mardi 31 janvier 2012

1. Un réveillon sympa



2012 venait de débuter et Roger nous faisait déjà la gueule. Oh, bien sûr il n'était pas le seul sur Lyon, mais lui avait une bonne raison : Nous avions décider de boycotter son réveillon. Tous les ans, supporter ses amis commerçants et leurs éternelles jérémiades sur les taxes, charges et impôts commençait à sérieusement nous fatiguer. Nous avions envisagé dans un premier temps d'aller au Havre pour festoyer avec Dan et Phyll, c'est vous dire si nous étions mal ! Et puis le bruit a couru à la Croix Rousse : Bob, le patron du bar des sports, à l'agonie depuis la fermeture de notre usine, organisait un réveillon géant pour sauver son établissement. Comme l'a dit Michel, imitant Audiard : « Si c'est pour de l'humanitaire ! »
Avant toute chose, nous avons écumé divers établissements pour nous mettre « en jambes ». Après notre triomphe policier de l'an dernier nous étions plutôt bien reçus partout même si les marlous du plateau nous regardaient un  peu de travers. Nous sommes quand même passés chez Roger mais ce sale rancunier ne nous a même pas regardé en nous servant. (les jeunes disent « il nous a pas calculé, mais son punch, il déchire sa race!) Il trinquait avec Lucien et Arobase ces deux fayots qui, eux, participaient à son réveillon. Par souci d'apaisement, nous ne nous sommes pas attardés, d'autant plus que ma blonde présente sur la terrasse essayait de me convaincre à la suivre dans une soirée avec des musiciens de ses amis. Devant mon refus obstiné elle repris sa vieille rengaine :
Tu préfères aller traîner avec ces guenilles. Tu ne changeras jamais. Alcool, dragouille et bagarre c'est un but dans ta vie ?
Mais chérie...
Ne m'appelle pas chérie, tu te prends pour qui ?
Je savais qu'en l’appelant comme cela, elle allait grimper aux rideaux, alors on rigole et je remet ma tournée. Ma blonde a rejoint ses amis et je fais le malin face aux potes. Pourtant je ressens un petit pincement en la voyant s’éloigner. Notre vie ne pourrait-elle pas être différente ? Me voilà parti à nous imaginer, ma blonde et moi, à la campagne entourés de bambins rieurs. Je vais pleurer quand Michel me tape sur l'épaule :
Oh Martin ! On y va ?
J'abandonne mes rêves de conformité pour repartir pour une nouvelle année. Et ça ne traîne pas : Chez Bob au bar des sports, l'ambiance est explosive lorsque nous arrivons. Ah, revoir tous ces copains de boulot, de luttes et de douleurs ! Nous enchaînons les rafales, pendant que fusent les rires et les exclamations : « Putain Cracoss, tu es sorti de ta brousse ? Toujours écolo ? Et Georges ? Tu es venu ? Merde alors, c'est sympa »
Et c'est vrai que c'est sympa de nous revoir. Soirée nostalgie : «  Tu te souviens de Lambert ? Le petit chef que tu as giflé?Et quand les flics ont déboulé dans le bistrot ? Et le coup de la grève sauvage ? Et, et, et... » Ah cela fait du bien de se remémorer tous ces grands moments qui ont forgés notre dignité, même si on en a chié dans cette turne. L'alcool et tous ces souvenirs nous montent à la tête. Bob est rayonnant, pourtant il verse une petite larme en nous confiant que tout va très mal. « Vous devriez venir plus souvent » En rigolant Michel dit que l'on a arrêté de boire. Plus tard dans la soirée Michel me confie que l'on devrait aider Bob. « Michel, tu te prends pour l'abbé Pierre ? » Mon pote me regarde rieur : «  Il aidait les bistrots, l'abbé Pierre ? » Mais nous avons d'autres soucis pour l'instant : trouver de gentilles poulettes pour commencer l'année brillamment. Malheureusement celles qui sont là, sont toutes accompagnées et je sens que c'est une nuit à finir avec Paulo. Le top, quoi. Et c'est juste avant minuit qu'un petit groupe fait  une entrée remarqué. Il y a là,  entre autres, Didier, Blaise et Richard trois non-grévistes notoires. Malaise dans la salle. Je m'attends à voir Michel intervenir bruyamment, mais mon pote nous réunit dans un coin : « Vous avez maté leurs gonzesses ? » Et c'est vrai qu'elles sont plutôt pas mal les mamans. Michel n'a pas besoin de nous faire un dessin : Nous nous sommes donc ingéniés à passer notre réveillon, à faire boire les mecs tandis que nous entreprenions les belles sans vergogne ? Et deux heures plus tard les « jaunes » avaient roulé sous les tables tandis que nous tentions d’entraîner leurs femmes dans les petites chambres que Bob possédait au dessus du bar. Cela aurait pu marcher si Blaise ce fourbe n'avait pas aussi bien encaissé l'alcool. Quand il a vu sa femme dans les bras de Julot l’œnologue fou,  il s'est mit à gueuler et a réveiller ses potes. Alors qu'est-ce que vous voulez, le naturel est revenu et nous nous sommes vengés de toutes ces années ou ces salopards avaient continué à bosser pendant que nous faisions grève. Ils sont rentrés avec leurs femmes, d'accord mais dans quel état !
Pendant un instant fugitif j'ai eu une pensée pour ma blonde. 2012 se présentait bien !

2 commentaires:

DAN a dit…

Bon, toujours amateurs de filles et de bagarres à ce que je vois, je ne sais pas si finalement ce soit un mal si tu n'aies pas pu venir au Havre, qu'est qu't'en pense Phyll ?
(ps : avec un "Y" siou plait )

phyll a dit…

d'accord avec DAN !!!
mais je suis ravi de voir qu'avec 2012 recommence des nouvelles mouvementées.... ça me ramène à mes premières lectures chez toi !!
je suis sûr que d'aventure en aventure cette année sera un bon cru !!.... et le bon cru, c'est bon !!! ;o)