jeudi 22 avril 2010

46. In Parisse

Quand Michel nous a dit qu’il avait retrouvé Aline, une amie de fac, qui vivait aujourd’hui à Paris, les réactions « chez Roger » ont été variées et nombreuses. Lucien qui parle toujours trop vite a ouvert le feu avec un « T’as été à la fac toi ? » qui lui a valu d’entrée la mandale en pleine gueule qu’il méritait. Profitant d’un prudent flottement dans les rangs de notre fine équipe, je demande à mon pote s’il envisage une excursion dans la capitale. Oui, parce que moi, j’aime mieux vous le dire tout de suite, j’adore Paris. Alors quand Michel nous dit qu’il n’y a pas de problème, « Aline a un grand appartement à Belleville » Je calcule déjà ce que je vais mettre dans mon sac, tout en sirotant ma bière. Paulo, qui bizarrement ne dormait pas, nous précise qu’il a longtemps vécu à Paris et qu’il est hors de question d’envisager un déplacement sans lui, « Vous seriez paumés, pauvres ploucs » Comme Michel le foudroie du regard, Paulo sort prudemment pour fumer sur la terrasse. Malgré ces quelques couacs, la soirée est gaie, et quinze jours plus tard nous nous retrouvons, Lucien, Paulo, Michel et moi dans le TGV. Aline nous a donné un plan, mais, après quelques changements aléatoires (Châtelet, porte d’Italie, Pont de Sèvre et mairie de Bobigny) nous sommes paumés et Aline jointe par téléphone nous donne rendez-vous dans un bistrot vers Belleville. Paulo qui prétendait connaître la capitale « comme sa poche » fait profil bas face au regard noir d’un Michel passablement énervé qui d’ailleurs, précise bien, le sens de ce regard : « J’aurais pas ce putain de sac… » Mais enfin nous arrivons grâce à l’aide de tous plein de parigots serviables (à notre grande honte) devant « l’horloge » un chouette petit bar de quartier qui redonne des couleurs à notre petite troupe. Aline est là, avec Rémi son fils et Olivier son ami et les fins psychologues que nous sommes (excepté Lucien) réalisons immédiatement qu’il y a eu un manque de communication entre les deux anciens étudiants : Aline fait la gueule en découvrant notre nombre, et Michel est carrément effondré de voir que son amour de jeunesse ne l’a pas attendu. L’ambiance est glaciale, et il nous faut bien quelques rafales de blanc pour retrouver un semblant de chaleur humaine. Bon, vous nous connaissez, quand on est chaud, on est chaud et le vieux bar parisien, ressemble bientôt à un « Chez Roger » des plus beaux jours. L’ambiance est à peine troublée quand Rémi, 15 ans, doit sortir vomir en chantant « Maréchal nous voilà ! » pour avoir bu du blanc avec Paulo. Face à nos reproches, notre pote se défend : « Il est sourd ce gone, je lui chantais, Capitale, nous voilà, il a rien compris.» Et le pinard ? Hein, il a rien compris pour le pinard? « Ben quoi, il est plus grand que moi ce lardon ! » et devant nos mines septiques, il balance l’argument fatal : « Moi, je buvais déjà à son age ! » Ce vif et riche échange a légèrement dérangé une bande de loustics qui se permettent quelques réflexions peu amènes. Le « Vous, les supporters du PSG, vous commencez par fermer vos gueules » de Michel, remporte franchement un fier succès auprès des consommateurs qui se lèvent pour un échange bref mais vif, et il faut une intervention d’Aline et Olivier en casque bleu pour éviter le démontage en règle de leur bar favori. Michel se fait soigner son œil qui enfle déjà, puis, on ramasse Rémi qui dort dans une jardinière et on rentre s’installer chez notre hôte, qui retrouve le sourire en nous voyant nous empiler tous les 4 dans la même chambre. « Ah ! Paris ville lumière ! » Me glisse un Michel rieur et borgne avant d’éteindre.

4 commentaires:

Papa de Lilis a dit…

Une saga parisienne! J'aime... Allez zou! La suite, la suite...
Amitiés.

Francis a dit…

Il doit rester quelques bars sympas dans Paris, mais il faut vite y aller, bientôt ils vont être changés en "brunch" et autres cafés à bobos.
Bienvenue dans la capitale en tout cas ;-)

phyll a dit…

Super !!...la bande infernale s'exporte !!! ;o)

BBK.mel a dit…

Pourquoi pas une saison 3 : "Martin et Michel font le tour des bars de sports de France et de Navarre ?" Non, Martin, ne frappe pas une femme !