jeudi 17 novembre 2011


45.



J'ai bien dû dormir deux jours avant de pouvoir émerger. Toute l'équipe était là quand Roger m'a servit un double café serré.
  • Encore du café ? Tu fais vraiment une fixette. Paulo qui sirotait peinard son pastis me regardait de ce regard de compassion que l'on a devant un grand malade.
  • Alors ? Quoi de neuf ?
Michel, qui lui, buvait son petit Mâcon traditionnel haussa les épaules :
  • Pas grand chose en fait. Les flics ne disent rien, alors on laisse traîner les oreilles. Ça cause pas mal sur le plateau.
Et il est vrai, que moins les gens savent, plus les gens parlent. Alors, toutes ces paroles amplifiées dans les bistrots...
Néanmoins, de tous ces racontars, je retins que les équipes de fouilles avaient déterré le corps d'Abdul.
  • Alors c'est certain, c'est Pauline qui l'a tué ?
Michel m'a jeté un regard noir :
  • C'est toi qui devrait nous expliquer.
Comme j'exprimais mon incompréhension, Roger fis glisser vers moi le « Progrès », le quotidien régional. En l'ouvrant, j'eus le choc de ma vie : Ma photo illustrait l'article de la page 4 : Un détective Lyonnais à l'origine de l'arrestation d'une dangereuse criminelle. Le journaliste racontait, comment, contre vents et marées, je m'étais battu pour faire entendre ma vérité.
  • C'est des conneries !
  • Si c'est dans le « Progrès », c'est que c'est vrai, claironna Lucien en reprenant un vieux slogan du baveux.
  • Merde, Michel, tu te souviens de ce jeune journaliste qui était venu nous interviewer quand nous avons ouvert l'agence. Tu m'avais laissé seul avec lui, ben, voilà le résultat.
  • Tu vas être un héros maintenant.
  • Bof ! J'ai haussé les épaules, mais pour redonner le sourire à tous, j'ai dû payer une tournée générale avant de demander à Joël de me donner son avis.
Il allait commencer à parler et on en avait pour des heures, quand mon portable a sonné. C'était Pierre :
  • T'as vu le journal ?
Sa voix était rieuse.
  • Tu es une vedette. Maintenant, il n'y avait plus de trace de rire dans sa voix lorsqu'il ajouta :
  • A la brigade, tu t'es fait un max d'amis ! J'allais répliquer mais il ne m'en laissa pas le temps : J'arrive.
J'expliquai la situation aux potes qui ricanèrent :
  • Il vient te demander tes lumières pour d'autres affaires non résolues ?
Je ne daignai même pas répondre à de si basses attaques.
  • Il vient où ? Ici ou au bureau.
Je réfléchissais à la question de Michel quand Roger trancha :
  • C'est ici le bureau.
Vous pensez bien que tous ces loustics ne voulaient rien rater de notre conversation. De vraies fouines, je vous le dit.
Mais, malgré leurs grandes gueules, quand Pierre fit son entrée dans le bar, tous les potes se firent discrets. Le flic prit le temps de prendre un verre avec nous tout en discutant de choses et d'autre. Lucien cet ahuri, voulait savoir si les flics Lyonnais utilisaient les mêmes méthodes scientifiques que les « experts de Miami »qu'il voyait à la télé. Michel allait lui claquer le beignet mais Pierre répondit en souriant :
  • Oh non ! Pas besoin avec un tel cerveau dans notre ville.
En disant cela il pointait son doigt sur moi et tout le monde, mis à part Lucien comprit qu'il se foutait de ma gueule, alors je décidai de mettre les pieds dans le plat.
  • Bon, c'est bien beau tout cela, mais Pauline ? Son interrogatoire ?
Pierre redevint instantanément sérieux.
  • Rien. Cette gamine n'a rien dit. Un mur. Les psys ont pris le relais, et je crois que nous ne la reverrons pas. Cette fille a plongé dans la folie. C'est impressionnant.
Dans un silence inhabituel en ces lieux, nous restions tous là, figés, à fixer ce géant venant nous avouer son échec.
  • J'ai besoin de vous. Vous connaissiez cette famille ou des gens qui les ont connu. Je veux recueillir vos avis, vos sentiments, vos sensations. Tout peux nous être utile.
  • Et Antoine ?
  • Antoine ne va pas très bien. Il est dans le coma et les médecins ne se prononce pas quand à ses chances de survie.
  • Merde !
C'est Paulo qui vient de laisser échapper cette virile exclamation.
Alors Michel s'étonne :
  • Mais, en gros, l'affaire est bouclée, non ?
  • Oui, en gros, mais j'aimerais bien comprendre. On peut aller dans votre bureau ?

5 commentaires:

DAN a dit…

Bon encore quelques détails à régler mais l'affaire semble pliée non ?

phyll a dit…

par contre, moi, je ne pense pas que cette affaire soit bouclée...... je m'attends à un rebondissement "Louisesque" !!!...
il doit bien y avoir un détail qui nous a échappé !!...

Louis a dit…

Je n'ai pas relu les derniers épisodes mais il m'étonnerait bien que l'on assiste à d'autres rebondissements. Faut pas pousser, pour ce que je gagne !!!

Louis a dit…

A cause de vous Dan et Phyll, j'ai relu les derniers épisodes (que j'avais oublié !!!) et ben y'a encore du rebond : C'est Phyll qui avait raison. Et toc

phyll a dit…

... j'm'en doutais !!... :o)
bon week end !