vendredi 16 octobre 2009

33. Le contrat 2

2.
J’ai senti son regard sur moi, dés mon entrée au «Beau rivage », un bar drôlement sympa où je ne viens pas assez souvent. Alors, j’ai tourné la tête, et comme dans les films, elle m’a souri en se levant et je me suis dirigé vers elle. Je suppose qu ‘elle est jolie, parce que je n’ai toujours pas quitté ses yeux du regard. Des yeux gris, très foncés. Une merveille. J’avance doucement pour profiter de son sourire le plus longtemps possible. Parce Qu’il ne faut pas rêver, quand une femme comme elle s’intéresse à un type comme moi, il y a toujours une autre raison que le sexe. Et je le regrette amèrement. Surtout que je suis assez près d’elle maintenant pour apprécier son physique de rêve. Je rentre mon ventre dans une ultime tentative de séduction, mais sans conviction. C’est surtout son regard glaçant qui me calme. Cette femme est une femme d’affaire, et une bonne, certainement. Elle m’a contacté par téléphone pour me donner ce rendez-vous nocturne, pour me proposer un travail bien rémunéré. « Monsieur Roussillon ? Martin Roussillon ? » Je hoche la tête sobrement, façon de lui faire comprendre qu’elle a affaire à un grand professionnel, ce qui la laisse de marbre. En attendant notre commande, je la dévisage sans vergogne. Brune aux cheveux courts, grande bouche et pommettes hautes dominées par ce regard impressionnant, elle fait son petit effet. Elle porte des vêtements de classe. De grande classe. Elle dénote un peu parmi nous. Elle est très belle, et elle le sait . Je dois avoir l’air tellement abruti à baver ainsi sur mon coin de table, qu’elle me calme : « On baisera plus tard, si vous y tenez vraiment. Mais avant, j’ai un boulot pour vous » J’attaque ma bière avec ce fin sourire qui a fait de moi la star de la Croix rousse. J’attends ce qu’elle a à me dire, en jouant l’indifférence alors que je n’ai plus un poil de sec. Je m’attache à ne pas trembler. « Je suis mandatée pour vous faire une proposition. Une bonne proposition. Mais avant, j’ai besoin de votre parole. Et attention, l’homme que je représente n’est pas du genre à apprécier la trahison. Réfléchissez avant de répondre. Je plonge mon regard dans son décolleté avant de donner ma parole. Alors elle sourit en levant son verre et en me demandant de la regarder dans les yeux. « Ne vous laissez pas distraire aussi facilement », « Facilement ? Avec une femme comme vous, votre patron a mis le paquet ! » Cette fois, elle rit franchement en me glissant une enveloppe matelassée et en se levant. « L’autre moitié après l’exécution et soyez prudent » elle me fixe par en dessous « J’aimerai continuer à travailler avec vous » Quand elle passe à ma hauteur je lui saisis le poignet. « Et pour votre autre proposition ? » Elle réfléchit une seconde. « La baise ? On en reparlera…Plus tard ! »

Une fois seul je fonce compter le fric dans les toilettes. 500 000 Euros, c’est quelque chose ! Je planque l’enveloppe contre ma poitrine et reviens au comptoir torcher une paire de bière. Puis, je vais m’asseoir au fond du bar à siroter mes verres pour réfléchir tranquillement. L’argent me brûle la peau. Il y a aussi une photo dans l’enveloppe, la photo de notre patron, le père Pelissier, celui qui nous a licencié pour installer ses usines à l’autre bout du monde. On voulait déjà le tuer gratuitement mais là, avec l’enveloppe, c’est parfait. Au téléphone, la femme m’a dit qu’elle était au courant de mes déclarations, et que si ce n’étaient pas des paroles en l’air, elle était prête à me rencontrer. Qu’il y ai encore de nos jours des gens qui croient ce que l’on raconte dans les bars, me laisse toujours rêveur. Il est vrai qu’avec Michel, il ne se passe pas une bière sans que nous n’évoquions l’assassinat de notre patron. Cela soulage, que voulez-vous. En attendant, nous voilà avec du fric plein les fouilles. Je ne reste pas à ruminer seul bien longtemps, puisque Michel me rejoint excité comme une puce. Il sourit ce qui est bon signe, mais refuse de parler avant d’avoir sa conso. Quel trou ce mec. « Alors ? » Il torche sa bière avant de me répondre : « T’avais raison, grâce à la moto j’ai pu la suivre facilement. Quelle beauté, merde ! Elle a retrouvé le type au bar et tu avais encore raison, c’est le frangin Pélissier. Tu te rends compte, assassiner son frère, quelle honte !» Je n’avais aucun mérite dans mes déductions, puisqu’il était de notoriété publique que les deux frères Pelissier se haïssaient. D’où la consigne fondamentale de la jeune femme : « La mort doit sembler naturelle, c’est vital » Les frangins avaient hérité la fortune de leur père et si Pierre notre boss avait le sens des affaires (Installer les usines au Vietnam, le salaud !) Marcel le cadet claquait tout son fric en soirées jet-set et voyages dispendieux. D’où la haine. D’où nous.
« Bon, maintenant qu’est-ce qu’on fait ? »Je me lève et nous retournons nous coller au bar. « Demain nous allons rendre une petite visite à notre ancien patron, il va adorer ! »
Michel dit qu’il va surtout lui casser la gueule, alors moi, je ris en lui recommandant le calme et une autre tournée. (à suivre)

4 commentaires:

Papa de Lili a dit…

Et que fait Léon? Il est camé?... Martin tueur? Pour quelques euros et des yeux gris? Allez j'attends la suite avec impatience...
Amitiés.

Jef a dit…

Cela se corse, le suspense est haletant. La suite, vite...

Louis a dit…

Martin n'a encore pas tué. Il a de l'éthique !!!
Bon, demain soir c'est andouillette avec Michel devant Liverpool-OL. Le bonheur !!!

BBK.mel a dit…

Martin est trop classe pour tuer quelqu'un. J'ai confiance en lui. Je m'en vais lire la suite de ce pas, tellement j'ai confiance.