Une
heure plus tard nous sommes avec nos sacs devant la voiture de
Cracoss.
Michel
en découvrant le véhicule flambant neuf, se tourne vers moi :
- On le paye pas trop le Cracoss ?
Guitout
tape la carrosserie avec sa canne.
- Tu l'ouvres ton coffre, merde ?
- Non, il est plein.
Alors
là, c'est la stupeur. « Plein, comment cela plein ? Tu
plaisantes ? Qu'est-ce qu'il y a dans ton coffre ? »
Cracoss
penaud baisse la tête et c'est Julot qui explique :
- On a du matos électoral. On va coller des affiches au Havre.
Michel
est en train de changer de couleur, il est passé de la stupeur à la
colère. « Des affiches ? Ouvre, que je vois cela. »
Et
effectivement le coffre est plein : Affiches, seaux de colle,
balais, un sacré bordel. Devant le fait établi, nous décidons de
ne pas nous éterniser, et nous cédons.
- Bon, on va se serrer avec nos sacs dans l’habitacle.
L'affaire
semble réglée avec l''agrément de tous quand Julot nous explique
qu'il faut fixer nos sacs sur la galerie.
- Tu te fous de notre gueule, là, non ?
- Non, à l’intérieur on va mettre les cubis.
Je
crois pendant un instant, que Michel va le tuer, mais Julot s'est
habilement planqué derrière l'aveugle et mon pote suspend son geste
vengeur.
- Des cubis ? Mais, on ne part pas en expédition chez les papous, on va au Havre.
- Ben, justement, je me méfie. Au dessus d'Auxerre, il n'y a plus de pinard valable, crois moi. J'ai passé dix jours dans la baie de Somme et c'était l'enfer. Alors on monte nos prévisions.
Julot
a touché juste et on a fait comme cela. Une fois les bagages bien
sanglés on a foncé chez un caviste avant de prendre enfin la route,
les pieds posé sur des cubis et des cartons. Devant mon air
interrogatif, l’œnologue fou a expliqué qu'il avait pris aussi
quelques bouteilles.
- Pour offrir, tu comprends, pour offrir.
J'ai
haussé les épaules avant de coller mon museau contre la vitre. On
était chouette tous les cinq entassés dans la bagnole coincé entre
le matériel électoral et les caisses de vin.
Nous
roulions depuis un quart d'heure quand ce camion a fait une embardée
juste devant nous. Cracoss s'est dressé sur les freins et nous nous
sommes retrouvés tous les cinq sur la banquette avant avec les cubis
et les affiches de Ménenchon. Comme de juste, un bidon de colle
s'est renversé et ouvert. Nous avons dû faire une halte sur la
bande d’arrêt d'urgence. Heureusement, ni les cubis, ni les
bouteilles n'étaient cassés.
- On a eut du bol a dit Julot avant de se prendre une mandale qui l'a envoyé valdinguer au milieu de l'autoroute. Un poids lourd l'a raté de peu et notre Julot a tremblé comme une feuille jusqu'au Havre.
Cracoss
dit qu'il a faim et nous voilà à errer dans la campagne à la
recherche du « petit restaurant bon et pas cher » qui
d'après Guitout existe partout dès que l'on quitte l'autoroute.
Nous avons les pieds qui commencent à coller et c'est ce moment
crucial que choisit Christelle pour me téléphoner. Elle nous
rassure en nous expliquant qu'elle est hébergé chez Dan. « Ils
sont un peu bizarres tes potes » et nous demande si nous
pensons arriver rapidement. Je lui mens un peu en expliquant que nous
sommes actuellement en train de déchirer l'espace temps sur
l'autoroute. « On quitte pas la voie de gauche » et comme
j'ajoute que c'est Guitout qui conduit tandis que Cracoss se met à
hurler : « Tiens, arrête toi là, l'auberge des
chasseurs, ça m'a l'air bien » elle me raccroche au nez
l’effrontée. Une fois au restaurant le plus délicat est de
déterminer qui va prendre le volant cette après midi. Au bout d'une
heure de discussion, Julot se dévoue en expliquant, qu'il n'est pas
« un buveur de midi » Ce salopard se descendra tout de
même sa topette de rosé, mais après trois cafés, nous le jugeons
digne de nous conduire au Havre. Cracoss essaye de convaincre les
clients de voter Ménenchon, et nous frôlons l'incident diplomatique
quand Guitout affirme d'une voix forte ;
- Laisse tomber, tu sais bien que tous ces bouseux votent Front National !
Une
bonne course jusqu'à la voiture nous fait le plus grand bien et
Michel tapote le crane de Julot : « T'endors pas surtout »
Mais avec nos ronflements il n'y a pas de crainte.
5 commentaires:
Nan mais oh dis donc, tu diras à Julot qu'il y a du pinard ici et pas de la piquette non mais, d'ailleurs tu devrais téléphoner à Christelle qui en a bu à table, en disant "je ne savais pas que le soleil montait si haut en Normandie", ben oui tu vois, tu aurais pu faire un voyage peinard dans ta bagnole, et avec ta bande de bras-cassés c'est pas gagné.
Bon allez grouille on t'attends, c'est que je m'en vais à la fin du mois moi alors... !
j'ai bien peur que le pinard voyage mal..... et puis c'est ballot, chez nous (entre autres)il y a "les chais de la Transat" où l'on trouve d'excellents vins !!!
ps: et ne balancez pas vos cubis vides dans les bassins du port, ça fait désordre, dai !!!... ;o)
Une expo sur le "France" au Havre jusqu'en Juillet ? On verra des photos ?
Sinon, ce ne sont pas les cubis que l'on va balancer dans le port... Suivez mon regard !!!
Non mais t'entend ça Phyll ? On va lui réserver un "comité d'accueil " à ce bouffeur de saucisson et d'andouillettes !
Sinon ti louis, et si tu es sage, on te dira où aller pour l'expo sur le France !
t'as raison DAN, par contre Louis, si tu ramènes du saucisson, on pourra s'arranger !!...... (ben oui, j'suis d'la gueule !!!)
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