vendredi 12 août 2011

35.



Toujours aussi rayonnante, Claire Valentin fait une entrée éblouissante dans le bar étrangement désert ce matin. Elle nous regarde avec défi :
  • Vous vouliez encore me voir ? Et avec un regard canaille elle ajoute : Vous ne pouvez plus vous passer de moi ? C'est plus de l'amour, c'est de la rage.
Ce coté trivial, m'irrite :
  • Votre mari et Pauline, votre cadette ont disparu, votre ainée a été assassiné, et vous êtes là à jouer les vamps vieillissantes sans aucuns signes de douleurs.
Elle me fusille du regard. Je crois que c'est « Vamp vieillissante » qui lui a fait mal.
  • Mon mari ? Un connard que je n'ai jamais regretté.
  • Mais vos filles ?
  • Personne n'a trouvé Pauline, non ? Il ne peut rien lui arriver, c'est une dure, une costaud. Antoine vous a dit qu'elle jouait au rugby ? Et puis elle est comme son père. Elle s'est certainement barrée ?
  • Avec Abdul ?
  • Pftt ! Qu'est-ce que j'en sais ? Vous avez des ado vous ? Ils vous racontent leurs vies ?
Devant nos mines, elle ricane, alors je veux me montrer méchant :
  • Et Aurélie ? Vous avez-vu son cadavre mutilé, non ?
Elle se trouble l'espace d'un instant, puis se reprend :
  • C'est bien triste pour elle, mais je ne vais pas vous mentir, entre Aurélie et moi il n'y avait plus grand chose, et ça depuis pas mal de temps.
Comme nous l'interrogeons du regard elle explique ingénument qu'Aurélie, depuis son adolescence était jalouse d'elle.
  • Surtout avec les hommes.
  • Les hommes ?
  • Mes hommes pour être plus claire.
Nous restons muets jusqu'à ce que Michel s'emporte :
  • Jalouse de vous ? C'est une blague ? Vous oubliez que j'ai été très proche d' Aurélie. C'est vous qui étiez jalouse d'elle.
Elle va de nouveau se braquer, alors j'interviens :
  • C'est bon, c'est bon, on s'en moque, qui était jalouse de qui, racontez-nous pour Jean Lanterne.
Encore une fois, ce nom fait son effet et Claire se calme instantanément. Elle baisse la tête et garde le silence. Pendant un instant je crois qu'elle va pleurer, pourtant elle explique tout en gardant les yeux baissés :
  • Quand Jean est venu s'installer chez nous, cette petite garce a commencé à sortir le grand jeu : ballade à poil dans l'appartement, yeux doux et tout le cinéma habituel dans ces cas là.
  • Et alors ?
  • Alors ? Je l'ai foutue dehors cette petite pute.
Michel réagit :
  • Elle est morte, vous pourriez quand même lui témoigner un peu plus de respect.
  • Ah ! Du respect, ses yeux maintenant lancent des flammes, elle en avait, elle, du respect ? Et toi, elle désigne Michel du doigt, grand couillon, tu es là à la défendre alors qu'elle t'a bel et bien fait un enfant dans le dos.
La gifle a claqué sans que quiconque ne l'ai vu partir.
Claire se lève pour partir sans un mot, et le patron qui a suivit la scène de son comptoir vient nous intimer l'ordre de partir. Il n'ajoute pas qu'il serait mieux que nous évitions de revenir, mais cela se lit dans ces yeux.
Dans la voiture, c'est Michel qui va pleurer quand Joël m'appelle pour me dire que nous avons enfin les listings bancaires des retraits d'argent de la carte bancaire du père Valentin.
  • Alors ? Je suis excité comme une puce, mais Joël me calme illico :
  • Rien que de très normal : Des retraits de voyageur de commerce, jamais très loin de Lyon : Bourg, Mâcon, Oyonnax, etc... et chaque été un pays Européen : Espagne, Italie, Croatie, etc
  • Tu veux dire que le père bosse dans la région, qu'il a refait sa vie avec femme et enfants. Boulot et vacances au mois d’Août ?
  • En gros, cela pourrait-être cela. Il laisse un temps, pour soigner ses effets avant d'ajouter :
  • Deux petits détails : Il n'utilise sa carte que pour des retraits d'argent dans des distributeurs, pas d'achats en magasin.
Il se tait, alors j'explose :
  • Tu vas balancer ce deuxième détail avant que je ne te défonce la gueule, enquêteur de mes fesses.
Toujours très digne, Joël reprend :
  • Il n'effectue ces retraits que le week-end.
Il raccroche et je résume la situation à Michel qui ne réagit pas.
  • Tu ne trouves pas cela bizarre ?
  • Ben quoi ? Je connais plein de gens comme cela.
J'évite de lui répondre qu'il ne connaît que des vieux pour me plonger dans mes (sombres) pensées.

2 commentaires:

DAN a dit…

J'aime bien ta façon de raconter, mais tu nous fais languir !
Mais bon, faut c'qui faut hein alors @ +

phyll a dit…

... un comportement pas très clair cette Claire !!!...je la soupçonne d'en savoir plus qu'elle ne le dit !!!