vendredi 25 novembre 2011

Episode 46




Une fois installés dans nos locaux vides et froids, Pierre resta silencieux. Michel et moi, les seuls qu'il avait tolérés pour cette entrevue, nous le regardions sans oser intervenir. Après de lourdes minutes de ce silence gênant, Le flic se racla la gorge :
  • Je vais tout laisser tomber.
Et comme nous nous récrions en chœur, il lève la main pour nous interrompre. Il a l'air las et sa voix est brisée. Merde ! Il ne va pas pleurer le vieux !
  • Antoine va mourir, les médecins ont été très clair à ce sujet. Et tout cela est de ma faute. J'ai complètement merdé cette enquête, et la mort de ce jeune est comme l'aboutissement de ma défaillance. J'étais trop en confiance à marcher ainsi à découvert.
  • Mais qui pouvait croire que Pauline allait tirer sur son frère ?
  • Sur son frère ou sur un de mes hommes, c'est égal. J'ai merdé, j'ai merdé.
Nous voilà beau avec un flic en dépression dans nos bureaux. Il me regarde avec intensité :
  • Ta mère t'a raconté ton père et l'Algérie ?
Je suis surpris de la question.
  • Pas trop, non. elle n'aimait pas parler de cette période. Elle disait juste que vous vous étiez connu là bas et qu'il y est mort.
  • C'est exact, et il est mort à cause de moi. A cause de mon incompétence et de mon insouciance, comme l'autre jour avec Antoine. Je marchais à découvert comme un con quand nous avons été « accrochés » par des rebelles. J'ai été touché, et ils m'auraient achevé sans peine si ton père ne s'était précipité dans leur direction, détournant leur attention et me permettant de me traîner à couvert. Ton père est mort comme cela, en héros. Il laisse passer un temps avant d'ajouter dans un rictus amer :
  • Moi j'ai été rapatrié en France, à l'abri. J'ai eu une médaille et une citation au mérite qui m'a permit d'entrer dans la police. C'est risible, non ?
  • Pourquoi maman ne m'a-t-elle jamais rien dit ?
Il hausse les épaules :
  • Je n'ai jamais raconté cette histoire, à personne.
Je suis un peu sonné.
  • Ma mère aurait dû savoir.
  • Probablement, mais je l'aimais. Nous étions en compétition ton père et moi, avant qu'elle ne le choisisse. Alors, non, je ne pouvais rien lui dire. Vous me comprenez.
Nous approuvons d'un hochement de tête., et Pierre poursuit :
  • J'ai vécu avec cette douleur bien enfouie au fond de moi, mais, là, quand j'ai vu tomber Antoine, tout est remonté, et je veux arrêter. J'en ai marre. De plus, les nouvelles méthodes ne me conviennent pas. Vous avez vu pour cette affaire, mes jeunes collègues, voulaient à tout prix arrêter un « sérial killer » c'est pathétique. C'est vous avec votre bande de bras cassés qui alliez dans le bon sens. C'est dire si tout va mal.
  • Vous n'exagérez pas un peu ?
Il regarde Michel qui vient de parler :
  • Peut-être. Pourtant, il y a eut trop de manquement dans cette affaire. Il souffle bruyamment : Et l'histoire des relevés bancaires ? Vous trouvez cela normal ? Il fallait jouer au rugby pour comprendre cette énigme ? Non, vraiment il est temps que je me retire. Je vais cultiver mes fleurs et mes légumes, et de tant en tant je vous donnerai un coup de main si toutefois vous continuez votre activité de détectives privés.
Nous nous regardons, Michel et moi, tout en nous gardant bien de répondre. Il faut déjà clore cette aventure avant de songer à notre avenir. Devinant nos pensée, Pierre déclare que pour revenir à l'affaire, il faudrait entendre plus sérieusement Camille. Comme je sursaute surpris il ajoute :
  • Elle a bien connu le père. Il a du lui raconter pas mal de trucs.
  • Pas sa mort tout de même.
Pierre retrouve son bon gros rire qui me rassure :
  • Non, mais quelques détails peuvent nous éclairer.
  • Martin va s'en occuper.
Comme je regarde Michel qui vient de parler avec étonnement, Pierre ajoute que c'est une bonne idée.
  • Vous formiez un très joli couple devant la maison, les gars du GIGN en étaient tout émus. J'en ai vu quelques-uns pleurer.
Et voilà ces deux cons à rire comme des baleines. Non, je vous jure ! Chanceux comme je le suis en ce moment, Camille va bien me recevoir, n'en doutons pas.

3 commentaires:

DAN a dit…

C'est la minute de l'émotion, sortez vos mouchoirs ! N'empêche ça va peut être faire un "bras cassé" de plus non ?

Louis a dit…

Ouais, il va assez mal pour nous rejoindre. Faut voir...

phyll a dit…

épisode de transition..... et j'ai sorti les mouchoirs (comme le dit DAN).... sniff... bon, j'vais m'en remettre !!