samedi 2 juillet 2011

30

30.

Une fois au bureau, j'essaye de joindre Camille. Au prétexte de l'enquête, j'espère un nouveau rendez-vous, mais son répondeur est aussi distant qu'elle. Comme j'ai vu pas mal de film noir, je prend la pause du détective privé : La clope au bec, un verre à portée de main, je pose mes pied sur le bureau, et le chapeau rabattu sur les yeux je réfléchis à tout cela. Je vais certainement résoudre cette énigme tout seul quand mon téléphone me réveille brutalement. C'est Pierre et les nouvelles ne sont pas bonnes :
  • On va garder Michel encore 24 heures. C'est une belle tête de lard ton pote. J'ai pris sur moi de contacter un avocat. D'ailleurs, si tu veux mon avis, vous feriez bien de vous attacher les services d'un as du barreau. Vu vos méthodes de travail, c'est vital.
  • Pourquoi gardez-vous Michel ?
  • Ça se présente mal, l'enquête s'oriente franchement du coté du cinéma.
  • Du Zola ? Tu plaisantes ? Mais à sa voix, je sais bien qu'il ne plaisante pas.
  • Ton pote n'a pas d'alibi et il y en a qui le charge méchamment.
Je pense immédiatement au directeur des ressources humaines, mais Pierre ne répond pas à ma question à ce sujet, il ajoute plus bas, comme s'il avait peur de me blesser : Il y a autre chose, Michel est le père de la fille d'Aurélie. Et il vient juste de l'apprendre.
Je reste silencieux, assommé, alors il reprend :
  • Mais, la piste du sérial killer n'est pas abandonnée. Et j'ai un truc qui pourrait vous intéresser : La brigade scientifique a relevé auprès des deux victimes, les même traces de terres.
Il laisse passer un silence avant d'ajouter : « Et d'après ces éminents savants, cette terre proviendrait à 90 % des Monts du Lyonnais. Ça te parle, non ? »
  • Qu'est-ce qu'ils entendent par « 90 % » ?
  • Ben, je l'ignore, en tout cas, ce n'est pas « sûr-sûr » mais nous fouillons quand même du coté de Messimy.
  • Vous croyez à ma piste familiale ?
Il rit : « Ne t'emballe pas mon petit Martin, mes gars sont toujours sur la piste d'un tueur en série, mais j'ai confié quelques investigations à René, un type de mon age, pas trop pollué par tous ces films Américains. Et sans transition, il m'assène un coup bas : Tu étais au courant pour Camille ? Camille Deschanel est bien ton amie, non ?
Je joue l'imbécile - Mon meilleur rôle – Hein, Quoi, Camille ?
  • Te fatigue pas, elle nous a tout raconté. Mais, j'aimerais bien que vous nous fassiez remonter les informations, de temps en temps. Il y a dans sa voix, quelque chose qui me dit de me méfier à l'avenir.
  • Promis, mais franchement, je ne pensais pas que cela puisse-t-être intéressant.
  • Ouais, ben laisse moi en juger, la prochaine fois.
Je reste songeur après cet appel. Il ne s'agirait pas de perdre ce soutien chez les policiers. Nous ne sommes quand même pas en position de force dans ce domaine. Je reprends ma position allongée afin de faciliter ma réflexion. Et elle est morose ma réflexion. C'est quoi ce merdier avec Michel ? Mon ami ne s'est jamais caché de ces intentions de meurtres au Zola, mais ces cibles étaient bien définies et quel intérêt aurait-il eu à abattre ces ouvreuses dont il avait approuvé la création à cent pour cent. Sa liaison avec Aurélie ? Du passé tout cela. Son éventuelle paternité ? Foutaises. Il m'en aurait parlé, j'en suis convaincu. Et me voilà parti à tourner et retourner tout cela dans mon cerveau fatigué. Et à force de ruminer ainsi, une petite voix arrive à faire entendre son insidieuse musique : « Es-tu si sûr de toi ? Michel te dit bien tout ? Sa mauvaise humeur de ces derniers mois que tu mettais sur le dos du chômage n'était-elle pas plutôt un signe évident ? Aurélie lui aurait révélé la vérité sur sa paternité, et il n'aurait pas supporté cette annonce. Ridicule ! Mais les flics ne connaissent pas Michel comme je le connais. Ils sont pleins d'à-priori. Et si en plus, les jeunes loups qui visent la direction du Zola le charge ! Comment voulez-vous vous endormir paisiblement en brassant de telles idées ?

3 commentaires:

DAN a dit…

Bon, on va le laisser brasser ses pensées, ne jamais déranger un gars qui travaille, enfin qui essaie tout du moins. Quant à la tête que je me fais de ce "héros" je vois bogart maintenant, mais bon pas grave ça ne m'empêchera pas de suivre la suite !
Bon vaikende Louis !

phyll a dit…

salut Louis,
et bien moi je le vois comme "Nestor Burma" (Guy Marchand) qui a aussi le chic de se mettre dans des situations inextricables !!
Bon WE ,o)

Louis a dit…

Oh les fidèles ! Pas encore sur les routes ?
Vous êtes vraiment trop gentils avec vos comparaisons, je rougis.