dimanche 30 mai 2010

48. Alors, il ouvre, Roger ?

Ne croyez pas que nous ayons oublié Roger, mais avec le festival, Paris, Paulo et tout le tintouin nous avons été particulièrement occupés. Mais ce soir, Michel me prévient que nous allons faire un tour chez le gros. Les nouveaux travaux que Roger a entrepris dans son bar après seulement quelques semaines d’exploitation (et d’échec !) du « New Roger’s » font beaucoup jaser à la Croix Rousse. Et pas qu'à la Croix Rousse, croyez-moi. Avec notre fric (relire à ce sujet les numéros 32,33,34 et 40 ) , le patron a revu complètement sa déco. Il n'avait pas vraiment le choix, non plus. Il paraît qu'il aurait dégotté au fin fond de l'Auvergne, un « chouette petit comptoir » raison de notre visite du soir. Comme la pompe à bière est de nouveau opérationnelle, Michel m'a prévenu de ne pas trop trainer, et effectivement à mon arrivée au bar des Sports, Bob le patron me déclare que toute la petite troupe est déjà partie. Il fait un peu la gueule le Bob, mais vous connaissez, vous, un commerçant qui ne fasse pas la gueule ? Il sent bien que le retour de Roger va tailler des croupières dans sa clientèle, et même s'il nous trouve un peu « casse-couilles », il doit bien reconnaître que nous représentons l'essentiel de sa recette. Depuis les licenciements et la fermeture de l'usine, son bar vivote, et l'incendie de « Chez Roger » a été une aubaine pour lui. En attendant je lui demande un verre. Pas pour son moral, non, mais plutôt pour la jolie brune avec qui il discute et qui me sourit. Face à mon charme ravageur, Bob préfère se retirer boudeur dans le fond du bar. J'ai déjà expliqué ici, que lorsque une belle femme vous sourit dans un bar la nuit, il faut vite mettre son système d'alarme en route, parce que, hein, même pour un apollon style « latin lover » comme moi y'a danger. Hé oui, je l'ai dit, je l'ai écris, pourtant, me voilà à me liquéfier face à ce regard de braise (oui, on dit comme ça) et à ce visage rieur. Et à sa poitrine généreuse me souffle ma blonde, ce qui n'est pas faux. Bon, quelques verres plus loin, j'ai complètement oublié Roger et son bar de pochetrons et nous sortons prendre l'air, ma brune et moi. Je profite du romantisme de la situation, face à l'usine en friche, pour l'enlacer. Elle me repousse gentiment en riant, et comme je vais pleurer, elle me glisse mutine un : « Allons chez moi » qui me plonge dans une douce euphorie. Et voilà le travail, admirez l'artiste. trois verres deux bons mots et un sourire, et me voilà à piaffer derrière ma conquête pendant qu'elle ouvre péniblement sa porte. Conquête pleine de galanterie qui s'efface pour me laisser entrer en déclarant : « Mon mari ». Par ce geste elle me présente l'élégant cadavre qui décore son salon, le crane défoncé par ce qu'il faut bien appeler un « objet contondant ». Moi, je suis plutôt blasé. Hé oui, depuis plus de trois ans, j'en ai vu des morts sur ce blog, j'ai même parfois aidé à... mais là, ce soir, ce type affalé sur son tapis me contrarie un max, je peux bien vous l'avouez. J'avais d'autres projets. Avec sa veuve qui justement se met à m'expliquer que tout cela n'est qu'un regrettable « accident » et qu'elle compte sur moi pour l'aider. « On m'a tellement parlé de vous ! Vous n'aurez pas a faire à une ingrate, croyez- moi. » Je la fixe perplexe : Rassurez-moi, vous ne me parlez pas d'argent, au moins ? » Elle me sourit en se passant la langue sur les lèvres comme elle l'a vu faire au cinéma : « J'ai certains talents, et c'est à vous de voir, mais sachez que quelque soit votre choix, l'argent ou moi, c'est à volonté» Je la trouve vulgaire d'un coup. Vulgaire et terriblement excitante les lèvres et la jupe retroussées. Je lui montre son mari : « Vous faites de l'effet aux hommes, c'est certain, mais je préfère rentrer. Je vous ramène chez Bob, je vous fais confiance, vous trouverez facilement un pigeon. Ne trainons pas. » Nous n'échangeons pas une parole pendant notre retour, et je m'empresse, une fois ma compagne délicatement abandonnée au bar des sports, de rejoindre les potes chez Roger. Ils sont tous là les fidèles et comme me le glisse un Michel survolté, nous sommes là, face à une véritable « inauguration off ». Et effectivement il y a ce soir toute la fine fleur des pentes. Vos chouchous, Michel, Lucien, Arobase, Fred et Paulo, mais aussi, Joël venu spécialement de Montpellier, Julot et Guy l'aveugle en direct de la Drôme, déjà bien mouillés. Alain le routier de Clermont-Ferrand, Jef l'intello de Nice. Francis le dessinateur Parigot et juchées sur de hauts tabourets, leurs longues jambes fuselées et bronzées en avant, nos deux enseignantes chéries : BBKMel et Profette. La grande parade, quoi. Et dans les bras du gros Roger ? J'ai du mal à en croire mes yeux, cette petite peste d'Adèle, à peine majeure. Et tout ce beau monde méchamment chargé, alors je raconte les raisons de mon retard et tout le monde rigole, même mon beauf, le peintre que je croyais endormi. J'attaque les verres pour rejoindre les amis et j'oublie cette histoire jusqu'à cette grande manchette à la une du Progrès, notre quotidien régional : « La mystérieuse disparition d'un grand patron du bâtiment Lyonnais. » J'interroge Michel qui vient de me tendre le journal. Au lieu de me répondre il me montre une superbe bagnole de sport flambant neuve se garant en face du bar. Je comprends tout, en voyant ce con de Lucien s'extraire de l'engin, fier comme un pou. « Tu l'avais vu quitter la soirée ce zèbre ? » « Non, mais ce connard ne va pas tarder à nous ramener les flics à afficher son fric comme cela. Et ça, ce n'est pas bon pour nous. Va lui parler, je m'occupe de sa bagnole. »
Alors j'ai balancé le bolide dans le canal de Jonage et Michel à brillamment repris Lucien en main.
« Il aurait dû choisir le sexe ce benêt ! »

6 commentaires:

Papa de Lili a dit…

Ca part bien cet'histoire... Tu vas nous entrainer ou? On va déplacer combien de macchacs et cogner sur combien de képis? N'oublie pas que moi, à part le week-end, je bosse...
Allez! J'attends la suite...
Amitiés.

BBK.mel a dit…

Mais Lucien est plus rusé que ne le croit Martin... il aura obtenu les deux !

BBK.mel a dit…

En tout cas, vivement une autre soirée dans les bars lyonnais...

Louis a dit…

Alain, on se calme !!!
BBKMel, Une virée dans les bars Lyonnais ? Tu plaisantes j'espère...

phyll a dit…

c'est un peu con pour la bagnole !!...je l'aurais bien adoptée moi !!.....,o)

Francis a dit…

J'ai eu peur, j'ai cru que c'était moi qui était juché sur un tabouret avec de longues jambes fuselées. Comme quoi faut prendre son temps pour lire. Eu tout cas pour cette histoire, j'ai rien vu, rien entendu !