dimanche 26 juin 2011

29.

Quand j'arrive au bar du village, je comprends immédiatement que mes potes n'ont pas respecté les consignes. D'ailleurs le patron qui sue sur une délicate grille de sudoku force 1, me désigne le fond de son établissement d'un pouce nonchalant, avec cette remarque acerbe :
  • J'avais assez de problèmes avec mes deux vieux ivrognes, croyez-moi, j'espère que vous n'allez pas prendre vos habitudes chez moi.
  • Mettez un 9 dans cette case et arrêtez de râler. Cela vous gâche le teint.
Il hausse les épaules blasé.
  • Des petits marioles dans votre genre, j'en ai trop vu dans ma vie. Vous êtes certain, pour le 9 ?
Je rejoins la table des monstres. Ils rigolent et parlent fort, tous les symptômes classiques d'une alcoolisation bien menée. Joël essaye de m'expliquer qu'ils interrogent deux « témoins vitaux », mais je le repousse pour constater les dégâts. Je compte vaguement les bouteilles? Et Je tente la méthode autoritaire en prenant ma voix la plus virile.
  • Annick a été assassinée, vous avez trouvé quelque chose ?
A leurs mines penaudes je connais la réponse et je pousse tout le monde dehors, en demandant au patron de remettre un pot aux deux vieux.
  • Votre 9, là, ça me fout un bordel dans ma grille !
  • Essayez les mots fléchés. Y'a pas de raison que vous n'y arriviez pas !
Il lève les yeux au ciel en me désignant la porte. C'est dingue comme je suis le bienvenue dans les monts du Lyonnais ces temps-ci. Dans la voiture qui nous ramène, Lucien essaye de m'expliquer, la voix pâteuse, qu'ils sont maintenant persuadés qu'il se passe des choses bizarres dans cette maison bourgeoise.
  • Le Clos ?
  • Ouais, ils sont pas nets dans cette boutique.
Je regarde défiler la campagne Lyonnaise avant de répondre. Je repense à ce que m'a dit Pierre et pour moi cette affaire de « partouses bourgeoises » n'est qu'une fable. Dans l'attente d'autres détails, évidemment. Pour me convaincre, Lucien ajoute qu'Antoine et Aurélie rendaient souvent visite à Pauline lorsqu'elle vivait au Clos.
  • Et Alors ?
Lucien me fixe de ses beaux yeux jaunes striés de rouge :
  • Ben, c'est un indice, non ?
Découragé, je veux expliquer à mes camarades l'étendue de leur connerie, mais je réalise que tout le monde dort. Même Jo, au volant, ne me semble pas très éveillé. Alors j'entreprends un résumé à haute voix :
  • 2004, disparition de Gérard Valentin dont nous n'avons plus de nouvelles depuis. Il en sont où, au fait, les autres zouaves avec les infos bancaires ?
Joël se tourne vers moi, le regard éteint.
  • Regarde la route et ne me dis rien. Je vais les empailler ces taches. Je fais référence aux trois ivrognes qui ronflent sur la banquette arrière. Je continue, plus pour moi même que pour un Joël en pilotage automatique :
  • A peine son mari disparu, Claire sa femme, se met en ménage avec son amant Jean Lanterne. Cohabitation tendue. Les deux ainés du couple, Aurélie et Antoine quittent le domicile. En 2010, Pauline, la cadette, disparaît à son tour en compagnie de son amoureux, un sans papier qui se fait appeler Abdul Diakaté. Alors que nous sommes sur leurs traces, Aurélie qui devait nous fournir des documents, est sauvagement assassinée à l'arrière d'un cinéma de quartier. Annick la collègue qui a découvert le cadavre d'Aurélie est assassinée à son tour. Aujourd'hui, la police balance entre un sérial-killer ou un crime interne au Zola. Elle garde d'ailleurs Michel, dans le cadre de cette hypothèse. Pour moi, tout est lié avec la première disparition. Claire ne me dit pas tout, et je ne vois pas comment faire avancer l'enquête.
Joël qui contrairement à ses yeux fermés ne dormait pas, murmure entre ses dents :
  • Tu as raison : La solution, c'est le père.
  • Tu parles sérieusement ?
Il sourit sans répondre, l'animal. D'ailleurs nous sommes arrivés, et tout les potes sont immédiatement et parfaitement réveillés en découvrant que nous stationnons devant chez Roger.
Je demande au gros de faire des cafés pour tout le monde. Paulo proteste en prétextant « ses palpitations »
  • Je t'en foutrais, moi, des palpitations. Tu ne quittes pas le bar tant que tu n'as pas dessaoulé, et tu n'y remets pas les pieds avant d'avoir des documents à nous fournir. Et cela vaut pour tout le monde. Ça ronchonne méchant dans la petite troupe et une grande fatigue me tombe sur les épaules. Je vais récupérer quelques minutes au bureau.
  • Surveille moi tous ces tordus.
Roger lève les yeux au ciel.

4 commentaires:

DAN a dit…

rien de tel qu'un bon résumé pour apprécier la situation, mais fichtre il n'est pas aidé avec des bougres pareils. Aller Louis, encore un ti effort et on aura le fin mot de l'histoire j'espère d'ailleurs avant le moi de juillet où je dois passe d'ailleurs du coté de Lyon, m'en vais les secouer moi ces gars la non d'une pipe en bois !

Louis a dit…

écrit-moi par mail pour ton passage à Lyon

phyll a dit…

lourde tache pour Roger que de surveiller nos lascars !!
sinon, ce résumé m'a remis sur les rails, mais cette affaire est bien "embrouillée" quand même !!!.... vais boire une tite mousse pour rafraîchir mon neurône ! ;o)

Louis a dit…

bravo une bière !! Toutes les excuses sont bonnes.