- J'attendais plutôt un coup de fil.
Camille est ravissante
pieds nus sur le pas de sa porte. Elle porte un sweat-shirt trop
grand pour elle sur un jean moulant. Elle fronce les sourcils pour me
montrer sa surprise.
- Je suis là pour le travail.
- Ah !
Elle a son petit air
moqueur.
- Tu viens m'interroger ?
- Disons plutôt que je cherche à recueillir des infos sur cette famille. C'est une idée de Pierre, le commissaire.
Elle a l'air surprise :
- Mais les flics ont entre leurs mains, la mère et deux enfants, cela ne leur suffit pas ?
Pierre m'a dit de taire
la mort prochaine d'Antoine alors je souris pour lui dire que j'avais
envie de la revoir.
- Pour me déshabiller comme l'autre fois ?
Je souris :
- Comme l'autre fois, non, mais te déshabiller, je veux bien.
Cette réponse la
déconcerte et j'en profite pour entrer.
- Je ne vais quand même pas te déshabiller dans la rue, tout de même.
Alors, elle s'efface et
je l'enlace. J'attendais ce baiser depuis si longtemps. La suite est
trop bouleversante pour que je vous la raconte. Une fois rassasiés
et repus nous fumons tendrement enlacés sur ce qui fut apparemment
un lit.
- Parle moi un peu de cette famille.
Camille se dresse nue sur
son coude. Entourée de fumée, elle plisse les yeux, comme pour
fouiller à l'intérieur de moi :
- Alors, c'était sérieux ? Tu veux vraiment m'interroger ?
Je reste allongé, les
yeux fermés.
- Sérieux. Pourquoi serais-je venu sinon ?
Faussement furieuse, elle
essaye de me frapper mais je lui saisis les bras et à force de
lutter nous revoilà parti à tutoyer les nuages. Non, franchement,
les flics ne sont pas prêts d'obtenir des renseignements, parti
comme c'est parti. Finalement nous avons fait l'amour deux jours de
suite, nous nourrissant exclusivement de pâtes et de pain rassis.
Lorsque je suis rentré chez moi, Camille ne m'avait appris hormis
quelques positions audacieuses, que deux ou trois « intuitions »
qu'elle gardait en souvenir de sa liaison avec Gérard Valentin. En
premier lieu, elle était persuadée qu'il ne pouvait l'avoir
quittée.
- Tu connais quelqu'un capable de m'abandonner ?
Elle avait cet air
suffisant que je ne supportais pas :
- Michel ?
Ses yeux me lancèrent
des éclairs :
- Connard !
J'ai su à cet instant
que nous n'irions pas loin tout les deux, mais je voulais connaître
ses « intuitions » alors je ne répondis pas,
l'encourageant à poursuivre d'un regard.
- Sa femme avait un amant et voulait se débarrasser de lui.
- Tu exagères, lui aussi la trompait et il ne voulait pas la tuer pour cela.
- Cela n'a rien à voir. Tu ne la connais pas. Elle t'a ensorcelé toi aussi ?
- C'est une belle femme, encore aujourd'hui...Alors j'imagine ce qu'elle a dû être.
Camille me regarde d'un
air navré. Cet air que l'on porte sur un tocard.
- Elle est mauvaise. Elle porte la mort en elle.
J'éclate de rire, « Tu
crois que tu n'exagères pas un peu ? »
Elle se lève pour se
rhabiller, définitivement convaincue de ma sottise.
- Tu bois trop avec tes potes. Tu perds tout sens des réalités, il te faut combien de morts avant que tes yeux ne se dessillent ?
« se dessillent »,
sacré Camille, il n'y a plus qu'elle pour employer des mots pareils
sur le plateau. « Tu as raison, je file chez Roger, parce que
tes intuitions m'ont donné soif. Tu es jalouse de la mère, mais tu
oublies qu'elle n'a pas tué. »
- Qu'en sais-tu ? Camille a crié et je reste là à moitié vêtu à la regarder comme un con.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Elle hausse les épaules
sans répondre avant d'ajouter dans un sourire :
- Je viens avec toi. Vous aurez besoin des lumières de quelqu'un de futé. Cela fait cruellement défaut à votre petite troupe.
Satisfaite de sa sortie
elle me prend le bras pour m’entraîner vers mon destin. Oui, Chez
Roger !
Elle refuse de parler
dans la voiture, mais me laisse l'embrasser. Que demande le peuple ?
5 commentaires:
Et bien voila, beaucoup d'efforts pour un maigre résultat, quoique des efforts comme ça moi je veux bien en faire tous les jours, bon allez on se retrouve chez Roger !
Ciao
Ah quand même,que voilà de beaux efforts !!! Je confirme.
j'adore la première phrase....(ça m'fait rêver...) ;o)
sinon, il me tarde de connaitre les révélations de la belle Camille !!!
??? Phyll ? Une allusion salace ? Je n'ose y croire !!!
loin de moi cette pensée !!!.......
(si tu ne me crois pas, j't'en raconte une autre !!...) ;o)
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