rassurez-moi, vous suivez vraiment cette histoire, ou vous espérez avoir un autre livre en fin de saison pour caler vos meubles ? Escrocs !!!

phyll a dit…

comment sais tu que j'ai un meuble qui boite ??!!...... ;o)

DAN a dit…

Ben depuis que j'ai pris une patate dans la tronche j'ai un peu de mal à suivre, la faute à qui après tout hein... ?