dimanche 25 octobre 2009

34. Le contrat 3 (La suite et la fin )

3.

Et comme annoncé nous nous pointons le lendemain dans les bureaux high-tech de notre cher patron. Nous nous sommes endimanchés pour la circonstance et j’ai envi de rigoler en regardant mon pote étranglé par une magnifique cravate colorée qui doit lui venir de sa tumultueuse jeunesse. Michel qui devine mon sourire me menace gentiment : « T’en veux une ? » Mais la secrétaire vient me sauver la vie. « Messieurs ? » C’est une beauté blonde à forte poitrine, ouais, une potiche. « Nous venons voir le patron monsieur Pelissier. » Immédiatement elle glousse. « Vous n’y pensez pas, il est en réunion » Elle nous dévisage légèrement inquiète car elle vient soudain de nous reconnaître. Elle doit se souvenir de l’époque de la grève quand nous avions occupé (et démonté) les bureaux. Un bon souvenir ! Pour nous.
« D’ailleurs, il faut prendre rendez-vous, on ne peut pas être reçu comme…Hé, où allez vous ? Messieurs, non messi… » Mais nous avons déjà forcé la porte de la salle de réunion et c’est une joie de revoir notre cher patron entouré de ses collaborateurs nous dévisager comme si nous arrivions de la planète Mars. Un grand fayot se lève pour s’interposer, mais Michel d’une sèche manchette lui fait comprendre que son intérêt est de se rasseoir. D’ailleurs je gueule un « dehors, bande de nazes » du plus bel effet. Michel prend le patron par l’oreille, juste pour le plaisir. « Nous avons à vous parler, et c’est très important. Croyez-nous sur parole. Faite sortir ces pitres ». Pierre Pelissier un peu dépassé fait un geste et tous ses collaborateurs sortent de la pièce. « Vous êtes fous, je vais vous casser » J’aimerais lui faire ravaler sa morgue, mais nous sommes là pour affaire, alors je ne tergiverse pas : « Il nous faut 500 000 Euro, dans deux jours » et avant qu’il ne proteste, j’ajoute mielleux : « Il s’agit de votre vie , à mercredi donc » Et nous sortons beaux et dignes comme jamais. « Tu crois qu’il va payer ? » Michel a toujours été septique, c’est son défaut. (un de ses défaut). « C’est un homme d’affaire, il connaît le prix de sa vie, je suppose »
Et le mercredi, la blonde nous a déroulé le tapis rouge avec moult battements de cils, visiblement impressionnée par notre dernier rodéo, ce qui n’échappe pas à mon pote, puisqu’il parvient à lui arracher son numéro de téléphone avant d’arriver à la porte du bureau. Le patron nous attend les mains posées sur une belle enveloppe. De belles mains d’ailleurs et une belle enveloppe aussi. mais je ne veux courir aucun risque. « Nous devons vous parler seul, il en va de votre vie, je vous le répète. » Pélissier tapote l’enveloppe. « Il y a beaucoup d’argent » J’hésite une seconde, puis je lui demande d’appeler sa secrétaire pour lui confier l’enveloppe le temps de nous expliquer. Lui aussi semble hésiter avant de faire comme je l’ai suggéré. Une fois seuls, je déballe ma petite histoire, Michel sort les photos et je lui fais écouter l’enregistrement que j’avais eu la sagesse de réaliser au bar avec la beauté sans nom. Il a changé de couleur et je devine dans son regard le cheminement de sa pensée. Il nous fixe soudain : « Qu’allez-vous faire ? » « Nous ? Rien. Empocher votre fric et rentrer chez nous. Nous ne sommes pas des assassins » Mais il ne m’écoute plus, il regarde les photos en répétant entre ses dents. « Le fumier, le fumier, le fumier »
Il nous a fait jurer le secret, et nous sommes rentrés avec le pactole. Michel a dit que c’est la première fois que ce salopard nous payais aussi bien. « Et sans faire grève, en plus ! »
On a arrosé cela toute la nuit. Faut nous comprendre aussi, ce n’est pas tant que l’on aime l’alcool, mais autant de fric, ça fait un choc ! ! !
Michel avant de pleurer en chantant « L’Internationale », a pas mal ergoter sur le fait que l’on devrait rendre l’argent au frangin. « Rien ne presse, m’est avis qu’ils ont pas mal de choses à se dire les Pelissier. On a tout le temps d’aviser »
Nous n’avons pas eu à attendre trop longtemps, puisque le surlendemain en arrivant au bar des sports soigner notre gueule de bois, nous avons trouvé tous les potes de l’usine aux 400 coups. « Les Pelissier se sont entretués cette nuit » On ne parlait plus que de cela dans toute la Croix Rousse, dans tout Lyon, dans toute la France. Cela faisait la une de tous les journaux : « Drame familial à Charbonnières, 4 morts ». J’ai dit à Michel en riant que l’on avait bien fait de garder les deux enveloppes, « puisque le boulot a été fait finalement »
Quelques semaines plus tard, la beauté sans nom est venu me chercher au bar. Elle était très souriante : « Nous n’avions pas envisagé une autre mission ? « Je l’ai pris par le bras pour l’entraîner vers ma chambrette avant qu’elle n’ajoute mutine : « Sans compter que vous êtes riche maintenant ! ! ! »

5 commentaires:

BBK.mel a dit…

La s*** ! Martin, ne te laisse pas avoir par cette fille. C'est une fausse brune, en plus, j'en suis sûre !

Louis a dit…

Non, fausse brune, ça existe ?

Jef a dit…

Des personnages avec une moralité à la Besson ?

Papa de Lili a dit…

Le crime indirect! Etre payé (grassement) pour très peu de travail, Martin ne pouvait mieux réussir son entrée dans le monde... des '' nettoyeurs''!
Sans compter que la blonde et la brune sont finalement passées à la ... casserole!
Beau travail! (Y aurait pas un brin de réalité là-dessous?).
Amitiés.

Francis a dit…

Enfin j'ai eu le temps de lire le "contrat". Chouette d'histoire