jeudi 28 avril 2011

Episode 23

23.

Camille m'attendais, et je vis à son regard que je n'avais pas intérêt à jouer au con ce soir. Oui, ma petite Camille a des yeux qui vous expliquent bien la situation. Message enregistré, et c'était bien dommage, parce qu'elle était à croquer ce soir. Malgré ses traits tirés, elle rayonnait et comme d'habitude j'eus envie de me jeter à ses pieds. Je savais que j'allais en baver si je voulais regagner ses faveurs. D'ailleurs elle mit d'entrée les points sur les I : « Tu essayes de t'approcher et je te défigure ! » Oui, ma petite Camille peut être comme ça. Excessive, peut-être, mais si attachante. Je décidai de la jouer relax
  • Cessons ce marivaudage, tu veux bien ? Qu'est-ce que tu foutais chez les flics ?
Elle me regarde comme si j'étais le dernier des connards, et le confirme dans sa réponse :
  • Mais t'es con ou quoi ? Arrête de boire, ton cerveau ne suit plus. Qu'est-ce que tu crois ? Les flics mènent leur enquête. « Une enquête » dit-elle en appuyant bien ses mots, tu comprends ce que c'est, « une enquête » ? Ce sont des pros, pas des piliers de bars qui tabassent ou violent leurs témoins à tour de bras. Ils bossent eux. Pour que Camille défende ainsi la police, il fallait qu'elle m'en veuille méchamment, moi je vous le dis. Alors je fais profil bas et lui demande pourquoi elle m'a demandé de passer, à part m'engueuler. Elle a un petit sourire, comme une lueur, et je me dis que même si cela va être long, tout n'est pas perdu pour moi.
  • Comme je te l'ai dit l'autre soir, (lourd silence et regard noir) je connaissais bien la famille, alors les flics m'ont interrogé là dessus.
  • Et ?
Elle marque un temps avant de répondre, gênée :
  • Ben, je n'ai pas tout dit.
  • Non ?
  • Non, j'ai caché ma liaison avec Gérard Valentin, le père de Pauline et Aurélie.
  • Quoi ? J'ai poussé un cri qui a dû être entendu jusqu'à Fourvière, l'autre colline.
Camille se tait, alors moi aussi, même si je suis sur des braises. Elle se lève pour me préparer un café, et quand elle revient elle raconte :
  • Cela n'a rien de honteux, nous étions deux adultes consentants.
  • Mais, il doit-être bien plus vieux que toi !
Elle me sourit tendrement :
  • Pas tant que cela en fait. Et, ça te gène, toi ?
Je veux protester, mais elle balaye mes dénégations d'un bref mouvement de main. Alors je demande :
  • Mais, c'était quand ?
  • Justement, c'est tout le problème, c'était à l'époque de sa disparition.
  • ???
  • Vois-tu Martin, il était heureux avec moi.
  • Tu m'étonnes !
Mais, elle ne m'écoute pas :
  • Cela allait très mal dans son couple, sa femme avait un amant et ses enfants étaient en pleine crise d'adolescence, alors avec moi il « revivait » comme il me le disait. Et voilà tout le mystère : Pas une seconde je n'ai cru à son départ. Il ne m'aurait jamais fait cela, jamais.
Ses paroles me plonge dans, comment dit-on déjà ? Oui, un abime de perplexité.
  • Alors, tu penses à quoi ?
  • Je n'ai jamais osé le penser vraiment, mais aujourd'hui, avec la mort d'Aurélie, je ne peux éviter d'envisager cette solution.
  • Tu veux dire l'assassinat du père ?
  • Exactement. Et je me demande pourquoi je n'en ai pas parlé aux flics. Ou plutôt, je le sais trop bien : je suis lâche. Et la voilà qui éclate en sanglots. J'aimerais la serrer dans mes bras, mais n'ayant pas envie d'être défiguré, j'essaye de la calmer en lui disant que les flics s'en foutent de Gérard Valentin. Puis, je lui parle de la théorie de Michel concernant la pédophilie du disparu. Elle retrouve le sourire :
  • Non, mais vous n'allez pas bien, vous deux, faut vous recycler fissa. Essayez, la boucherie charcuterie, l'épicerie ou la coiffure, je ne sais pas moi, un truc dans ce genre là, mais laissez tomber les investigations.
  • Quoi, ce n'est pas plus ridicule et impossible à imaginer que toi dans les bras de ce vieux dégueulasse.
Alors, là, elle rit franchement :
  • Martin, mon petit Martin, que tu es beau quand tu es jaloux. Viens que je t'embrasse. Et elle me met à la porte.
Je me retrouve à errer dans les rues de Lyon à la recherche d'un bar, méchamment troublé. Troublé par son baiser et par ses déclarations.

7 commentaires:

hatedaniel1946@yahoo.fr a dit…

Ah les femmes j'te jure, mais bon voila un piste qui, si elle n'est pas aux étoiles, n'en est pas moins intéressante !

Louis a dit…

Mais, c'est qu'il suit le bougre ! Mais qui es tu bel inconnu ?

Louis a dit…

Ah, au temps pour moi, tu es Daniel de "Dan et Nicéphore" excuse, je ne t'avais pas reconnu !!!

hatedaniel1946@yahoo.fr a dit…

Forcément ton blog ne prend pas mon pseudo, il doit être féminin à mon avis...

phyll a dit…

pas commode la môme Camille !!!..... et là, je pense que nous sommes à un tournant important de l'enquête !!!

Louis a dit…

Un tournant ? Heu ?????

phyll a dit…

avec les révélations de Camille, l'enquête va prendre une autre direction !... (ça te va là ?...) :o)