samedi 13 février 2010

43. Encore Paulo !!!


J’arrive un peu tard au Bar des Sports, oui un peu tard. Paulo est déjà tombé de son tabouret, puisqu’il saigne du nez. Lucien a déjà reçu sa baffe quotidienne puisqu’il arbore une merveilleuse oreille rouge et Bob le patron fait la gueule puisque les charges, les taxes, les impôts, etc…Michel parle fort puisqu’il a déjà bien bu. Donc, il est tard. Comme Paulo pleure, je demande à Michel s’il chouigne encore à cause de son permis de conduire et mon pote me répond en riant qu’il pleure pour son permis bien sur, mais aussi parce que son chien est mort. « Qu’est-ce qu’il foutait avec un chien, Paulo ? » Michel m’explique que lorsque sa femme s’est barrée, elle lui a laissé ce chien sur lequel il a reporté toute son affection. Il ajoute qu’il l’a fait incinérer et qu’il a foutu les cendres dans une coupe qu’il a gagné au rugby il y a longtemps. Je vois qu’effectivement Paulo tient amoureusement serré dans ses bras, une horrible coupe en métal brillant « C’est con, son chien aurait pu conduire la voiture » Mais je ne dis rien à Paulo qui pleure doucement dans sa bière. Pour lui remonter le moral, nous nous foutons gentiment de sa gueule, puisque ce casse burnes notoire, exige du patron qu’il expose son urne derrière le bar. Nous sortons fumer sur la terrasse tandis que Bob explique que « Moi vivant, les cendres de ton clébard resteront dehors. Faut pas deconner quand même ! ! ! » Michel en tirant sur sa gauloise, me dit que c’est une idée pas con. « Quelle idée ? » Michel me regarde comme si j’étais un mongolien. Quand il a cet air là, on peut s’attendre à une grosse catastrophe. Et on est jamais déçu : « Quand on aura finit de retaper Chez Roger, on donnera aux clients qui se font incinérer, le droit de déposer leurs cendres au comptoir. Cela nous fera des rentrées d’argent. » Je regarde mon pote songeur tandis qu’il ajoute, pour me convaincre, que les supporters de foot Anglais font bien répandre leurs cendres sur les pelouses de leurs stades fétiches. « On est pas plus con que des Anglais, non ? » Je vais lui avouer mon scepticisme quand des cris nous parviennent de l’intérieur. Nous rentrons pour découvrir une bande de jeunes se moquant de Paulo. Bon, se moquer de Paulo, c’est un peu un sport national, ici, mais pas question que des inconnus jouent à ce petit jeu, alors on s’approche de ces jeunes connards. Le plus faraud interpelle Michel : « Qu’est-ce t’as toi à me regarder, t’as jamais rien vu ? » Michel me prend à témoin : « Faut dire qu’en effet, j’ai rarement vu de tels têtes de nœuds dans ce bar, et pourtant j’en ai vu, hein, Martin ? » « T’as raison vieux. On a affaire ce soir à de beaux spécimens. C’est leurs parents qui doivent être malheureux » Le plus costaud, colle sans déposer de préavis, un méga coup de boule à ce pauvre Paulo qui s’évanouit en glissant au pied du comptoir sans lâcher les cendres de son chien. Je ne vais pas vous faire un dessin, vous connaissez ce blog. Ca part dans tous les sens et les potes se jettent allègrement dans la bagarre. Moi, je reste prudemment en arrière pour me charger du « nettoyage » : mes crocs en jambe et coups de pied vicieux complètent élégamment le boulot de mes potes. Pour plus d’efficacité, je récupère l’urne à Paulo pour assommer quelques imprudents rodant dans les parages. Un massacre ! C’est qu’elle est lourde cette putain de coupe. Et ça ne traîne pas, nos adversaires ne tardent pas à s’enfuir en désordre. Nous fêtons bruyamment l’événement au comptoir quand quelque un nous fait discrètement remarquer que l’urne gît au sol, cabossée et vidée de ses cendres. « Merde, il va gueuler Paulo quand il va se réveiller » « S’il se réveille ! » Bob se signe à ses mots, mais Lucien plus vif qu’à l’habitude nous montre les cendriers de la terrasse. Alors, on a fait ça, qu’est-ce que vous croyez ? Des cendres, c’est des cendres. Pendant que l’on réveillait Paulo, Michel a mit toute son autorité dans la balance, pour convaincre Bob d’accepter que trône dorénavant l’urne sur son bar. « Un mois, un mois seulement, après on t’en débarrasse ». Alors, une fois tous remis de nos émotions nous enfilons les bières que nous paye Paulo, trop heureux d’avoir obtenu gain de cause. Il couve des yeux sa coupe cabossée quand Michel lui demande en riant : « Il s’appelait comment ton chien, Malboro ? »

9 commentaires:

Arobase a dit…

Ben pour une fois que je ne ramasse pas !
Dis donc Loulou, çà manque pas un peu de beaujolais dans tes nouvelles ? Sûr, cela réveillerait René Fallet !
Et son pote pourrait chanter " les copains d'abord"...

Louis a dit…

Oh Arobase, et ta perceuse ?

phyll a dit…

bien joué le coup des cendres !! t'as raison, faut pas mégoter !!

Jef a dit…

On ne se moque pas des chiens SVP

BBK.mel a dit…

Tiens, je me demande où Martin a trouvé l'idée de récupérer les mégots...

Papa de Lili a dit…

Allez zou! Troisième mouture de mon com!
A lire à haute voix et très vite: "Il faut monter des cendres et descendre mon thé"
Tout y est en somme...
Amitiés.

BBK.mel a dit…

Joli, Alain ! Joli !

Louis a dit…

Oh, BBK et Alain, ce n'est pas un forum de rencontre ici !!!

Francis a dit…

Il devrait réfléchir, Bob, une réserve de cendre pour un cafetier, ça peut servir quand la terrasse est verglacée...
Remarquez, il peut aussi vider les cendards, un peu plus un peu moins sur le trottoir...