jeudi 21 avril 2011

Episode 22

22.


Antoine, décontracté, attendait patiemment que chacun prenne place et que nos verres fusses rempli. Lucien se mangea sa baffe habituelle pour avoir renverser sa bière sur mon pantalon en essayant de se glisser au premier rang. Michel absent, je me devais de faire respecter un semblant de discipline, sans compter que sans nouvelles de Camille depuis une éternité, j'étais légèrement à cran. Paulo tapota l'épaule de son pote autant pour le rassurer que pour lui donner le signal du départ. Antoine se racla la gorge avant de nous expliquer qu'ils avaient vécu pendant des années avec un père violent et colérique.
  • Tu l'as connu Paulo, tu peux en parler. 
  •  Ouais, Gérard s'occupait des jeunes au rugby. Nous filions droit, c'est sûr. Il était sévère, mais pas violent. Pour nous en tout cas. Cela avait été un sacré bon joueur d'après ce que racontait les anciens. 
  • C'était bien là tout le problème, reprit Antoine, il reprochait à ma mère sa grossesse et la naissance d'Aurélie. Ils étaient trop jeunes et elle lui avait brisé sa carrière, à ce qu'il prétendait chaque fois qu'ils s 'engueulaient. Tous les jours, vers la fin.
  • Il vous frappait ?
C'est Joël qui avait posé la question et Antoine hésita un peu avant de répondre :
  • Jamais en ce qui me concerne, mais j'étais son préféré et il mettait beaucoup d'espoir en moi. Pour ma mère et mes sœurs je ne suis sûr de rien. En tout cas, jamais devant moi.
J'ai du sursauté puisqu'il me regarda :
  • Je sais ce que tu penses, mais c'est la vérité, je n'ai rien vu, ou rien voulu voir. Il faudrait demander à ma mère. Il devait penser à Aurélie, car je vis des larmes dans ses yeux.
  • Vous croyez que Pauline est morte, elle aussi ?
Nous baissâmes tous la tête, alors Paulo, encore lui, lui bourra les côtes :
  • Penses-tu, qu'est-ce que tu vas imaginer ? On va te la retrouver ta frangine, hein les mecs ?
Nous étions tous dans nos petits souliers, quand Michel nous sortit de cette délicate situation avec son « Putain d'enculés de flics, c'est tout juste s'ils ne me mettaient pas tout sur le dos. Ah les fumiers ! » Comme il paya sa tournée nous l'accueillimes comme il le méritait. Puis, il nous expliqua que leurs soupçons se portaient sur le Zola. « Y'a mes empreintes partout dans ce cinéma, tu penses ! Ah, c'est pas des lumières ces tocards ! » Et sans transition, il interrogea Antoine, et lui, quand il interroge, il y va franco : « Ton beau père, Jean Lanterne, il était pas un peu « proche » de tes sœurs ? » Je vois Antoine pâlir et je sais qu'il va nous mentir : « Non, il ne me semble pas, mais comme je l'ai dit pour mon père, je ne voyais rien. Je restais le moins possible à la maison. L'ambiance était irrespirable. Je me demande comment Pauline a pu tenir aussi longtemps. » Nous nous plongeâmes dans nos pensées, avant que Michel n'intervienne : « Mais, toi, avec tes sœurs, tu n'avais pas de conversations ? Vous ne parliez pas ? » Antoine sembla un peu perdu, alors Paulo dit que l'on faisait chier avec nos questions et qu'il allait ramener son pote. Joël se lèva pour partir avec eux. Je le choppai par la manche : « Jo, tu n'oublies pas Annick, cela peut valoir le coup. » Il me rassura d'un sourire et il fallut expliquer à Michel notre soudain intérêt pour l'ouvreuse. « C'est pas con comme idée. Ça ne vient pas de toi quand même ? » Je haussai les épaules pour bien lui signifier tout mon mépris, mais il n'en eut cure et se diriga vers le comptoir. Nous nous dirigeâmes tous vers le comptoir, d'ailleurs. Roger me montra la pendule pour me signifier qu'il aimerait bien aller se coucher. Il devenait pantouflard le gros. Heureusement que Michel ne l'avait pas vu. Mais mon pote sirota son verre un peu à l'écart. Je m'approchai quand il chuchota : « J'ai vu Camille ce soir. » J'eus un doute, je n'étais pas certain d'avoir bien compris, alors il précisa : « Camille, « ta Camille » était ce soir chez les flics » Je le regardai : « Qu'est-ce que Camille foutrait au commissariat ? » Il eut un regard moqueur : « Ben, quoi, j'y étais bien, moi ! » Pas la peine de discuter quand il était parti comme cela, je finis mon verre avant de rentrer me coucher. « Il faut que tu lui téléphones. » Comme je me taisais, il ajouta : « Elle m'a demandé de te dire de l'appeler rapidement » Il eut un petit sourire salace. « Elle est bien gaulée la môme, tu ne dois pas t'emmerder. » Je vais le punir ce gros dégueulasse, mais Lucien qui suivait sans vergogne notre conversation, ricana bêtement. Alors, nous nous regardâmes avec Michel et nous nous comprîmes. Encore une fois ce pauvre niais de Lucien sauva notre amitié. Il se prit deux ramponneaux qui lui firent les oreilles bien rouges. Comme il gueulait au meurtre, Roger en profita pour foutre tout le monde dehors.

4 commentaires:

phyll a dit…

je trouve qu'ils sont bien sages quand ils sont chez Roger.... il fut un temps où ça bastonnait à tout va !!! :o)

Louis a dit…

Putain Phyll, tu lis à la vitesse de l'éclair !!!
C'est vrai qu'il y a moins de "baston" mais c'est voulu, je tournais un peu en rond et j'ai voulu écrire une histoire "sérieuse" mais je vos bien que c'est moins bien, moins adapté au blog.
On verra la saison 4, si il y en a une.
Amitiés

phyll a dit…

ben oui..... je lis vite.... j'ai eu mon certif !!!!!!... :o)

DAN a dit…

Moi je ne lis pas aussi vite que mon pote, mais on sent la fin de journée dans le récit normal qu'ils soient fatigués quand même !