jeudi 29 juillet 2010

50. On ferme !

Alors que je profite de belles journées ensoleillées, assis à la terrasse, pour mater impunément sous les jupes de jolies Lyonnaises, qui passent et repassent sous mon nez, Michel me fait sursauter en tapant violemment sur la petite table guéridon : «Essuie-toi, tu baves, gros dégueulasse !» Je vais répliquer grossièrement qu'il me fait chier, quand il ajoute : «Et le feuilleton, ça avance ?» Oui, parce qu’il faut vous dire que ce doux rêveur espère me voir écrire un feuilleton policier pour le mensuel qu'il publie à Villeurbanne pour son cinéma chéri. «Mon pauvre vieux, je n'arrive même pas à écrire la cinquantième nouvelle de la deuxième saison de «Chez Roger», alors ton feuilleton, hein !» Ne croyez pas que l'on puisse se débarrasser aussi facilement de Michel, quand il a une idée. Non, mon pote c'est un teigneux, il ne lâche rien. «Déjà 50 nouvelles ? Cela t'en fait 100 au total, non ?» et comme j'approuve mollement, il continue : «100 conneries où tu me fais passer pour un monstre, tu mériterais que je te claque le beignet.»Pour bien illustrer son propos, il colle une chouette mandale à ce pauvre Lucien qui venait juste de s'assoir. Michel me regarde en riant : «Bon, ben t'as déjà le début de ton histoire, qu'est-ce qu'il te manque ?» Je reste silencieux, alors mon pote se lève pour accoster finement une belle cliente : «Alors ma poule, on veut connaître l'homme ?» Il regarde méchamment le teigneux qui vient de bondir de son siège : «Je te parle d'un homme, un vrai» La situation va dégénérer, alors je vais me mettre face au quidam pour arrêter les frais et calmer tout le monde. Quand il me voit, ce sale type s'écrie : «Dégage, toi, l'avorton, j'ai à faire à ton pote. Je ne traite pas pas avec les seconds couteaux» Je vais le calmer ce bougre, quand Michel m’écarte brutalement : «Laisse moi faire, va écrire ta nouvelle, et note bien tous les détails !» Et voilà le bar fraichement rénové qui part dans tous les sens. Le mec que Michel avait provoqué, était avec toute une tripotée de types pas cool. «Ça manque d'humour, cette nouvelle génération» me crie un Michel hilare. Lucien qui s'est jeté un peu imprudemment dans la bagarre, me reviens sur les genoux l’œil enflé. Paulo, lui, sans bouger de sa position stratégique, balance d'efficaces coups de bouteille de bière du haut de son tabouret fétiche. Arobase se sert de son netbook tout neuf pour frapper à tout va autour de lui. «T'as vu un peu l'autonomie de l'engin ?» dit-il, en riant lui aussi. Je crois que les potes avaient besoin d'une bonne baston. Julot l’œnologue fou de Nyons est là lui aussi à balancer de grands coups de cubi de rosé. Il fait équipe avec Guy l'aveugle qui frappe ses adversaire à grands moulinets de sa canne blanche plombée. Un massacre. Roger lève les yeux au ciel, fataliste. Sans un mot, il sort son chapelet pour attaquer quelques rosaires. Ma blonde fait une entrée fracassante : «Stop ! Vous n'en avez pas marre, bande d'abrutis !» Tous le monde se fige et elle se tourne soudain vers moi : «Et toi, là, t'es content ? Tout cela est de ta faute. Tu ne peux pas écrire autre chose ?» Je baisse la tête penaud. «Mais, mais, qu'est-ce que tu veux que j'écrive ?» Elle me fusille du regard : «N'importe quoi, mais arrête de faire passer tes potes pour des alcoolos débiles et moi pour une mégère nymphomane. Creuse toi un peu le ciboulot.» Maintenant tous les clients me regardent. «Alors, qu'est-ce qu'on fait ?» me demande un grand dépendeur d'andouilles, dont la moitiés des dents s'est fait la malle. Il tient Joël par le col et attend mon signal pour le frapper. Soudain un grand découragement m'envahit. Comme vous j'ai besoin de vacances, alors je ferme mon cahier, range mon stylo pour aller au comptoir. «Vous me faites tous chier, embrassez-vous et venez boire un verre.»
Et voilà comment deux vieux Croix Roussiens, ont pu voir à travers les vitres, ce spectacle rare, d'un bar où tous les clients s'embrassent.
«Tu le savais, toi, que «Chez Roger» était devenu un bar gay ?»

4 commentaires:

BBK.mel a dit…

Ouh la, il est temps en effet que Martin prenne des vacances. Ses pas ne le mèneraient-ils pas du côté de la région champenoise, par hasard ? Il y a un HommeDesBois qui serait ravi de lui faire goûter quelques bons vins. Et une BBK qui serait ravie de l'entendre raconter la future saison 3...

phyll a dit…

et bien je te souhaite de bonnes vacances, ainsi qu'à Martin et toute sa bande, et reviens nous frais et dispo pour une saison trois !!!

Francis a dit…

Cent histoires, quel talent! Tu vas profiter de tes vacances pour concocter les prochaines ?

Papa de Lili a dit…

Un retour au milieu de la mêlée, je retrouve tous les "amis" en plein boum... Me fais plutôt plaisir... Allez Louis! Michel et ses potes sont bien partis pour trouver quelques défunts pas ordinaires et les "méchants" qui vont avec!
Tes neurones ont besoin d'exercices!
J'attends le suite avec impatience...
Amitiés.