dimanche 10 juin 2012

11. Roule ma poule !


Une heure plus tard nous sommes avec nos sacs devant la voiture de Cracoss.
Michel en découvrant le véhicule flambant neuf, se tourne vers moi :
  • On le paye pas trop le Cracoss ?
Guitout tape la carrosserie avec sa canne.
  • Tu l'ouvres ton coffre, merde ?
  • Non, il est plein.
Alors là, c'est la stupeur. « Plein, comment cela plein ? Tu plaisantes ? Qu'est-ce qu'il y a dans ton coffre ? »
Cracoss penaud baisse la tête et c'est Julot qui explique :
  • On a du matos électoral. On va coller des affiches au Havre.
Michel est en train de changer de couleur, il est passé de la stupeur à la colère. « Des affiches ? Ouvre, que je vois cela. »
Et effectivement le coffre est plein : Affiches, seaux de colle, balais, un sacré bordel. Devant le fait établi, nous décidons de ne pas nous éterniser, et nous cédons.
  • Bon, on va se serrer avec nos sacs dans l’habitacle.
L'affaire semble réglée avec l''agrément de tous quand Julot nous explique qu'il faut fixer nos sacs sur la galerie.
  • Tu te fous de notre gueule, là, non ?
  • Non, à l’intérieur on va mettre les cubis.
Je crois pendant un instant, que Michel va le tuer, mais Julot s'est habilement planqué derrière l'aveugle et mon pote suspend son geste vengeur.
  • Des cubis ? Mais, on ne part pas en expédition chez les papous, on va au Havre.
  • Ben, justement, je me méfie. Au dessus d'Auxerre, il n'y a plus de pinard valable, crois moi. J'ai passé dix jours dans la baie de Somme et c'était l'enfer. Alors on monte nos prévisions.
Julot a touché juste et on a fait comme cela. Une fois les bagages bien sanglés on a foncé chez un caviste avant de prendre enfin la route, les pieds posé sur des cubis et des cartons. Devant mon air interrogatif, l’œnologue fou a expliqué qu'il avait pris aussi quelques bouteilles.
  • Pour offrir, tu comprends, pour offrir.
J'ai haussé les épaules avant de coller mon museau contre la vitre. On était chouette tous les cinq entassés dans la bagnole coincé entre le matériel électoral et les caisses de vin.
Nous roulions depuis un quart d'heure quand ce camion a fait une embardée juste devant nous. Cracoss s'est dressé sur les freins et nous nous sommes retrouvés tous les cinq sur la banquette avant avec les cubis et les affiches de Ménenchon. Comme de juste, un bidon de colle s'est renversé et ouvert. Nous avons dû faire une halte sur la bande d’arrêt d'urgence. Heureusement, ni les cubis, ni les bouteilles n'étaient cassés.
  • On a eut du bol a dit Julot avant de se prendre une mandale qui l'a envoyé valdinguer au milieu de l'autoroute. Un poids lourd l'a raté de peu et notre Julot a tremblé comme une feuille jusqu'au Havre.
Cracoss dit qu'il a faim et nous voilà à errer dans la campagne à la recherche du « petit restaurant bon et pas cher » qui d'après Guitout existe partout dès que l'on quitte l'autoroute. Nous avons les pieds qui commencent à coller et c'est ce moment crucial que choisit Christelle pour me téléphoner. Elle nous rassure en nous expliquant qu'elle est hébergé chez Dan. « Ils sont un peu bizarres tes potes » et nous demande si nous pensons arriver rapidement. Je lui mens un peu en expliquant que nous sommes actuellement en train de déchirer l'espace temps sur l'autoroute. « On quitte pas la voie de gauche » et comme j'ajoute que c'est Guitout qui conduit tandis que Cracoss se met à hurler : «  Tiens, arrête toi là, l'auberge des chasseurs, ça m'a l'air bien » elle me raccroche au nez l’effrontée. Une fois au restaurant le plus délicat est de déterminer qui va prendre le volant cette après midi. Au bout d'une heure de discussion, Julot se dévoue en expliquant, qu'il n'est pas « un buveur de midi » Ce salopard se descendra tout de même sa topette de rosé, mais après trois cafés, nous le jugeons digne de nous conduire au Havre. Cracoss essaye de convaincre les clients de voter Ménenchon, et nous frôlons l'incident diplomatique quand Guitout affirme d'une voix forte ;
  • Laisse tomber, tu sais bien que tous ces bouseux votent Front National !
Une bonne course jusqu'à la voiture nous fait le plus grand bien et Michel tapote le crane de Julot : « T'endors pas surtout » Mais avec nos ronflements il n'y a pas de crainte.

5 commentaires:

DAN a dit…

Nan mais oh dis donc, tu diras à Julot qu'il y a du pinard ici et pas de la piquette non mais, d'ailleurs tu devrais téléphoner à Christelle qui en a bu à table, en disant "je ne savais pas que le soleil montait si haut en Normandie", ben oui tu vois, tu aurais pu faire un voyage peinard dans ta bagnole, et avec ta bande de bras-cassés c'est pas gagné.
Bon allez grouille on t'attends, c'est que je m'en vais à la fin du mois moi alors... !

phyll a dit…

j'ai bien peur que le pinard voyage mal..... et puis c'est ballot, chez nous (entre autres)il y a "les chais de la Transat" où l'on trouve d'excellents vins !!!
ps: et ne balancez pas vos cubis vides dans les bassins du port, ça fait désordre, dai !!!... ;o)

Louis a dit…

Une expo sur le "France" au Havre jusqu'en Juillet ? On verra des photos ?
Sinon, ce ne sont pas les cubis que l'on va balancer dans le port... Suivez mon regard !!!

DAN a dit…

Non mais t'entend ça Phyll ? On va lui réserver un "comité d'accueil " à ce bouffeur de saucisson et d'andouillettes !
Sinon ti louis, et si tu es sage, on te dira où aller pour l'expo sur le France !

phyll a dit…

t'as raison DAN, par contre Louis, si tu ramènes du saucisson, on pourra s'arranger !!...... (ben oui, j'suis d'la gueule !!!)