lundi 6 juin 2011

Episode 26

26.


Malgré les tracas de la circulation, Michel, cette bourrique insista pour que nous retournions manger dans son petit rade situé en presqu'île.
  • Michel, nous ne sommes pas loin de l'hôtel de Police, ce n'est pas très malin de traverser toute la ville, nous avons rendez-vous à 14 heures. Mais, à la direction que prenait mon pote, je compris que parler ne servait à rien, alors je boudai en regardant défiler les rues de Lyon.
  • Même si nous sommes en retard, ils nous attendrons les flics. Ils n'avaient pas à nous poser un lapin. Cela ne se fait pas entre collègues. Je croyais qu'il blaguait, mon pote, mais il n'en était rien. Je le voyais bien à son air sérieux, alors je souris. Et comme il se faisait bien chier dans la circulation, je souris encore plus. Ce qui n'échappa pas à ce fin renard :
  • Et pas la peine de prendre ton air suffisant avec ce regard niais. Si tu continue, je vais t'en coller une.
  • Fais gaffe à la route plutôt. On arrive. Tu vas l'avoir ton verre de blanc. Tu sais que tu as un problème avec l'alcool ? Tu devrais voir un spécialiste. Il fait une telle embardée que l'on manque d'emboutir le tram.
  • Putain, Martin, t'es con ou quoi ? Un spécialiste ! Et pourquoi pas un prêtre ? Je vais lui répondre que ce n'est pas bête, mais nous sommes arrivés, et sans tarder, Janine, la patronne nous serre dans ses bras. Une fois nos verres remplis, collés au comptoir, la conversation se porte immédiatement sur « cette pauvre fille » comme le dit la patronne en parlant d'Aurélie. Elle nous pose mille questions, et comme nous ne savons que dalle, nous ne répondons rien à cette femme qui, persuadée que nous sommes de fins limiers, pense que notre silence est stratégique. Le clin d'œil complice qu'elle me lance, confirme cette impression. Enfin, j'espère que c'est bien de cela qu'il s'agit ! Tous les pochetrons agglutinés au bar, participent à cette riche conversation. Avec chacun leurs opinions bien tranchées. Opinions, dont nous nous battons allègrement les flancs, Michel et moi. Depuis le temps que nous traînons dans les rades, si nous avions dû suivre les avis des buveurs même pas anonymes... Nous passons plutôt à table, puisque aujourd'hui, le plat du jour est une andouillette cuite dans son gratin de pâtes. Je me sens défaillir de plaisir en attaquant une terrine maison généreusement arrosée de beaujolais quand un nouveau client fait son entrée. Il est évidemment immédiatement mis au courant de la conversation du jour.
  • L'ouvreuse ? Ils viennent d'en trouver une autre.
Nous avalons de travers, Michel et moi, mais mon pote est le plus vif. Il bondit sur le mec qui de peur en lâche son verre de vin.
  • Qu'est-ce que tu racontes ?
  • Ben, ils viennent de le dire à la radio, une autre ouvreuse a été assassinée à Villeurbanne.
  • Putain !
Nous courrons vers la voiture alors que Janine gueule que nous n'avons pas mangé son andouillette. Une fois dans la voiture, je regarde Michel :
  • Annick ?
  • Qui d'autre ? Il a l'air las, les épaules voûtées alors je sors mon téléphone. Pas moyen de joindre Pierre Garnier ou l'un de ses adjoints. Le standard me dit qu'ils sont sortis, sans autres précisions.
  • Joël ne devait pas aller chez-elle ?
  • Merde, tu as raison. Et j'appelle notre sauveur. Mais Joël m'explique qu'il a fait chou blanc. « Elle n'était pas chez elle, bizarre d'après sa voisine, mais tu ne voulais quand même pas que j'enfonce sa porte. » Je lui demande alors, d'où viens ce brouhaha autour de lui. Il ricane, pour me dire qu'il avait retrouvé Lucien à Messimy. « Pour l'aider avec les gens du « Clos » Et Paulo et Arobase viennent de nous rejoindre. J'ai soudain une lueur : « Vous êtes au bar du village ? » Il rigole bêtement : « Oui, c'est super. Il y a même des témoins ici. » Je les imagine avec les deux vieux et la colère monte en moi.
  • Joël, vous vous barrez immédiatement. On va avoir besoin de vous. Annick a probablement été assassiné. Retourne chez elle avec Lucien. Essaye d'apprendre le maximum sur elle. Et dit aux deux autres que je ne veux plus les revoir avant qu'ils aient les listings bancaires ou téléphoniques de Gérard Valentin à nous montrer. Passe voir ou téléphone à Thomas Dulac pour qu'il t'explique en détail, et quand je dis en détail, c'est en détail, toute sa vie sexuelle avec Pauline. Arrêtez l'apéro et tiens moi au courant minute par minute. Je raccroche violemment avant qu'il n'ai pu protester. Michel me regarde bizarrement, alors je l'informe de la situation.
  • Sacrée équipe, toujours sur le terrain.
Je hausse les épaules et nous nous dirigeons vers le Zola à Villeurbanne. A cette heure là, il n'y a personne et Sandrine et Laurent, les directeurs, ne sont pas joignables. A l'hôtel de Police nous en saurons plus.

2 commentaires:

phyll a dit…

houla !!.... mauvaise nouvelle !!!
et puis, c'est ballot d'avoir raté l'andouillette !!!

Louis a dit…

Ouais, mais dans la vrai vie je la rate pas souvent !!! Mon docteur n'apprécie pas.