mardi 25 août 2009

30. L'inauguration.





Voilà, c’est le grand soir. Après un an de travaux et de déboires, « Chez Roger » bar mythique s’il en est, des pentes de la Croix Rousse, réouvre enfin ses portes. En grand.
Vous savez déjà à quel point notre joie de voir enfin revivre ce lieu est ternie par la nouvelle orientation que Roger veut donner à son bar. Et pas qu’à son bar, si j’en juge à sa tenue ce soir au gros. Il s’affiche rayonnant dans un smoking éclatant (qui ne devrait d’ailleurs pas tarder à éclater si vous voulez mon humble avis ) au bras de sa jeune conquête du moment. Une blonde, qui si elle a beaucoup plus de poitrine que Lucien, n’arrive pas à la cheville de son QI. Il aime l’intelligence le gros, faut croire. Il devrait nous adorer, mais ce n’est apparemment pas le cas, à voir l’espèce de grimace qui déforme ses traits déjà bien amochés à l’arrivée de notre petite troupe rigolarde. « Je vous avais dit de venir tôt » nous lance-t-il pour tout salut, alors on ne lui répond même pas qu’il n’est que 21 heures, ce qui est « matinal » pour un bar digne de ce nom. Michel va droit au but : « Il est là le maire ? » et comme le gros commence à balbutier, on lui marche carrément dessus pour pénétrer dans les lieux. On aime pas, mais il faut reconnaître que cela a de la gueule. Il a dû se saigner à mort Roger pour rebâtir. Mais putain, qu’est-ce que c’est frime et froid. Péteux. Tout blanc bien sur, très grand avec une petite estrade. Et un comptoir lumineux fait de verre et de métal. Nous nous précipitons vers cet étrange objet clignotant. (Oui quand je disais, lumineux, cela voulait vraiment dire lumineux.)
Avec ses lueurs vertes ou oranges fluo, ce comptoir n’est pas trop engageant, pourtant la foule s’y presse. Mais pour une fois cela n’est pas notre priorité, d’autant que d’accortes serveuses sillonnent les lieux toutes encombrées de plateaux chargés de coupettes. Nous nous servons tout en balayant l’assistance de nos regards acérés. (Avinés serait un mot plus juste rapport à l’apéro saignant que nous venons de vivre au bar des sports !)
C’est Lucien qui le premier repère le maire en grande discussion dans le fond du bar. Une clameur monte de notre chouette petite troupe tandis que nous nous frayons un chemin au travers de la masse des consommateurs. En approchant, nous atteignons l’orgasme en découvrant que le maire est en grande discussion avec les frères Pelissier (faudra un jour que je vous parle d’eux) les deux pitres qui ont trouvé plus fun d’aller installer leur usine (notre usine, merde !) à l’autre bout du monde. Il n’y a jamais moyen de les rencontrer, ces zouaves, alors vous comprenez mieux notre allégresse. Et c’est peu dire qu’on est jouasse. Le petit groupe discute sérieusement avec Thierry, mon beauf, le peintre qui expose ce soir (et qui pour l’anecdote ne tiens pas l’alcool) Alors nous fonçons sur notre cible à grands coups d’épaules dévastateurs, et c’est le bruit des coupes brisées qui éveille l’attention des intéressés. Le maire, le premier se tourne vers nous sans perdre son sourire de campagne électorale, alors que les frères Pelissier, eux, blanchissent instantanément en nous reconnaissant. Nous allons les atteindre quand deux monstres surgis de nulle part nous bloquent le passage. Ils tentent poliment de nous faire reculer, mais nous ne sommes pas d’humeur. Ils n’en ont cure, alors c’est l’inévitable : La bonne grosse baston des familles. Ca crie, ça tape, ça pleure, ça tape, ça essaye de négocier, ça tape. Le lieux se vide, ça tape, ça tape, ça tape. Michel et moi nous nous retrouvons assis au sol, le dos contre le comptoir, moulus comme si nous venions de passer la nuit dans votre lave linge (programme 4). La blonde à Roger se penche vers nous pour nous tendre une coupe, et sa poitrine en plus. Roger, comme à l’habitude a son air de chien battu. Il répète sans cesse : « Bravo, bravo, ah bravo ! » et Lucien y va de sa connerie du soir : « Vous êtes même pas tellement marqués, c’étaient des pros, les types »
Je jette un œil autour de moi, pour constater qu’il n’y a pas tellement de dégâts. Je fais remarquer à Michel que les toiles de mon beauf n’ont même pas bougées. « On vieillit Martin, on vieillit »

5 commentaires:

Profette a dit…

Mouais, il vieillit, le Martin.
(ça t'apprendra à ne déclamer des mots d'amour qu'à BBK... :-p)

BBK.mel a dit…

Il vieillit, mais il ne s'assagit point ! C'est cool, Martin, reste un anar fonceur et buveur !

Jef a dit…

Ah, l'âge...

Papa de Lili a dit…

Donc c'est le retour du routier! Sacrement chouette de te retrouver, je vais boire mon verre avec plaisir!
Assez bizarre le nouveau bar... Je suis sur pourtant que Martin s'y fera!
Ah! juste un truc. J'ai vu que tu m'avais envoyé un mail, mais il n'est resté affiché que trois seconde avant d'être avalé à tout jamais!
Alors si c'était important, il ne te reste plus qu'à réitérer...
Amitiés.

Francis a dit…

ça m'a fait penser à un stripe que j'avais vu chez un dessinateur que j'aime bien, Jibé :
http://www.sansemploi.com/2009/08/06/com-moins-3

Pour ton histoire, belle ambiance en tout cas !